Bonne nouvelle : l'importance relative du secteur manufacturier dans l'économie québécoise aurait cessé de diminuer. Même qu'on aurait assisté à une «légère remontée» en 2014, selon la sixième édition du Baromètre industriel québécois, publiée le 5 mai par Sous-Traitance Industrielle Québec (STIQ). «Ce n'est pas une embellie extraordinaire, car la majorité des indicateurs reste assez stable», précise Richard Blanchet, pdg de cette association d'entreprises et de clients qui vise à améliorer la compétitivité des chaînes d'approvisionnement manufacturières du Québec.
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Quelque 400 PME sont sondées annuellement pour produire ce portrait du secteur, qui souligne que 53 % des entreprises répondantes ont réussi à faire croître leur chiffre d'affaires d'au moins 5 % en 2014. «Ce qui est particulier cette année, c'est que nous avons croisé des données entre les questions, explique Richard Blanchet. Cela nous a permis de constater que les entreprises qui investissent plus de 5 % de leur chiffre d'affaires en achat d'équipement et en recherche et développement affichent une bien meilleure performance que celles qui y investissent moins de 2 %.»
Même constat pour les PME qui ont réalisé une planification stratégique au cours des trois dernières années, par rapport à celles qui ne l'ont pas fait.
«Le Baromètre nous fournit de nombreuses données pour appuyer ce que nous prônons, c'est-à-dire que les bonnes pratiques d'affaires ont des résultats concrets», dit M. Blanchet. Le document de 24 pages, offert en ligne (stiq.com), regorge également de nombreux témoignages d'entrepreneurs.
Le recrutement pose problème
STIQ ne conclut cependant pas que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Les indicateurs concernant le renouvellement de la clientèle, le recrutement et la rétention de personnel spécialisé sont en recul. Ainsi, 74 % des répondants au Baromètre considèrent comme très ou assez important le problème de recrutement de la main-d'oeuvre spécialisée. La moitié d'entre eux (50 %) a aussi éprouvé des difficultés très ou assez importantes à conserver ses employés spécialisés en 2014.
«Plus la main-d'oeuvre qu'on recherche est qualifiée, plus elle est rare», dit Steve Bissonnette, président de Diacarb, un atelier d'usinage montréalais qui fabrique de petits composants complexes.
«Les métiers de notre secteur n'ont pas toujours été valorisés et c'est dommage, car il y en a beaucoup où le taux de placement frise les 100 %, poursuit-il. Par contre, les entreprises doivent créer des programmes intéressants pour attirer les jeunes et être capables de les retenir.»
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La relocalisation, une nouvelle tendance
Parfois, les difficultés de recrutement sont causées par l'absence de formation. «Il n'y a pas de formation en fabrication de moules au Québec. Nous avons donc dû créer un programme usine-école pour combler notre manque d'employés», dit Daniel Bourgeois, vice-président, opération, de Mega Brands, qui fabrique les jouets Mega Bloks.
Un tel besoin de main-d'oeuvre découle d'une nouvelle tendance dans le secteur manufacturier : la relocalisation (reshoring) d'une part de sa production de la Chine vers le Québec. «Nos clients commandent de plus en plus tard en vue de Noël, et la production en Chine nous obligeait à calculer un délai de sept semaines pour la livraison. En 2011, nous avons donc décidé de rapatrier à l'usine de Montréal les produits à haut volume que nous pouvions automatiser», explique M. Bourgeois.
Quatre ans et 35 millions de dollars d'investissement en automatisation plus tard, la part québécoise de la production de Mega Brands est passée de 20 à 60 %, sa plage de production a été prolongée de presque deux mois par an et le coût de certains jouets a été réduit de 30 à 50 %. Par contre, l'entreprise n'entend pas rapatrier toute sa production dans la métropole, car 95 % de celle-ci est exportée. Et son cas est représentatif ; selon Industrie Canada, 92,6 % de la valeur totale des exportations québécoises en 2014 provenaient du secteur manufacturier.
Le développement des marchés étrangers est d'ailleurs l'un des nombreux défis qui attendent les PME manufacturières au cours des prochaines années, tout comme l'établissement de partenariats avec des fournisseurs et sous-traitants ainsi que la recherche de nouveaux clients.
«Nos conseillers remarquent que les PME qui sont efficaces, bien organisées, qui se diversifient et font des efforts pour s'améliorer réussissent et sont optimistes», indique Michelle Vyboh, coordonnatrice des communications de STIQ.
Steve Bissonnette confirme : «Les ateliers d'usinage qui sont structurés et qui ont de bons procédés de fabrication ont de l'ouvrage en masse !»
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