La MRC de l'Assomption se remet lentement d'un coup dur : la fermeture de l'usine Electrolux en juillet 2014. Au total, près de 1 300 travailleurs ont perdu leur emploi. Le tiers des emplois manufacturiers de la MRC partaient alors en fumée.
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En ce moment, la région achève une première phase de sa reconversion industrielle, soit l'évaluation des axes potentiels pour mieux relancer son économie. On est à établir un plan de mise en oeuvre d'une vision stratégique à long terme. En 2013, le gouvernement du Québec avait octroyé 600 000 $ à la région pour soutenir des initiatives de relance.
«Plusieurs travaux préparatoires devaient être réalisés, explique Olivier Goyet, directeur général du centre local de développement (CLD) de la MRC de L'Assomption. Pour être franc, ça ne fait pas longtemps qu'on vient de terminer les différentes évaluations du territoire pour voir comment on allait se déployer dans le futur.»
La région fait face à un défi inhabituel : contrairement aux autres MRC de la couronne métropolitaine, elle possède peu de terrains disponibles pour faire du développement. «La réponse naturelle à une perte économique de la nature d'Electrolux, c'est de chercher à attirer des investissements [industriels] pour créer des emplois, explique Olivier Goyet. Dans notre cas, on ne peut pas aller de ce côté, parce que notre territoire n'a plus de capacité d'accueil.»
Créer 1 000 emplois d'ici cinq ans
La MRC aimerait bien voir les quelque 700 000 pieds carrés de l'ancienne usine Electrolux retrouver une vocation économique. Mais au CLD, on indique qu'il y a peu de collaboration de la part de la multinationale suédoise, toujours propriétaire des lieux. Même s'il y avait un déblocage dans ce dossier, le périmètre à vocation industrielle demeurerait restreint.
La MRC poursuit toujours son objectif de créer 1 000 emplois d'ici cinq ans. Elle a donc amorcé une démarche par laquelle la reconversion industrielle de la région passerait par une utilisation optimale de l'espace et un développement des entreprises établies.
«À partir du moment où tu ne peux pas attirer de nouveaux acteurs, comment peux-tu aider ceux qui sont sur le territoire à créer de l'emploi ? C'est vraiment par le développement des entreprises qui sont déjà établies sur notre territoire qu'on va y arriver», explique M. Goyet.
Environ 500 entreprises ont été sondées pour que la MRC puisse connaître les projets qui dormaient dans leurs tiroirs et vérifier si certains d'entre eux seraient susceptibles de créer des emplois. «À partir du moment où l'on a trouvé ces joueurs, on oeuvre à faire en sorte que leurs projets se réalisent», ajoute M. Goyet.
À la suite des différentes études menées par le CLD, la création de deux pôles a été déterminée pour l'avenir de la région : les biotechnologies et les technologies de l'information et des télécommunications (TIC). Ces deux secteurs permettent de contourner le problème de l'espace disponible, car leurs activités nécessitent des superficies réduites.
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Dans le créneau des biotechnologies, la MRC estime posséder un avantage concurrentiel, puisque 70 % de son territoire est agricole. Le Carrefour industriel et expérimental de Lanaudière (CIEL) a développé une expertise dans le domaine. Fondé en 1997, ce centre de recherche a pour mandat d'accueillir des entreprises en démarrage dans le secteur des bioproduits végétaux, afin de diversifier l'économie de la région.
«Notre projet s'inscrit plutôt dans une démarche à long terme, qui est commencée depuis longtemps, précise Pierre Lafontaine, directeur général du CIEL. Ce qui a changé, c'est peut-être le regard de la région et de la MRC sur nos activités.» Le hic, c'est que le CIEL, victime de son succès, occupe déjà la presque totalité de ses installations.
Dans son plan de relance, la MRC compte doter le CIEL de locaux plus vastes et d'infrastructures de recherche à la fine pointe pour inciter des entreprises à venir s'y installer. Jusqu'à maintenant, «cela s'est traduit par des investissements pour réaliser des plans d'affaires, des études de marché et des études de faisabilité, afin d'évaluer les besoins physiques et financiers. Le dossier a beaucoup avancé», indique Pierre Lafontaine.
Marketing expérientiel
Quant à l'autre domaine d'activité privilégié par la MRC, les TIC, «il y a un potentiel d'embauche énorme», juge Jean-Philippe Laforge, fondateur de l'entreprise Beehivr, spécialisée dans la création d'applications interactives pour tablette. En 2013, il a décidé de démarrer ses activités à Repentigny en raison du bassin de main-d'oeuvre disponible.
«La plupart de nos développeurs sont des gens qui habitent en périphérie et qui auparavant allaient travailler au centre-ville de Montréal chaque jour, explique-t-il. Ce qui est vraiment important dans notre créneau, c'est d'embaucher de la main-d'oeuvre de qualité. On se rend compte qu'il y a un beau potentiel ici, car on leur propose une meilleure qualité de vie.»
Le 7 avril dernier, la préfète de la MRC de L'Assomption et mairesse de Repentigny, Chantal Deschamps, a annoncé devant la Chambre de commerce de la MRC qu'elle concentrera ses efforts sur le créneau du «marketing expérientiel» à l'intérieur des TIC. Une bonne idée, croit Jean-Philippe Laforge : «C'est important de viser un créneau plus précis plutôt que de rester trop large et de rater la cible, parce que Montréal occupe toutes les sphères en TIC.»
Au-delà des pôles d'activité ciblés, la MRC désire voir sur son territoire la mise en place d'un centre de service aux entreprises en design industriel. «C'est une initiative qui est en voie de réalisation au moment où l'on se parle», dit Olivier Goyet au CLD.
Pour concrétiser ce projet, la MRC avait fait des représentations auprès du gouvernement du Québec pour que ce dernier donne le feu vert à la création d'un centre collégial de transfert technologique au Cégep régional de Lanaudière, à Terrebonne, ce qui s'est concrétisé le 11 novembre dernier. Reste à voir comment l'évaluation des besoins et les analyses de marché réalisées par le CLD se matérialiseront.
«On arrive à l'étape de convertir le papier en argent et en levier», dit M. Goyet.
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