Planifier sa retraite passe inévitablement par une analyse de son passif et de son actif. Au-delà de cette tâche incontournable, le futur retraité doit tenir compte de son emploi. C'est notamment le cas des professionnels. Quelques astuces leur permettront d'économiser beaucoup d'argent pendant leur carrière, qu'ils pourront faire fructifier en vue de la retraite.
L'incorporation
Plusieurs professionnels québécois peuvent maintenant s'incorporer. Il s'agit d'une voie intéressante pour ceux qui ont la capacité d'épargner au-delà du REER et du CELI.
" La croyance populaire veut que l'incorporation soit intéressante lorsque l'épargne excédentaire est de 50 000 $ ou plus, souligne Robert Comtois, représentant en épargne collective pour les Fonds d'investissement FMOQ. En raison du fractionnement de revenu cependant, un professionnel en milieu de carrière, dont le conjoint a des revenus inférieurs aux siens et dont les enfants approchent de l'âge adulte, pourrait en bénéficier même s'il épargne moins. "
Ainsi, un médecin dont la pratique est incorporée ne sera pas rémunéré directement par la Régie de l'assurance maladie du Québec. C'est sa société qui recevra les honoraires qu'il a facturés, le médecin n'étant qu'un simple employé salarié de son entreprise.
L'incorporation consiste donc à mettre sur pied une structure légale distincte, qui permet au professionnel d'économiser de l'impôt. En effet, le taux d'imposition des petites entreprises s'établit à 19 % pour la première tranche de 400 000 $, tandis que le taux d'imposition personnel maximum s'élève à 48 % (pour les revenus supérieurs à 127 000 $), explique M. Comtois.Le salaire que vous vous verserez à partir de l'entreprise sera donc imposé au taux d'imposition personnel (à hauteur de 48 %). Cependant, les revenus que vous ne vous verserez pas en salaire seront imposées au taux des petites entreprises.
L'économie fiscale
Prenons, par exemple, le cas d'un professionnel qui gagne 250 000 $. Notre tableau montre qu'en s'incorporant, il disposera de 21 750 $ supplémentaires qu'il pourra investir au nom de sa compagnie. Les sommes supplémentaires dont il dispose représentent un report d'impôt de 29 % (la différence entre le taux d'imposition personnel et celui des petites entreprises).
Ce professionnel peut se servir de sa société comme d'un compte de placement personnel pour acheter des fonds communs, des actions et obligations, un immeuble à revenus, de l'équipement ou pour souscrire à une police d'assurance, entre autres.
À l'instar de ce qui se produit avec un REER, les fonds supplémentaires placés dans la compagnie seront imposés lorsqu'ils seront retirés de celle-ci. " Mais la société est une structure plus flexible que le REER, souligne M. Comtois. Car aucune règle n'encadre les contributions et le décaissement. "
Le fractionnement du revenu
En s'incorporant, on peut aussi décider de se verser soit un salaire, soit un dividende. Le dividende a l'avantage d'être imposé à un niveau moindre qu'un salaire." Si votre conjoint et vos enfants majeurs travaillent pour vous, vous pourrez également leur allouer un salaire, souligne M. Comtois. Et comme ils peuvent être actionnaires minoritaires de votre société, vous pourriez leur verser un dividende, même s'ils ne travaillaient pas pour vous."
Le régime de retraite individuel
La société professionnelle peut également établir en faveur de la personne incorporée un régime de retraite individuel (RRI).
Le principe d'un RRI est simple : en tant que son prestataire et bénéficiaire, la personne s'engage, pour une durée déterminée, à y verser annuellement une somme qui est entièrement déductible de ses revenus personnels et professionnels.
Cette somme croît à l'abri de l'impôt. À sa retraite, le professionnel peut faire des retraits de son RRI, qui seront alors imposés, comme c'est le cas pour un REER. La mise en place d'un RRI nécessite toutefois que le professionnel reçoive un salaire de sa société. S'il touche seulement des dividendes, cette option n'est pas valide.
Les coûts d'incorporation
Enfin, l'incorporation d'une société coûte entre 3 000 et 6 000 $, rappelle M. Comtois. " À cela, il faut ajouter des frais de 1 500 à 2 000 $ par an pour produire des états financiers et une déclaration fiscale pour votre entreprise. Mais tous ces frais sont déductibles d'impôt ", précise-t-il.