Les fonds communs affichent plusieurs caractéristiques attrayantes : entre autres une gestion professionnelle, une diversification instantanée et des coûts (parfois) raisonnables, mais ils ne sont vraiment pas à leur affaire quand vient la saison des impôts.
Voici pourquoi: la loi canadienne exige que les fonds communs répercutent tous leurs profits (ou leurs gains en capital) et le revenu gagné de leurs placements aux porteurs de parts chaque année. Ceux qui ont investi dans des comptes imposables devront payer des impôts sur ces versements, même s'ils n'ont pas vendu leurs avoirs ou réinvesti leur produit dans le fonds. De manière perverse, il se peut que les nouveaux porteurs de parts doivent des impôts sur les gains que seuls les investisseurs à long terme ont touchés.
Heureusement, il y a des façons de pallier ces inconvénients. Les comptes de retraite à l'abri de l'impôt permettent aux investisseurs de différer (dans le cas des REER) ou de complètement éviter (dans le cas des CELI) l'impôt sur les gains en capital ou les versements de revenu. Ces comptes minimisent la part du fisc, mais les investisseurs n'en font pas toujours le meilleur usage. Beaucoup d'entre eux pensent qu'il suffit de cotiser le maximum autorisé. Toutefois, si vous n'avez pas soigneusement pesé les fonds que vous détenez à l'intérieur et à l'extérieur de ces véhicules, vous ne maximisez probablement pas leurs avantages.
Tirer le meilleur parti de votre REER
Les portefeuilles fiscalement efficients fournissent les rendements les plus élevés possibles en payant le moins d'impôts possible. L'objectif n'est pas d'éviter de payer des impôts (vous pourriez le faire en ne gagnant pas d'argent du tout), mais plutôt de maximiser les rendements nets d'impôt. Plus simplement, cela signifie garder les placements les moins fiscalement efficients dans votre REER ou votre CELI.
Parce que les taux d'imposition sont plus élevés sur le revenu que sur les gains en capital, les placements axés sur le revenu sont des candidats de choix pour les comptes imposables. Parce que la plupart de leurs rendements proviennent du revenu, les fonds obligataires sont généralement les moins efficients fiscalement. Avant impôt, le fonds médian de la catégorie Revenu fixe canadien a eu un rendement de 4,2 % pour la période de 10 ans qui s'est terminée le 31 décembre 2014, mais les investisseurs n'ont emporté que 2,5 % chez eux après impôt. Les impôts ont englouti près de 40 % du revenu des investisseurs avant impôt, et l'inflation a englouti le reste.
La catégorie plus lucrative Revenu fixe à rendement élevé a conduit à des casse-tête fiscaux encore plus importants. Ces dix dernières années, le fonds médian de ce groupe a produit un rendement annualisé de 4,8 %, mais on n'a laissé aux investisseurs dans les comptes imposables que 1,9 %. Après impôts, les investisseurs dans ces fonds ont pris plus de risques et se sont retrouvés un peu plus mal lotis que s'ils avaient acheté un fonds obligataire canadien conventionnel.
Au fait, le fossé entre les rendements avant et après impôt s'appelle le ratio du coût fiscal. On peut trouver cette mesure ainsi que les rendements avant et après impôt sur l'onglet « Fisc. » de tous les rapports fiche-éclair sur Morningstar.ca.
Les fonds d'actions versant des dividendes élevés tendent à être moins efficients fiscalement, bien qu'ils aient eu de bien meilleurs résultats après impôt que les fonds obligataires parce qu'une plus grande partie de leurs rendements provient de l'appréciation du capital. Même ainsi, la catégorie Actions canadiennes de revenu est la catégorie la moins fiscalement efficiente de toutes les catégories de fonds d'actions. Ces dix dernières années, le fonds typique de ce groupe a rapporté 6,9 % par an avant impôt et 4,8 % après impôt : un écart de 2,1 %. Les catégories spécialisées comme l'immobilier peuvent aussi causer des problèmes fiscaux. Les fiducies de placement immobilier (les principaux placements des fonds de l'immobilier), versent presque tous leurs profits sous forme de revenus aux actionnaires. C'est également le cas des actions privilégiées, dont les distributions sont traitées comme un revenu en dividendes, qui est imposé à un taux inférieur aux intérêts, mais le fisc prélève tout de même sa part. De fait, la catégorie Revenu fixe d'actions privilégiées se classe avant-dernière en termes d'efficience fiscale après Revenu fixe à rendement élevé.
