Le choix des administrateurs est déterminant pour le bon fonctionnement du CA. Bien qu'ils soient nommés par la direction de l'entreprise ou par les actionnaires, les membres du CA doivent toujours avoir à coeur les intérêts de l'entreprise afin d'assurer sa pérennité. Généralement spécialistes d'un domaine clé pour l'entreprise, ils doivent aussi faire preuve d'indépendance et démontrer une bonne compréhension du marché dans lequel l'entreprise évolue.
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«Quand on recrute des gens pour siéger à un conseil, il ne faut pas être moins exigeant que pour le recrutement d'un cadre», estime Réjean Dancause, président et directeur général du Groupe Dancause et associés, et administrateur de sociétés privées. «On recherche en général soit des personnes qui connaissent très bien le domaine d'activité de l'entreprise, soit des spécialistes qui sont experts dans l'une des fonctions de l'entreprise», résume-t-il.
La première étape ? Déterminer quels sont les objectifs stratégiques de l'entreprise ainsi que les grands défis à venir. «C'est seulement ainsi que l'on pourra s'entourer de gens qui ont relevé ces défis», détaille Jean-Daniel Brisson, directeur principal du Groupe-conseil stratégie et performance du cabinet Raymond Chabot Grant Thornton.
Un profil adapté aux défis
C'est aussi la raison pour laquelle le profil d'un bon administrateur peut être très différent : «En fonction des besoins de l'entreprise, il pourrait s'agir d'une personne qui connaît bien le marché à l'international ou d'un expert légal ou financier qui a déjà traité des fusions et acquisitions», souligne Eduardo Schiehll, professeur agrégé au Département des sciences comptables de HEC Montréal.
Avant de choisir de nouvelles recrues, il est donc fortement conseillé de réaliser un inventaire des compétences détenues en interne, de manière à aller chercher des profils complémentaires. «Certaines entreprises sont très fortes en design grâce à leurs ingénieurs, mais en oublient parfois l'aspect commercial ou financier, car c'est la R-D qui prime pour eux. L'objectif sera donc de bien cerner les forces et faiblesses [des ingénieurs en place] pour s'entourer d'experts dans le domaine qui leur manque», résume Jean-Daniel Brisson. Et ce, sans oublier d'y intégrer les défis qui attendent les entreprises au cours des deux à trois prochaines années !
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Les incontournables... et les autres !
Si certaines expertises, en matière de finance, de droit ou de comptabilité peuvent paraître incontournables, les exigences sont à affiner en fonction des besoins et des stades de développement de chaque organisation. «Une entreprise en phase de démarrage aura davantage besoin d'administrateurs qui vont l'aider du point de vue du marketing ou de la technologie, tandis qu'une entreprise qui souhaite entrer en Bourse ira plutôt chercher des gens qui ont de l'expérience dans ce type d'opérations», résume Michel Magnan, professeur et titulaire de la chaire de gouvernance d'entreprise Stephen A. Jarislowsky de l'École de gestion John-Molson de l'Université Concordia.
Juristes, comptables, professionnels des ressources humaines, ingénieurs... Tous peuvent avoir leur place dans un conseil d'administration ! «Ce qui manque à de nombreux CA est d'avoir une personne qui possède une formation en planification, car la valeur ajoutée d'un conseil se situe bien souvent dans la stratégie», ajoute Jean-Daniel Brisson. Le CA doit également veiller à prendre une longueur d'avance, surtout dans le cas de décisions ou de changements importants à venir. «Lors d'une ouverture d'usine par exemple, des personnes qui savent ce que ça implique pourront vous préparer en vous demandant : qu'avez-vous prévu à l'égard de vos clients si les travaux prennent du retard ?» conseille M. Brisson.
Le choix de la diversité
Dans cette recherche de la perle rare, il faut prendre garde à ne pas oublier la question de la diversité, en sélectionnant par exemple des femmes, des personnes issues de minorités visibles, ainsi que des candidats aux expériences et expertises différentes. «À titre d'exemple, un CA qui serait composé de sept comptables serait probablement moins fonctionnel qu'un CA qui aurait un avocat, un expert en communications, un journaliste et un comptable», remarque Bruno Déry, président et chef de la direction du Collège des administrateurs de sociétés - Université Laval.
En allant chercher des profils d'origine différente, le CA s'assure de bénéficier d'idées et de points de vue originaux, qui reflètent la diversité de la société et du marché visé et empêchent de tomber dans le piège de la pensée unique.
«Les entreprises recherchent une indépendance d'esprit de personnes qui disent ce qu'elles pensent, peu importe en face de qui elles sont assises. C'est un trait de caractère qui [fait bénéficier les entreprises] d'un point de vue critique», ajoute Michel Magnan. Si votre prochain défi est de fusionner ou de racheter une entreprise en Chine, il est également possible d'aller chercher des administrateurs étrangers. «La seule limite, ce sera le temps et le budget alloué, puisque la nécessité de les faire venir d'Asie ou d'Europe plusieurs fois par année se traduit par des coûts supplémentaires. Mais il existe aussi la possibilité de tenir certains CA en format électronique à distance», souligne Bruno Déry.
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