Un profond soupir de soulagement parcourait la City de Londres vendredi après le rejet par référendum d'une indépendance écossaise qui aurait plongé le Royaume-Uni dans des affres d'incertitude.
La Bourse de Londres grimpait de 0,73% en milieu de matinée, la livre a atteint dans la nuit son plus haut niveau en deux ans face à l'euro et les taux des obligations britanniques augmentaient, témoignant d'un retour des investisseurs vers les actifs plus risqués.
«C'est le soulagement qui domine sur les marchés britanniques», a résumé Chris Beauchamp, analyste à la maison de courtage IG, pour qui «l'inquiétude liée à une possible indépendance écossaise s'est dissipée».
Les Écossais ont rejeté l'indépendance par 55,3% des voix à l'issue d'un référendum marqué par une participation massive.
La City de Londres (investisseurs, grandes entreprises, médias des milieux d'affaires) avait pris position contre la sécession de la région septentrionale du Royaume-Uni.
Elle craignait d'une part les incertitudes soulevées par cette indépendance pour l'Écosse elle-même, sur la monnaie utilisée par le nouvel État, le partage des revenus pétroliers, la répartition de la dette publique et l'environnement légal et financier des entreprises.
La capitale financière redoutait aussi, et peut-être surtout, les conséquences pour ce qui serait resté du Royaume-Uni (Angleterre, Pays de Galles et Irlande du Nord), amputé d'une région pesant économiquement l'équivalent de l'Irlande ou de l'Algérie.
«C'est un jour capital pour le Royaume-Uni et ce résultat sera salué par un soupir de soulagement dans la communauté d'affaires», s'est réjoui John Cridland, directeur général de la principale fédération patronale britannique, la CBI.
A la Bourse de Londres, les banques les plus implantées en Écosse en profitaient: vers 09H30 GMT, l'action de Royal Bank of Scotland (RBS) gagnait 3,11% et celle de Lloyds 1,01%.
Ces établissements avaient menacé de rapatrier en Angleterre leur siège social, situé en Écosse, en cas d'indépendance du territoire. Ils ont précisé que ces plans d'urgence n'étaient plus nécessaires, sitôt l'issue connue.
Place à une hausse de taux en Angleterre
Un autre grand de la finance écossaise, Standard Life, s'est dit pour sa part «prêt à contribuer» à son niveau aux débats sur l'octroi de nouveaux pouvoirs à Édimbourg par Londres, comme promis par les dirigeants britanniques en cas de rejet de l'indépendance.
Standard Life avait prévenu avant le référendum qu'il pourrait transférer vers l'Angleterre des fonds gérés pour ses clients britanniques, alimentant la crainte d'une fuite des capitaux vers le sud en cas d'indépendance de la grande région du nord.
Ces spéculations avaient pesé ces dernières semaines sur la livre sterling, qui est nettement remontée vendredi dès que la tendance pour le "non" s'est affirmée.
La livre a atteint son plus haut niveau depuis fin juillet 2012 face à la monnaie unique européenne, à 1,2804 euro, avant de redescendre quelque peu.
«La victoire du non laisse la voie libre à une prochaine remontée des taux de la Banque d'Angleterre, ce qui est un facteur de soutien à long terme de la livre sterling», a signalé Christopher Dembik, analyste chez Saxo Banque.
La hausse des taux directeurs rend une devise plus rémunératrice et donc plus intéressante pour les investisseurs.
L'apaisement des craintes entraînait aussi une hausse du taux d'emprunt du Royaume-Uni sur le marché obligataire.
«Le non de l'Écosse à l'indépendance devrait entretenir la prise de risque et ainsi maintenir sous pression la dette britannique», a souligné Orlando Green, économiste au Crédit Agricole CIB.