Série Intelligence nordique - Série 2 de 5
Les Affaires vous fait découvrir cinq villes du nord de l'Europe qui se démarquent en matière d'utilisation des technologies. Le Québec, tout aussi nordique, pourrait s'en inspirer.
Cliquez ici pour consulter notre dossier sur les villes intelligentes
Stockholm, en Suède, était déjà l'une des métropoles les plus vertes du monde en 2009. Pourtant, la Ville de Stockholm a décidé de transformer ce qui aurait pu être un bête projet immobilier en un laboratoire où les dernières technologies vertes seraient mises à l'essai.
Le Stockholm Royal Seaport, un ancien secteur industriel en pleine revitalisation, offre ainsi bien davantage que des appartements modernes destinés à la classe moyenne suédoise. Pour les chercheurs et les entreprises, c'est ni plus ni moins qu'une fenêtre sur le futur des villes intelligentes. «Nous voulions que le projet permette à l'industrie et aux universités de mettre à l'essai de nouvelles technologies et de nouvelles manières de faire des affaires», souligne Staffan Ingvarsson, directeur général adjoint de la Ville de Stockholm.
La Ville, qui possédait la plupart des terrains du secteur, a ainsi décidé d'imposer aux promoteurs immobiliers des objectifs d'efficacité énergétique très contraignants. Les nouveaux bâtiments érigés dans le quartier doivent ainsi se limiter à consommer 55 kilowattheures par mètre carré par année, une consommation trois fois moins élevée que la moyenne à Stockholm.
«Les promoteurs sont libres d'utiliser les technologies qu'ils veulent, mais ils doivent se conformer à nos exigences d'efficacité énergétique», explique Staffan Ingvarsson. Tout en fournissant un certain cadre, la Ville s'est bien gardée de faire des choix technologiques dans ce dossier. À la place, elle a mis sur pied l'organisme Stockholm Royal Seaport Innovation, un centre où les universités, les développeurs immobiliers et les entreprises technos collaborent pour peaufiner les technologies de demain.
Cliquez ici pour consulter notre dossier sur les villes intelligentes
Des bases solides
La plupart des bâtiments de Stockholm sont reliés à un système de chauffage centralisé qui fonctionne grâce au pompage d'eau chaude dans un réseau de tuyaux. Souvent, l'eau est chauffée grâce à un incinérateur de déchets, l'enfouissement de déchets ayant pratiquement été aboli en Suède. En effet, moins de 1 % des déchets suédois sont enfouis, 99 % des déchets y étant recyclé ou incinérés.
Du point de vue de l'électricité, une grande proportion des immeubles sont équipés de compteurs intelligents. Le marché de l'électricité ayant été déréglementé, plusieurs fournisseurs d'électricité se concurrencent sur le marché, et la tarification dynamique, qui permet aux fournisseurs de modifier leurs prix en temps réel, est monnaie courante. Ainsi, les prix montent en période de pic d'utilisation, de sorte que les consommateurs peuvent modifier leur comportement en fonction du coût réel de l'électricité.
C'est ainsi sur des bases solides que le Stockholm Royal Seaport Innovation tente de repousser les frontières de ce à quoi ressemblera la ville verte de demain. Entre autres choses, le nouveau quartier sera doté d'un système de collecte pneumatique de déchets et de matériaux recyclables. Le système évitera à la Ville de devoir envoyer des camions de collecte dans le nouveau quartier, mais lui permettra également de colliger des données en temps réel sur les rebuts.
Parmi les innovations qui seront mises à l'essai, l'introduction de machines à laver intelligentes est digne de mention. Le projet-pilote du géant de l'énergie finlandais Fortum débutera en 2015 avec 150 machines.
Une fois remplies, ces machines à laver se déclencheront au moment optimal du point de vue de la production d'électricité, à l'intérieur d'une période préétablie. «L'électricité que nous fournissons provient de l'hydroélectricité le jour, mais la nuit, la demande n'est pas assez grande pour faire tourner nos turbines. Nous importons donc de l'énergie fossile d'Allemagne, explique Johan Ander, responsable des programmes de villes intelligentes chez Fortum. En faisant partir les machines à laver la nuit, par exemple, on pourrait créer une demande suffisante pour générer de l'hydroélectricité la nuit.»
Cliquez ici pour consulter notre dossier sur les villes intelligentes
Données en temps réel
Les technologies déployées dans le Stockholm Royal Seaport, même si elles servent différents objectifs, ont en commun de générer des données. Le Royal Institute of Technology, qu'on pourrait qualifier de MIT suédois, s'est vu confier le mandat de réunir et d'interpréter ces dernières. Elle a ainsi développé une plateforme baptisée Smart City SRS mesurant en temps réel l'empreinte environnementale de chaque immeuble, de la consommation d'eau à celle d'énergie, en passant par la production de déchets.
«La Ville, plutôt que de déterminer si elle a atteint ses objectifs en matière d'émission de gaz à effet de serre au cours des 10 à 15 dernières années, pourra déterminer si ses objectifs ont été atteints durant la matinée», explique Hossein Shahrokni, doctorant au Royal Institute of Technology et gestionnaire du projet. La plateforme ne dispose que des données du Stockholm Royal Seaport, mais deux autres arrondissements de Stockholm devraient y ajouter les leurs sous peu.
Pour l'instant, le Stockholm Royal Seaport ne compte que 200 résidents, mais à terme, le quartier devrait accueillir 12 000 appartements et assez de locaux de bureaux pour accueillir 35 000 travailleurs. De plus, les résidents s'investissent dans le processus d'innovation, de manière à éviter de créer un quartier intelligent sur papier qui ne passe pas le test de la réalité.
«Le Royal Seaport est un mélange de l'approche par le haut et de celle par le bas, dans la mesure où ce n'est pas un projet qui est contrôlé par une poignée de bureaucrates, explique Hossein Shahrokni. La dernière chose que l'on veut, c'est de créer une ville évoquant Big Brother.»
993 000 - Chaque mois, quelque 993 000 kilogrammes de déchets de table sont recyclés à Stockholm. Plutôt que d’être enfouis, ces rebuts sont transformés en 115 000 m3 de carburant.
Source : sweden.se
50 000 - Le réseau de chaleur de Stockholm, qui consiste en un réseau de tuyaux dans lequel on pompe de l’eau chaude en hiver, permet de climatiser des bâtiments l’été. On y pompe alors de l’eau froide, ce qui réduit les émissions de la ville de 50 000 tonnes de CO 2 par année.
Source : Ville de Stockholm
Cliquez ici pour consulter notre dossier sur les villes intelligentes