Les enfants croient que l'argent pousse dans les arbres. Comment les faire revenir sur terre ?
Petits, ils demandent des bonbons, des jouets et des céréales sucrées. Plus grands, ils veulent toujours des bonbons, mais aussi des gadgets électroniques, des cellulaires, des ordinateurs portables, des vêtements griffés, des équipements de sport qui coûtent la peau des fesses... Sans compter le voyage en Europe avec l'école. Pas étonnant : les jeunes sont bombardés de discours publicitaires qui incitent à la surconsommation, et cela, dès la petite enfance. Et il ne faut pas compter sur l'école pour faire leur éducation financière, car le cours d'économie du secondaire 5 a été aboli en 2009. Cette responsabilité nous revient à nous, les parents. Quelques conseils :
1-Commencez tôt. Vers trois ou quatre ans, l'enfant ressent ses premiers désirs matériels. C'est le moment de lui enseigner le lien entre les biens et l'argent : «Il faut des sous pour acheter ceci ou cela», «Je sais que tu aimerais avoir cette poupée, mais je ne veux pas dépenser de l'argent pour cela maintenant», etc. «Faites-lui comprendre que les choses ne sont pas gratuites, résume Stéphanie Paquin, conseillère budgétaire à l'ACEF de l'Est de Montréal. Mais ne lui dites pas que vous n'aurez plus d'argent pour la nourriture ou le loyer si vous lui achetez le jouet dont il a envie. Il ressentirait alors de l'insécurité.»
2Faites-lui manipuler de l'argent. «Nous payons tout avec des cartes, constate Stéphanie Paquin. Les enfants ne voient plus leurs parents manipuler de l'argent.» Et chacun sait que les cartes, c'est abstrait... même pour les adultes. Alors, dès l'âge de cinq ans, laissez votre enfant manipuler des pièces de monnaie et des billets de banque, et apprenez-lui à les différencier. Par exemple, demandez-lui combien de pièces de cinq cents ou de 25 cents il faut pour obtenir un ou deux dollars. De plus, expliquez-lui que les guichets automatiques ne donnent pas de l'argent comme par magie. Dites-lui qu'il faut d'abord gagner cet argent en travaillant et le déposer ensuite (pour l'aider à comprendre, comparez les guichets à de grosses tirelires).
3-Apprenez-lui à faire de bons choix. Nous ne pouvons pas tout acheter (du moins, le commun des mortels). Très jeune, l'enfant doit comprendre qu'il faut parfois choisir - et assumer ensuite sa décision. «Quand vous l'emmenez au magasin, expliquez-lui ce que «faire des choix» veut dire, et enseignez-lui à s'imposer des limites», conseille Stéphanie Paquin.
4-Utilisez l'argent de poche pour l'initier à l'épargne. Donnez-lui son allocation en différentes coupures et encouragez-le à en déposer une partie dans son compte d'épargne. Incitez-le à se fixer des objectifs. Par exemple, s'il désire un nouveau jeu vidéo, suggérez-lui de mettre chaque semaine un montant de côté pour le payer (en tout ou en partie). C'est ainsi que votre héritier apprendra la valeur de l'argent et prendra des habitudes d'épargne. Il comprendra notamment que, s'il dépense tous ses revenus en sorties et en friandises, il ne parviendra jamais à financer ses projets plus ambitieux. Il dépense tout et demande une avance sur la semaine suivante ? Le mieux, c'est de le faire attendre. Si vous acceptez, précisez qu'il s'agit d'une exception.
5-Faites-le contribuer à ses achats. «Les parents ont pour responsabilité de répondre aux besoins de leurs enfants, pas à leurs désirs», souligne Stéphanie Paquin. La conseillère budgétaire suggère de faire payer aux ados une partie de leurs achats. Fiston a besoin de jeans ? Donnez-lui 50 $, mais s'il veut des jeans griffés, il devra payer la différence. Il apprendra à faire des choix, et «il constatera que payer avec son propre argent fait souvent un peu plus mal», dit la conseillère budgétaire. Ce qui l'incitera éventuellement à faire des achats plus avisés. Vous avez les moyens de lui offrir la lune ? Exigez tout de même une participation financière de sa part, car vous lui rendrez un grand service en le responsabilisant. Au contraire, si vous lui donnez tout ce qu'il veut, vous ne le préparez pas à la vraie vie. Informez-le aussi du montant de certaines dépenses : la nourriture, c'est tant par semaine, l'hypothèque, c'est tant, etc. «De nombreux jeunes n'ont aucune idée du coût de la vie», ajoute Stéphanie Paquin.
•LE WEB À LA RESCOUSSE
-Les enfants de 6 à 12 ans peuvent apprendre les rudiments de la gestion des finances personnelles grâce au jeu éducatif en ligne l'Aventure de l'épargne, une initiative de la Banque Nationale du Canada ; jecomprends.ca/ekominiville
-Le Bureau du surintendant des faillites Canada offre sur son site des guides financiers instructifs destinés aux enfants et aux adolescents de 5 à 15 ans. Cliquez sur l'onglet «Publications» pour les télécharger; bsf.ic.gc.ca
-Les sites ci-après permettent aux ados d'acquérir des connaissances de base en finance : votreargent.cba.ca (Association des banquiers canadiens), tesaffaires.com (Autorité des marchés financiers), themoneybelt.gc.ca (Agence de la consommation en matière financière du Canada) et danslamargejusquaucou.com (Coalition des associations de consommateurs du Québec).
•COMBIEN D'ARGENT DE POCHE PAR SEMAINE ?
Le tiers des parents québécois en donnent.
Voici combien.
37 % versent 10 $
37 % de 11 $ à 30 $
23 % de 31 $ à 60 $
3 % 60 $ et +