Isabelle Hudon en a assez de lire des études sur la place des femmes dans les hautes sphères. Il est temps, selon elle, de poser des gestes concrets pour changer les choses. D'où l'idée de l'Effet A, un projet lancé à la fin janvier.
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Le concept de cette initiative est fort simple: demander à cinq dirigeantes d'expérience de relever un défi de leur choix, leur donner 100 jours pour atteindre leur objectif et documenter leurs progrès sur un site Web (www.effet-a.com). Les projets qu'elles s'engagent à mettre sur pied (ou à amener plus loin) peuvent prendre différentes formes, tant qu'ils permettent à la fois d'aider la cause des femmes et de démontrer qu'il est possible, et même stimulant, de dépasser ses limites.
«Les femmes ont une grosse dose d'ambition, mais elles ont aussi une certaine timidité à l'afficher et à l'affirmer», dit la chef de la direction de la Financière Sun Life, Québec et vice-présidente principale Solutions clients de la Financière Sun Life Canada. Avec l'Effet A, Isabelle Hudon souhaite rendre légitime cette ambition et donner aux femmes le courage de se dépasser.
L'aspect «actions concrètes» du projet a permis de recruter des femmes d'envergure pour la première cohorte : Sophie Brochu (pdg de Gaz Métro), Marie-Josée Lamothe (directrice générale, stratégie de marques chez Google Canada), Isabelle Marcoux (présidente du conseil de Transcontinental) et Kim Thomassin (associée directrice de McCarthy Tétrault), en plus d'Isabelle Hudon elle-même. «L'objectif est d'amener les femmes à afficher leur ambition, à la vivre et à l'utiliser pour propulser leur carrière», explique Isabelle Marcoux.
Au-delà de leur volonté d'inspirer d'autres femmes, ces dirigeantes ultra-sollicitées ont accepté de participer à l'Effet A car elles espèrent que les projets qu'elles y développeront seront copiés par d'autres et que l'initiative durera (la deuxième cohorte, déjà en recrutement, devrait prendre son envol à l'automne).
«Je crois profondément que nous lançons un mouvement», dit Sophie Brochu. Autrement, elle ne serait pas là, laisse-t-elle entendre.
Marie-Josée Lamothe abonde dans le même sens et parle elle aussi d'un effet «multiplicateur, contagieux». Pour y arriver, précise Isabelle Marcoux, il faut faire comprendre aux femmes - et aux hommes - que les changements découlent souvent d'actions relativement simples et peu coûteuses. «It's not rocket science !» Évidemment, de tels projets requièrent beaucoup d'énergie et d'investissement de soi, reconnaît Sophie Brochu, «mais c'est accessible».
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Cinq femmes, cinq projets
D'ici la mi-mai, les membres de la première cohorte de l'Effet A plancheront sur des projets à la fois variés et similaires :
Convaincre dix dirigeants de parrainer deux jeunes femmes de leur organisation
«Au bout de 100 jours, ces femmes-là auront le goût de lever la main de façon fréquente, de s'inviter à la table des grandes conversations et de cibler les personnes dont elles ont besoin pour grandir», explique Isabelle Hudon. En plus d'exposer les participantes aux règles non écrites de l'organisation et aux aptitudes à développer pour cheminer, ce projet fera découvrir aux dirigeants toute la richesse qu'apportent de jeunes femmes motivées à se dépasser.
Organiser une grande marche au profit des femmes itinérantes
«Dans notre ambition, nous cherchons à grandir et à améliorer nos conditions de vie, mais nous n'oublions pas que certaines femmes ont moins de chance», dit Sophie Brochu, qui a choisi d'aider la Rue des Femmes à financer les activités de son troisième refuge. La dirigeante espère convaincre ses pairs de signer des chèques, mais aussi de libérer leurs employées afin qu'elles participent à une marche qui se déroulera à l'heure du midi (l'heure et l'endroit restent à déterminer).
Briser l'isolement dans les milieux masculins
«Il y a quelques années, j'ai constaté que nous n'avions que 28 femmes gestionnaires (sur 6 000 employés) dans notre division imprimerie. Ça m'a fâchée !» raconte Isabelle Marcoux. Pour aider ces femmes à gravir les échelons et à briser leur isolement, Transcontinental (propriétaire de Les Affaires) a mis sur pied Women in Print, une journée de conférences, de formation et de réseautage. Le défi est de rendre l'édition de cette année (la troisième) assez générale et accessible pour que d'autres organisations aient le goût de copier l'idée.
Former à l'art de la négociation
«Les étudiantes doivent comprendre que, quand elles arrivent en milieu de travail, ce n'est pas suffisant d'avoir de bons résultats et d'être appréciée de leurs collègues. Il y a une tout autre joute qui se joue !» fait valoir Kim Thomassin. Elle et des avocats en litige de son cabinet formeront 20 à 30 étudiantes du MBA à l'art de la négociation, dont celle du salaire, et au développement des qualités de leadership.
Réintégrer le marché du travail, façon 21e siècle
«Comprendre comment chercher et cibler les occasions sur le marché du travail, être capable de se présenter sur le Web et savoir ce qu'il faut faire et ne pas faire sur les réseaux sociaux, tout cela contribue largement à l'image qu'une femme projette d'elle-même. C'est intimement lié à la capacité de se réinventer», dit Marie-Josée Lamothe. C'est pourquoi elle souhaite ajouter une touche technologique au cheminement de réintégration au marché du travail proposé par le Centre des femmes de Montréal.
Les cinq valeurs au coeur de l'Effet A
Le courage
La confiance
La solidarité
L'autonomie
La reconnaissance