Auprès des investisseurs étrangers, Jean Charest joue à fond la carte de la stabilité du Québec.
Le premier ministre du Québec en fait un argument de vente de son Plan Nord à l'étranger, espérant ainsi faire pleuvoir les milliards de dollars d'investissements au nord du 49e parallèle.
C'est sur cette note que M. Charest a entamé lundi une mission d'exploration de cinq jours en Europe, destinée à montrer le sérieux de son projet et à amener d'éventuels investisseurs à y donner vie.
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Son périple a débuté à Londres, à l'occasion d'une allocution devant un parterre de quelque 200 gens d'affaires et de financiers, avant de se poursuivre à Bruxelles mercredi, puis à Francfort et Munich, vendredi.
La mission en Europe fait suite à un voyage récent à New York, autour du même thème, et précède une autre mission de promotion du Plan Nord en Chine et au Japon, à la fin août.
Aux discours prévus, se greffent à sa mission européenne une série de rencontres privées avec des chefs d'entreprises qui pourraient envisager investir dans le Grand Nord québécois, particulièrement dans le secteur des mines.
Aucune annonce d'investissement n'est cependant prévue à l'horaire durant la mission, même si M. Charest a assuré que certains projets concrets étaient à l'étude.
En point de presse, il a estimé que la force de son mégaprojet de développement résidait dans le degré de préparation élevé atteint avant de partir à la conquête du monde, se référant notamment aux ententes conclues avec plusieurs nations autochtones du nord, dont la plus récente avec les Cris.
Selon lui, ce type de planification soignée, gage de stabilité, est de nature à rassurer d'éventuels investisseurs.
Il s'est dit convaincu que, pour le décideur intéressé à risquer d'importantes sommes d'argent dans l'extraction des ressources naturelles, "le niveau de préparation (du pays d'accueil) pèse lourd dans la balance", au moment de faire son choix.
L'important, selon lui, consiste donc à offrir aux chefs d'entreprises étrangers un "environnement d'investissement stable, prévisible, transparent".
Dans le même ordre d'idées, l'idée de stabilité politique devrait transcender les partis au pouvoir au Québec, et "dépasser largement" les mandats des gouvernements en place.
À ce propos, il a reproché à la chef péquiste, Pauline Marois, de ne pas avoir adhéré totalement au Plan Nord, une erreur politique à ses yeux.
Selon lui, Mme Marois avait l'air "de douter, de remettre en question le Plan Nord", et semblait manquer de conviction" par rapport à ce projet.
Il a jugé que pour les péquistes une adhésion au projet "aurait été mieux politiquement pour eux".
En fait, en mai, lors de l'annonce du mégaprojet, Mme Marois s'était montrée favorable au développement nordique, mais pas inconditionnellement. Elle disait notamment vouloir revoir à la hausse le système de redevances imposées aux minières pour que les Québécois récoltent leur juste part de l'exploitation de nos richesses naturelles.
Après son allocution, M. Charest s'est présenté devant les journalistes très détendu. Sur le ton de la blague, il a extrapolé sur le thème de la "stabilité", en disant qu'il resterait en poste comme premier ministre "un autre 15 ou 20 ans".
Il a prédit qu'il n'y aurait pas "de changement de gouvernement", donc que "le Plan Nord va être là pour rester".
Mardi, ce sera la filière énergétique du Plan Nord qui sera davantage à l'honneur. M. Charest prendra la parole lors d'un sommet international organisé par le quotidien londonien Financial Times. Il répondra à des questions de l'auditoire.
Lundi, il a conclu son allocution en disant que le Québec s'était développé grâce à sa géographie, en érigeant des barrages hydroélectriques, et que le prochain chapitre de son développement sera également assuré par sa géographie, cette fois en exploitant ses ressources nordiques.
Le Plan Nord vise à développer la partie boréale du Québec grâce à des investissements, publics et privés, estimés à plus de 80 milliards $, au cours des 25 prochaines années.