Les investisseurs ont été trop sévères avec la zone euro et ils commencent à s’en rendre compte, croit Philippe Ithurbide, directeur de la recherche chez Amundi à Paris, rencontré lors d’un passage à Montréal.
En 2011 et 2012, on a dit bien des « âneries » sur l’économie européenne, déplore le gestionnaire français, qui a travaillé à la Caisse de dépôt durant la deuxième moitié des années 2000. « Rappelez-vous en 2012, ce qu’on racontait dans le marché, affirme-t-il. La Grèce va faire défaut, les Allemands vont jeter la serviette, les banques vont faire faillite, la zone euro va exploser. Or, vous savez quel marché a été le plus performant en 2012 : la zone euro. »
En 2012, l’indice MSCI de la zone euro a progressé de 20,6%, juste derrière le MSCI du Japon à 21,8%. Toujours l’an dernier, le marché américain, souvent le favori de la presse financière, a connu un rendement solide, mais moins élevé. Le MSCI États-Unis a fait 16,1%.
M. Ithurbide reconnaît que les Européens vivent des difficultés, mais celles-ci doivent être relativisées. « Je ne dis pas que ce n’est pas justifié, mais c’est exagéré, nuance-t-il. Il a fallu 74 rehaussements du plafond de la dette aux États-Unis avant qu’on se demande s’il y avait un problème de gouvernance. En Europe, le premier, ça nous est tombé sur la tête. »
L’an dernier, les investisseurs ont « fortement » sous-pondéré leur position dans la zone euro. « Les gens se rendent compte que ce n’était pas très raisonnable de sous-pondérer ce marché, ajoute-t-il. Les actions européennes sont encore peu chères par rapport aux américaines. »
Les sociétés européennes devront attendre d’autres bonnes nouvelles avant de pouvoir compter sur un deuxième élan, estime cependant M. Ithurbide. « On regarde beaucoup tout ce qui est indicateur dans le crédit que ce soit aux entreprises ou aux consommateurs, explique-t-il. Il faut que les entreprises et les ménages soient prêts à emprunter. Et, on regarde aussi les indicateurs économiques de l’Espagne. »