Pour l'ouverture de la première boutique américaine Forever 21 au Pérou, en septembre, une file de plusieurs centaines de personnes s'étirait à la grandeur du Real Plaza Salaverry, un centre commercial de Lima fraîchement inauguré au coût de 120 millions de dollars américains ($ US). L'époque où les Péruviens allaient magasiner aux puces est révolue.
Si les Québécois vivent à l'heure des achats en ligne, les Péruviens, eux, apprivoisent les centres d'achat. D'ici la fin de l'année, 14 centres commerciaux auront ouvert leurs portes, dont 10 dans la capitale seulement.
Les centres commerciaux, avec leurs marques de prestige et leurs gardiens de sécurité, contrastent avec les étals des marchés publics, paradis de la contrefaçon et des voleurs à la tire où la majorité des consommateurs avaient coutume de faire leurs achats. «La demande intérieure est le moteur de l'économie, et les malles arrivent là où les villes s'étendent, soutient José Antonio Contreras, directeur général d'Open Plaza à Lima et président de l'Association des centres commerciaux et d'amusement du Pérou (ACCEP). Au Pérou, il y a de l'espace pour le développement de nouveaux projets tant dans la capitale qu'en région.»
D'ici 2017, 50 nouveaux projets de grandes surfaces verront le jour, dont plusieurs dans des centres urbains des Andes et de l'Amazonie, estime l'ACCEP dans un document destiné aux investisseurs. Les centres commerciaux du pays comptaient de 32,7 millions de visites mensuelles en 2011. On en prévoyait 51,3 millions en 2014. Leurs ventes brutes devraient quant à elles atteindre les 6,66 milliards de dollars américains (G$ US) cette année, par rapport à 4,45 G$ US en 2011.
L'émergence de la classe moyenne est en bonne partie responsable de cette nouvelle tendance. À l'échelle nationale, cette catégorie socio-économique représentait 32,5 % de la population en 2013, par rapport à 22,5 % en 2005, selon la firme Ipsos. Dans la région métropolitaine de Lima, qui compte 9 millions d'habitants, ce pourcentage a grimpé à 56,9 %.
Cette réalité se reflète dans les données des ventes au détail. En 2013, ce secteur de l'économie avait atteint pour la première fois le cap des 10 G$, une hausse de presque 50 % par rapport à 2010.
Forte demande immobilière
«Certaines barrières nous empêchent de croître plus rapidement, comme le manque de terrains assez vastes, nuance José Antonio Contreras. De plus, leur coût a augmenté.» Selon la Chambre péruvienne de construction, la forte demande immobilière a fait tripler leur valeur dans certains districts de la capitale en trois ans. Le prix des terrains dans ce pays andin reste relativement faible, par rapport aux autres marchés de la région (1,8 $ US/m2) par rapport à 3,75 $ au Brésil et a 2,8 $ en Argentine.
Actuellement, quatre groupes péruviens et chiliens - Interbank, Grupo Falabella, Administradora Panamericana et Centenario - se partagent 58 % des parts du marché. Avec un ratio de 2,9 centres commerciaux par million d'habitants en 2013, M. Contreras croit que ce secteur de l'économie offre plusieurs occasions d'affaires pour des entreprises québécoises qui veulent se tailler une place au Pérou.