Phillips Lumec s'est donné une cible majeure : que chaque nouvelle génération de produits consomme au moins 10 % d'énergie de moins que la précédente.
Il n'en a pas toujours été ainsi. " Il y a quelques années, nos lampadaires étaient critiqués par des groupes de pression qui les décrivaient comme une source de pollution lumineuse. Nous les avons écoutés et nous sommes retournés à la table à dessin. Ces activistes sont maintenant nos meilleurs vendeurs ", dit Jean-François Simard, président de Phillips Lumec, une entreprise de 230 employés de Boisbriand.
En fait, les relations sont devenues si bonnes avec ces groupes de pression que M. Simard siège au conseil d'administration d'un d'entre eux, l'International Dark-Sky Association.
Les dirigeants de ce fabricant de lampadaires sont convaincus que la croissance passent par l'innovation environnementale. " Si nous n'avions pas pris un tournant vert, nos concurrents l'auraient fait avant nous ", affirme M. Simard.
Un contexte parfait
Pourquoi ce tournant ? Parce que les citoyens souhaitent vivre dans des environnements sains, les jeunes réclament des produits verts et que les administrations municipales veulent réduire les coûts. Une combinaison parfaite pour la mise au point de lampadaires qui consomment moins d'énergie, grâce aux ampoules à diode électroluminescente (DEL, ou LED en anglais), et qui, surtout, évitent la " pollution lumineuse " en orientant la lumière vers le sol plutôt que vers le ciel.C'est pourquoi, depuis 2007, Lumec a incorporé des critères environnementaux dans son processus de création de produits. Par exemple, avant de dessiner un nouveau produit, l'équipe tiendra compte de la nécessité de le recycler une fois sa vie utile atteinte, de réduire son poids le plus possible et de diminuer le volume de son emballage, sans oublier de minimiser sa consommation d'énergie. Les outils logiciels spécialisés sont un moyen efficace pour y arriver.
Selon Jonathan Hardy, chargé de projet et responsable du comité vert de l'entreprise, un logiciel de type remue-méninges permet de gérer les idées des diverses personnes engagées dans le processus d'idéation. Par exemple, le logiciel prendra note des suggestions visant à réduire l'impact environnemental de la fabrication du produit. Puis, un logiciel de simulation validera ou invalidera des scénarios ou des concepts. " À cette étape, nous nous ajustons. Par exemple, nous étudierons l'impact environnemental du remplacement d'une composante faite d'aluminium par une composante en plastique ", illustre M. Hardy. En dernier lieu, un logiciel calculera l'impact environnemental de chaque composant de l'objet à fabriquer.
" Partez la machine "
" N'attendez pas d'avoir la recette magique pour entreprendre une démarche verte. Partez la machine et faites confiance à vos troupes ", dit Jean-François Simard. En entreprise, les gens ont beaucoup d'idées et ils les exprimeront si le contexte s'y prête, explique ce designer industriel de métier. Et afin de convaincre les employés du sérieux de la chose, rien ne vaut la nomination d'un " champion " du développement durable ayant de vrais pouvoirs décisionnels. " Le président du comité du comité vert, Jonathan Hardy, pourrait aller jusqu'à fermer l'usine s'il le jugeait nécessaire ", affirme M. Simard.