Même si les gains en capital sont imposés à un taux inférieur, ils peuvent tout de même causer des problèmes fiscaux. Chaque fois qu'un fonds vend un avoir et en tire un gain, cela déclenche un événement imposable. Les fonds qui ont des stratégies de détention à long terme ont des ventes moins fréquentes, et ils génèrent donc moins de gains. En revanche, les fonds à rotation élevée achètent et vendent fréquemment, ce qui peut conduire à des tas de gains imposables. Il n'y a pas de corrélation parfaite entre la rotation et l'efficience fiscale. Un fonds à rotation faible qui est très axé sur le revenu n'aura probablement pas une grande efficience fiscale. Mais s'il connaît une rotation assez élevée (plus de 100 %) et s'il y a un grand fossé entre les rendements avant et après impôt, c'est un candidat probable à un compte libre d'impôt.
Ne mettons pas la charrue avant les bœufs
Avoir un portefeuille qui s'intègre à vos objectifs financiers et votre tolérance au risque aura un impact plus profond sur votre succès futur que les impôts. Une fois que vous aurez constitué une liste de placements qui en valent potentiellement la peine et qui correspondent à votre plan financier, voyez donc comment ils s'intègrent à votre portefeuille du point de vue fiscal.
Au fait, je n'essaie pas de vous dissuader de détenir des fonds qui ont une bonne efficience fiscale dans un compte à l'abri de l'impôt. Les jeunes investisseurs, par exemple, n'investiront pas trop dans des placements axés sur le revenu, mais leurs portefeuilles bénéficieront quand même énormément de décennies de croissance libres d'impôt.
Nos fonds préférés pour les comptes libres d'impôt
Nos fonds préférés pour les comptes libres d'impôt
Certains des fonds préférés de Morningstar, ceux qui sont cotés Or, Argent ou Bronze, ne conviennent pas particulièrement aux comptes imposables. Voici un échantillonnage de fonds dont les mérites de placement sont solides, mais vous feriez peut-être bien de les conserver dans un compte à l'abri de l'impôt.
Fonds de valeur nord-américain RBC Voici un cas où une rotation élevée a vraisemblablement eu des conséquences fiscales défavorables. La rotation de ce fonds au cours de la plus récente période considérée a été de 139 %, ce qui équivaut à échanger le portefeuille tout entier près d'une fois et demie en une seule année. (La rotation est allée jusqu'à 236 % sous les gestionnaires Stu Kedwell et Doug Raymond.) Ce n'est pas que MM. Raymond et Kedwell soient constamment en train de refaire leur portefeuille; d'après leurs critères d'évaluation, ils ne cessent de tailler les gagnants et d'étoffer les traînards. Leur préférence pour les sociétés de qualité qui ont des rendements élevés sur le capital investi, ainsi qu'une construction de portefeuille intelligente, ont contribué à une volatilité au-dessous de la moyenne de ses pairs. Avec des rendements à long terme solides, ce fonds a un des meilleurs profils risque/rendement dans la catégorie Actions en majorité canadiennes. La souplesse de son mandat lui permet d'investir au Canada comme aux États-Unis, ce qui met à contribution les points forts de la gestion.
