Qu'est-ce qui peut bien avoir motivé l'ex-fonctionnaire Lena Swennen à vouloir fonder Composites BHS, il y a 20 ans ? Qu'est-ce qui peut bien l'avoir encouragée à devenir une spécialiste dans la fabrication de matériaux composites, un secteur où à peine 5 % des fondateurs sont des femmes ?
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«À vrai dire, j'aurais pu me retrouver à la tête de n'importe quelle autre entreprise. Mon conjoint Jacques Hainse et moi voulions nous lancer en affaires. Après avoir étudié plusieurs opportunités, celle de la fabrication de pièces composites nous a paru prometteuse», explique Lena Swennen, présidente et cofondatrice de Composites BHS, à Sherbrooke.
Cette entreprise produit des pièces d'habillage structurelles pour les secteurs du transport terrestre, de l'aéronautique et, à l'occasion, pour des projets ponctuels.
Fait à noter, cette bachelière en administration possède le titre de présidente depuis 1997, soit trois ans après la fondation officielle de l'entreprise en 1994. Pourtant, elle gère à 100 % tous les aspects administratifs de Composites BHS depuis sa création. «Une gestion que j'ai d'abord effectuée dans l'ombre. Jacques et moi jugions qu'il était plus sage que je conserve mon emploi de conseillère au sein du MDEIE [devenu le ministère de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations] lors des années de démarrage, afin d'assurer au moins l'entrée d'un salaire», rapporte l'entrepreneure. Outre le couple, l'entreprise ne comptait qu'un seul employé.
Au fil des mois, il est devenu difficile pour Lena Swennen de contenir ses ambitions. Sa fibre entrepreneuriale, dit-elle, voulait s'exprimer. En 1997, au milieu de la trentaine, ce fut un adieu à la «cage en or». «Un choix que je n'ai jamais regretté», tient à préciser la femme d'affaires, qui gère aujourd'hui une soixantaine d'employés.
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Combattre les mythes
Leader dotée d'une personnalité plutôt réservée, Lena Swennen s'est toujours considérée comme une personne assez timide. «Je n'aime pas être à l'avant-plan. Je n'ai jamais couru après la visibilité ni les honneurs. En revanche, je déteste les stéréotypes, les préjugés. Alors, si mon parcours peut inspirer d'autres femmes et les aider à éliminer les faux mythes sur les secteurs d'emplois dits féminins ou masculins, je veux bien, cette fois-ci, faire une exception», avoue l'entrepreneure qui a accepté de rencontrer Les Affaires dans son usine du boulevard Industriel, à Sherbrooke.
L'entrepreneure a-t-elle justement déjà senti des barrières au sein du secteur industriel en raison de sa condition féminine ? Quels sont ses conseils à cet égard ? «En général, ce ne sont pas les hommes qui nous mettent des obstacles. Ce sont nous, les femmes, qui les créons nous-mêmes», déclare-t-elle. La femme d'affaires se souvient néanmoins d'avoir vécu deux situations en 20 ans dans lesquelles ses interlocuteurs ont ressenti un malaise face à sa personne. Quels étaient les motifs de ces messieurs ? Leur religion ? Un blocage de génération ? Elle l'ignore. «Mais j'en ai déduit qu'en affaires il y a des personnes, peu importe le sexe, avec qui on ne peut tout simplement pas travailler», indique Mme Swennen.
Son prochain défi ? Gérer la croissance de l'entreprise. Depuis 2011, le nombre d'employés de Composites BHS est passé de 35 à plus de 60. La création de deux services, ingénierie et développement des affaires, a donné de nouvelles ailes à l'entreprise sherbrookoise. Une croissance dont elle refuse toutefois d'accorder le crédit à la conjoncture économique. Lena Swennen préfère associer le récent succès au contexte familial actuel. «Jacques et moi avons fait évoluer l'entreprise au même rythme que notre famille. On a toujours voulu garder un bel équilibre entre les enfants et le travail. On s'est partagé les tâches à la maison tout comme au boulot. Aujourd'hui, les enfants sont dans la jeune vingtaine, on a donc plus de temps pour développer de nouvelles avenues», explique l'entrepreneure dans la cinquantaine.
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Stimulée par le développement des affaires
Elle l'avoue d'emblée. D'avoir à développer de nouveaux marchés élève son rôle d'entrepreneure à un niveau encore plus stimulant. «J'adore aller rencontrer de nouveaux clients. Et pas seulement au sein de leur entreprise. Je participe à leurs salons, à leurs foires commerciales, ce qui me permet de mieux comprendre et saisir les besoins de leur marché», raconte la femme d'affaires.
Une nouvelle approche qui porte ses fruits. Bien que le chiffre d'affaires de l'entreprise demeure confidentiel, Lena Swennen révèle que les revenus de Composites BHS augmentent de 20 % par année depuis quatre ans.
Entreprendre au féminin
Dans cette grande série, qui paraît toutes les deux semaines, nous vous présentons le parcours d'entrepreneures de tous horizons, nous examinons des enjeux liés à l'entrepreneuriat féminin, et nous donnons la parole à de grandes personnalités féminines du milieu des affaires québécois.
Présenté par Desjardins, avec la collaboration de Femmessor, la Caisse de dépôt et placement du Québec et PwC
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