La présidente de la société biopharmaceutique Klox Technologies était au milieu d'une réunion importante à son bureau quand elle a appris les résultats positifs des tests cliniques de son traitement contre l'acné. Lise Hébert n'a pu contenir la forte émotion qui s'est emparée d'elle.
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«J'ai reculé ma chaise, je me suis levée et je suis partie courir dans le corridor en criant ma joie.»
En nous racontant cette anecdote qui remonte à quelques années, Mme Hébert prouve que le milieu dans lequel elle évolue n'est pas aussi sérieux et macho qu'on ne le pense. Les élans de joie tout féminins sont permis, et même bien accueillis.
Surtout s'ils signifient que la réussite est à portée de main.
Et elle semble l'être. La biopharmaceutique que Lise Hébert dirige depuis 2009 est en plein envol. Elle prépare son entrée en Bourse au premier trimestre de 2015.
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En juillet, Klox Technologies a conclu un accord de licence et de coentreprise avec Leo Pharma, une grande pharmaceutique danoise. L'entente ouvre un marché mondial à son traitement contre l'acné, un produit innovant car il ne nécessite pas la prise d'antibiotiques. L'accord lui apporte aussi les fonds nécessaires à la poursuite du développement d'un autre traitement, celui-là contre les plaies de lit.
Fin 2013, c'est avec Sandoz Canada que Klox a signé un accord de commercialisation similaire pour le Canada, avec le traitement pour l'acné et un autre pour le rajeunissement de la peau. L'année d'avant, en 2012, Klox avait vendu un traitement de blanchiment des dents au géant Valeant.
Tous ces traitements sont issus de la même plateforme médicale : la biophotonique, qui consiste à activer un gel dermatologique par des rayons lumineux. Aujourd'hui, grâce à ces ententes, auxquelles s'ajoutent des placements privés, «Klox Technologies est en voie de générer des revenus, prévoit le Dr Hébert. Nous nous préparons à lancer LumiHeal en Europe, qui aidera notamment à réduire le coût des traitements des plaies aiguës et chroniques, qui constituent actuellement un important fardeau financier pour les systèmes de santé à l'échelle mondiale.»
Sa stratégie consistait à dérisquer la plateforme, à lui trouver des débouchés de sorte à financer la poursuite de son développement : la R-D sur la technologie a été financée par la vente d'actifs - le premier étant le traitement de blanchiment dentaire. Et ça a fonctionné. «Si nous avons réussi, c'est parce que nous avons pris tout le temps nécessaire pour développer la science, avec les premières données cliniques», croit-elle.
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C'est dans la nature de cette dirigeante âgée de 49 ans, docteure en médecine expérimentale, de réunir autour d'elle tous les éléments de réussite avant de plonger. Et de ne pas hésiter à aller chercher ce qui lui manque avant même qu'on ne le lui demande.
Ainsi, dans sa deuxième carrière - elle en est à trois jusqu'à maintenant -, la scientifique a pris l'initiative de suivre le cours de valeurs mobilières afin de se familiariser avec l'univers des finances. On l'avait nommée aux communications d'entreprise pour la biotech Neurochem, qui a fait l'objet d'une inscription en Bourse.
«Apprivoiser le langage est souvent la clé du succès», dit-elle.
De scientifique à financière, le pas est grand, non ? «J'ai toujours eu un ardent désir d'apprendre. Et cela a créé des occasions», précise-t-elle.
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Un trousseau de clés bien garni
Retour à 1990. Après avoir terminé son doctorat portant sur une maladie orpheline, Lise Hébert reçoit une bourse postdoctorale de la Société Alzheimer du Canada. Son enthousiasme est tel qu'on lui propose de diriger la première section québécoise que la société veut ouvrir. Elle a 28 ans et est enceinte. Elle accepte sur le champ, même si sa première tâche consistera à trouver du financement pour... son salaire !
«J'ai eu un immense coup de coeur et j'ai foncé. Tout était à faire.» À l'époque, la maladie était peu connue.
Lise Hébert a si bien réussi que le gouvernement du Québec s'est inspiré de son travail pour élaborer sa première politique sur l'alzheimer.
Ses compétences en communication et sa formation scientifique l'ont ensuite menée chez Neurochem. C'est là qu'elle a attiré l'attention du célèbre Dr Francesco Bellini, fondateur de Biochem Pharma, de Neurochem et de Klox Technologies, qui l'a recrutée pour diriger Klox.
Cliquez ici pour consulter le dossier Entreprendre au féminin«C'est rare, des dirigeants qui ont son background scientifique et financier, qui savent motiver leurs équipes et qui s'investissent avec enthousiasme dans leur travail. Lise Hébert a toutes ces qualités, avec le sourire !» témoigne M. Bellini.
Pour elle, Francesco Bellini est devenu un mentor - une autre clé de réussite dans le trousseau d'une femme entrepreneure.
Elle a de plus le souci élevé d'être en santé. «J'accorde beaucoup d'attention à mon alimentation, à l'exercice et au sommeil», dit celle qui garde un bocal de noix bien rempli sur son bureau. La présidente de Klox aime aussi s'entourer de gens dotés d'un fort esprit entrepreneurial. «C'est un de mes critères d'embauche, relate-t-elle. Mon but est de créer une entreprise, des emplois, des traitements qui vont améliorer le monde», affirme-t-elle. On ne s'étonnera pas de l'entendre encore une fois crier sa joie dans le corridor.
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Entreprendre au féminin
Dans cette grande série, qui paraît toutes les deux semaines, nous vous présentons le parcours d'entrepreneures de tous horizons, nous examinons des enjeux liés à l'entrepreneuriat féminin, et nous donnons la parole à de grandes personnalités féminines du milieu des affaires québécois.
Présenté par Desjardins, avec la collaboration de Femmessor, la Caisse de dépôt et placement du Québec et PwC