Malgré la déprime boursière des dernières semaines, l'optimisme est de mise à l'égard des perspectives de croissance de l'économie mondiale, estime Edward Nusbaum, chef de la direction de Grant Thornton International.
«Il y a des incertitudes et des disparités régionales mais, dans l'ensemble, l'économie mondiale est prometteuse», fait valoir M. Nusbaum dans une entrevue accordée à Les Affaires lors de son passage à Montréal. M. Nusbaum s'appuie sur l'International Business Report (IBR) de Grant Thornton, une enquête réalisée auprès de 2 500 cadres supérieurs dans 34 pays qui prévoient pour la plupart une augmentation de leurs revenus et profits, de même qu'une amélioration de l'économie, ce qui les inciterait à investir davantage. Cette enquête a toutefois été menée en septembre, avant la chute des marchés boursiers.
En Chine, malgré le ralentissement de son PIB à 7,3 % au troisième trimestre 2014, soit son plus bas niveau depuis la crise de 2009, le pays enregistre néanmoins une croissance économique qui «laisserait rêveur la plupart des économies développées», souligne M. Nusbaum.
Il constate que la plus grande économie mondiale est aujourd'hui davantage soutenue par l'importation croissante de produits autres que les matières premières, afin de satisfaire la demande des consommateurs chinois, offrant ainsi des occasions d'affaires aux manufacturiers étrangers.
En Asie, les pays émergents comme les Philippines, le Vietnam, l'Indonésie ou le Cambodge présentent aussi des perspectives de développement qui méritent l'attention des investisseurs et entrepreneurs.
Si l'économie américaine se porte bien, celle de l'Europe inquiète, reconnaît M. Nusbaum. «La locomotive allemande, qui mise sur les exportations et son secteur manufacturier, a des ratés qui minent l'ensemble de l'économie européenne», précise-t-il. Seul le Royaume-Uni s'en tire bien, ajoute-t-il, en raison «des politiques mises en avant par le gouvernement, notamment en matière fiscale, qui ont permis d'attirer des investissements étrangers et de stimuler l'économie».
M. Nusbaum note aussi une amélioration des conditions dans les pays du sud de l'Europe, qui ont été frappés de plein fouet par la crise financière de 2008. «Le chômage y est encore élevé, il y a des signes encourageants qui accentuent la confiance des entrepreneurs», dit-il.
Les pays d'Amérique du Sud présentent aussi des disparités. Alors que la croissance ralentit au Brésil et que l'Argentine ne remplit pas ses promesses, «le Chili se porte bien et la Colombie figure parmi les pays émergents à prendre en considération», constate M. Nusbaum.
Optimisme à la hausse au Québec
Au Québec, l'optimisme par rapport à l'horizon économique a fortement augmenté au troisième trimestre, atteignant un taux de 70 %, alors qu'il était de 42 % au deuxième trimestre ; cela suggère qu'une accélération de la croissance se prépare pour les prochains mois.
Résultat : les entreprises québécoises semblent plus enclines à améliorer leur productivité. «Les entrepreneurs québécois sont optimistes à l'égard des perspectives de croissance future de leur entreprise et souhaitent augmenter leur productivité», note Emilio Imbriglio, président et chef de la direction de Raymond Chabot Grant Thornton.
Ainsi, près de trois entreprises sur cinq (58 %) envisagent des améliorations de la productivité, par rapport à 37 % dans tout le Canada et à 32 % dans l'ensemble de l'Amérique du Nord, constate l'IBR. Inversement, les entreprises du Québec sont beaucoup moins intéressées par des investissements en marketing (14 %) que la moyenne en Amérique du Nord (36 %). Les entreprises du Canada (38 %) et de l'Amérique du Nord (37 %) s'appliquent aussi davantage à étendre leurs activités que leurs homologues du Québec (22 %).
> 58 %: Le pourcentage d’entreprises québécoises qui envisagent des améliorations de la productivité, par rapport à 37 % dans tout le Canada et à 32 % dans l’ensemble de l’Amérique du Nord. Source : International Business Report