Fonds de revenu canadien Sentry L'historique à long terme de ce fonds est si solide avant impôts qu'il bat toujours haut la main, après impôts, la plupart des fonds de la catégorie Actions canadiennes de revenu. D'accord, les 10 années éblouissantes de ce fonds sont partiellement dues à l'accent qu'il mettait sur les fiducies de revenu, qui ont perdu leur statut fiscalement avantageux en 2006. Ce fonds détenait aussi une plus grosse proportion de PME avant qu'une énorme croissance des actifs les ait rendus plus difficiles d'accès. Néanmoins, les gestionnaires Michael Simpson et Aubrey Hearn ont continué à avoir de bons résultats sous son mandat actuel de revenu, et leurs succès ont été effectifs d'un bout à l'autre de l'éventail de la capitalisation boursière. Leur approche agnostique par rapport à l'indice leur permet de se distinguer, et ils n'ont jamais failli dans leur approche centrée sur les flux de trésorerie. Toutefois, l'accent qu'il met sur les sociétés à dividendes peut rendre ce fonds moins convenable aux comptes imposables.
Fonds d'obligations à rendement global PH&N Ce produit coté Or jouit d'une des équipes de gestionnaires obligataires les plus chevronnées au Canada. Ce n'est pas pour rien que cette équipe s'est vue décerner le Prix Morningstar du Gestionnaire de l'année à deux reprises, y compris en 2014. Son succès s'est inscrit dans le long terme, et ce fonds a battu 90 % de ses pairs de la catégorie Revenu fixe canadien ces dix dernières années. Plus important encore, la source de ces rendements demeure en place. Outre la continuité de sa gestion, le fonds bénéficie de ressources techniques supérieures; le logiciel BondLab de PH&N permet à l'équipe de façonner un portefeuille en fonction du profil de risque désiré et d'anticiper l'impact de toute transaction. Les outils de construction de portefeuille que contient le logiciel aide les gestionnaires à limiter l'impact d'erreurs possibles, par exemple la détention de noms en difficulté comme Lehman Brothers en 2008. Les frais ont une importance capitale dans l'arène obligataire, et ce fonds possède un avantage notable par rapport à ses pairs dans le domaine des frais. Une partie de ce fonds est gérée par l'équipe à haut rendement de PH&N, qui gère le Fonds d'obligations à rendement élevé PH&N. Pour les investisseurs qui cherchent une participation à haut rendement dans un compte à l'abri de l'impôt, l'équipe de recherche sur le crédit de premier ordre de ce fonds et son prix raisonnable en font aussi un choix excellent.
Fonds mondial d'obligations Templeton Bien que ce fonds ait produit d'excellents rendements après impôt par rapport à ses pairs de la catégorie Revenu fixe mondial, l'écart de 1,8 % entre ses rendements avant et après impôt signifie que les investisseurs dans les comptes imposables n'ont pas été récompensés avec autant de largesse. Là aussi, ce n'est pas une critique de la stratégie de ce fonds. Le gestionnaire Michael Hasenstab qui, de concert avec sa co-gestionnaire Sonal Desai, ont gagné le Prix Morningstar du gestionnaire obligataire de l'année en 2013, ont favorisé de façon disproportionnée les créances des marchés émergents, qui produisent des flux de revenus solides. Les marchés émergents peuvent à l'occasion donner des frayeurs, mais M. Hasenstab et Mme Desai se concentrent sur les marchés dont les données fondamentales sont saines et qui s'améliorent. Une approche anticonformiste à long terme permet à l'équipe d'obtenir de bons prix. Les gestionnaires se sont aussi adonnés aux mises sur les devises, comme ce fut le cas l'année dernière avec le yen japonais. Il peut être difficile de s'en tirer avec toutes ces variables, mais les gestionnaires tirent profit d'une vaste équipe d'analystes et d'une analyse du risque de haute volée. Ce fonds est une bien meilleure affaire pour ceux qui investissent auprès de conseillers rémunérés sur honoraires, Franklin Templeton ayant réduit le RFG de la série F à un taux raisonnable de 1,08 %. Le RFG de 2,19 % de la série A est parmi les plus élevés de la catégorie, ce qui en fait un choix moins attrayant dans le réseau des conseillers rémunérés par commissions.