Aux quatre coins du globe, des firmes d'ingénierie québécoises travaillent à la construction d'une mine ou d'une aluminerie, d'un stade, d'un barrage hydroélectrique ou d'un technoparc.
" Nous avons une forte présence à l'étranger, où l'expertise des firmes québécoises est reconnue depuis longtemps ", dit Johanne Desrochers, pdg de l'Association des ingénieurs-conseils du Québec, en précisant que les deux tiers des 52 sociétés d'ingénierie du Québec sont actives à l'étranger.
Les perspectives à l'échelle internationale laissent miroiter un avenir prometteur pour les firmes d'ici. Les continents africain, asiatique et sud- américain font face à un important déficit en matière d'infrastructures. Des milliards de dollars y seront investis au cours des prochaines années.
" Les besoins en infrastructures, surtout dans les pays émergents, seront une source de croissance phénoménale pour plusieurs années à venir ", note Pierre Duhaime, qui dirige le géant mondial SNC-Lavalin depuis plus d'un an.
Faire face à la concurrence
Les sociétés québécoises ne sont pas les seules à convoiter ces milliards de dollars de contrats. Outre la concurrence des grandes firmes américaines et européennes, la Chine, qui forme chaque année quelque 400 000 ingénieurs qui viennent gonfler les rangs de ses sociétés d'ingénierie, est de plus en plus présente hors de la Chine.
" Il faut désormais composer avec la présence accrue des firmes chinoises, particulièrement en Afrique et dans les pays riches en ressources naturelles dont la Chine est très friande ", souligne Mme Desrochers.
" Les Chinois s'intéressent aux ressources naturelles de certains pays, en échange desquelles ils construisent des villes, des routes et des stades ", dit Kazimir Olechnowicz, pdg de CIMA +.
Sauf que les sociétés chinoises en important pratiquement tout, y compris la main-d'oeuvre, ne sous-traitent rien sur place et ne fournissent pas d'emplois à la population locale. Une situation qui joue en faveur des sociétés d'ingénierie québécoise qui font le choix d'avoir des racines à l'étranger, en multipliant les retombées pour les communautés locales.
Une présence locale
Selon Pierre Duhaime, il n'est plus envisageable de réaliser un projet dans un pays et de partir une fois les travaux terminés. " Ça prend un engagement à long terme. Il faut aussi s'établir de façon permanente avec des bureaux, des dirigeants et des employés locaux ", dit-il.
Cette vision est une des clés du succès des firmes d'ici à l'étranger. En 2003, CIMA + inaugurait le premier de quatre bureaux en Afrique, où elle compte quelque 150 employés locaux.
" En plus de former et de recruter du personnel local, nous réalisons plusieurs projets en partenariat avec des organismes ou des bureaux d'études locaux ", dit Kazimir Olechnowicz.
Autre avantage : " les firmes québécoises oeuvrent à l'étranger en favorisant le transfert de connaissances avec les partenaires, ce qu'hésitent à faire bon nombre d'entreprises, en particulier les firmes européennes, qui ont davantage une culture d'exportation de leurs services ", note Jean-Pierre Sauriol, pdg de Dessau.
L'innovation est aussi un atout. " Les firmes d'ici sont des experts-conseils qui apportent une plus-value à leur travail. Elles mettent le know-how de l'ingénierie au service de solutions innovatrices ", souligne Johanne Desrochers.
La langue et la culture profitent également aux sociétés d'ici. " Les Chinois ne parlent souvent que le mandarin, alors que nous avons la chance d'avoir du personnel qui parle français, anglais, espagnol et d'autres langues ", dit M. Olechnowicz, lui-même d'origine polonaise.
Enfin, le passé colonisateur de certains États européens n'est pas toujours une bonne carte de visite dans des pays d'Afrique ou d'Amérique du Sud.