L'économie mondiale pourrait replonger dans la récession en cas de sortie de route de la zone euro, dont la crise, malgré les progrès, reste la « principale menace », mais également si les États-Unis ne parvenaient pas à éviter leur « mur budgétaire », prévient mardi l'OCDE.
L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) relève aussi, dans son rapport semestriel sur les « Perspectives économiques mondiales », un nouvel accès de faiblesse qui la conduit à réviser à la baisse les prévisions de croissance dans la plupart des grandes puissances.
La croissance américaine serait de 2,2% cette année (contre 2,4% prévus en mai) et de 2% en 2013 (au lieu de 2,6%). Elle rebondirait ensuite à 2,8% en 2014, selon une première prévision.
Dans la zone euro, la récession devrait être plus forte cette année qu'attendu précédemment, avec un Produit intérieur brut (PIB) en recul de 0,4% au lieu de 0,1%. La récession se poursuivrait l'an prochain (-0,1%), alors que l'OCDE tablait en mai sur une croissance 0,9%. La reprise serait repoussée à 2014 (+1,3%).
« La crise de la zone euro demeure la principale menace pour l'économie mondiale, malgré les mesures récentes qui ont réduit les pressions immédiates », estime le club des pays riches dans son rapport.
En France, la croissance ne serait que de 0,2% en 2012 et 0,3% en 2013 (contre 0,6% et 1,2% escomptés jusque-là) puis accélèrerait à 1,3% en 2014. C'est moins qu'attendu par le gouvernement pour tenir ses engagements de réduction du déficit public.
Au Royaume-Uni, le PIB reculerait de 0,1% cette année puis rebondirait de 0,9% et 1,6% les années suivantes. Et au Japon, la croissance serait bien mois forte que prévu auparavant, de 1,6% en 2012, 0,7% en 2013 et encore seulement 0,8% en 2014.
Selon l'OCDE, le « facteur clé » de ces perspectives moroses est une « baisse significative de la confiance », sur fond de désendettement tous azimuts, de ralentissement dans les pays émergents et de chômage élevé qui continuera de grimper dans la zone euro.
Du coup, son chef économiste Pier Carlo Padoan appelle à éviter tout resserrement budgétaire excessif.
« Si le +mur budgétaire+ n'est pas évité, un choc négatif considérable pourrait faire basculer les États-Unis et l'économie mondiale dans la récession », prévient-il, au sujet des coupes et hausses d'impôts qui entreront automatiquement en vigueur si républicains et démocrates ne parviennent pas à un accord d'ici la fin de l'année.
« Dans la zone euro, l'ajustement du solde budgétaire structurel devrait demeurer limité aux engagements actuels », met-il en garde. Cela signifie que les gouvernements ne doivent pas prendre de nouvelle mesure de rigueur si la croissance escomptée n'est pas au rendez-vous et si les objectifs affichés de réduction du déficit public ne sont pas atteints.
Selon l'OCDE, « pour éviter la perte de crédibilité qui affecterait des pays agissant isolément, une telle politique devrait être définie et rendue publique de manière concertée » au niveau de l'Union européenne.