Les Québécois ont peut-être réalisé des progrès quant à la planification de leur retraite, mais les dettes restent l’un des principaux obstacles à l’épargne pour les vieux jours. Au point où les cartes de crédit deviennent presque l’ennemi à abattre, à en croire la présidente de Question Retraite.
L’accès aux cartes de crédit «est trop facile», lance Jocelyne Houle-LeSarge, présidente de l’organisme à but non lucratif qui se donne pour mission de sensibiliser les Québécois à l’importance d’assurer sa sécurité financière pour la retraite. Question Retraite a dévoilé jeudi matin un sondage dans le cadre du mois de la planification de la retraite.
Les jeunes, surtout, n’ont pas de difficulté à obtenir des cartes de crédit, et il y a là quelque chose de «malsain», ajoute Mme Houle-LeSarge.
Parmi les 1 800 répondants au sondage, 38 % détenaient un solde impayé sur une carte de crédit, et 42 % étaient dans la même situation face à leur marge de crédit.
Résultat, 58 % des participants à l’étude indiquent que l’épargne vient au second rang dans leurs priorités financières, après avoir consommé selon leurs besoins et envies.
«C’est tellement envahissant, cela peut augmenter très vite avec les taux d’intérêt exigés», déplore Nathalie Madore, directrice de la statistique et de l’analyse quantitative à la Régie des rentes du Québec et responsable du sondage pour Question Retraite.
Si 38 % des Québécois ont un solde impayé sur leur carte de crédit, cette proportion est plus élevée chez les 25 à 34 ans, à 42 %, note-t-elle.
«Il y a moins de chances pour qu’il en reste ensuite pour l’épargne», soutient-elle, en présentant les résultats de l’étude devant les participants au colloque annuel de Question Retraite à Montréal.
Jeunes et ménages à faible revenu, grandes victimes
Jeunes et ménages à faible revenu, grandes victimes
De façon générale, cette problématique affecte surtout les clientèles vulnérables, soit les jeunes ou les ménages à plus faibles revenus, tandis que les plus nantis profitent de sources de financement avec un taux d’intérêt plus faible, comme les marges de crédit. Mais «cela crée une situation ou les gens auront de la difficulté à rembourser», dénonce Mme Madore, et nuira du coup à l’épargne retraite.
En fait, les dettes de cartes de crédit affectent les gens de tous âges quant au fait de détenir un REER et sur le montant de celui-ci, remarque Mme Madore. Ce qui n’est pas le cas pour les prêts hypothécaires, ajoute-t-elle. «Ce n’est pas une mauvaise stratégie de vouloir rembourser ça en premier, à condition de ne pas retomber après.»
«Il faut trouver le moyen de faciliter la démarche de planification de la retraite en la rendant plus attrayante et accessible. Pour que nos jeunes aient le goût de passer à l’action, nous devons les aider aujourd’hui à préparer demain. Il faut les emmener à développer des habitudes d’épargne et à ne pas succomber aux pièges de la consommation. Et c’est une grosse commande», plaide Mme Houle-LeSarge à l’ouverture du colloque.
«Il faut penser à se payer en premier. À la fin du mois, on paye tout le monde, mais il faut se faire un chèque à nous-même», insiste-t-elle.
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