Maintenant que le mouvement de repli tant attendu est arrivé, les observateurs sont remarquablement peu nombreux à recommander ouvertement de saisir les occasions et encore moins à les repérer.
Comme le répète souvent Tony Dwyer, stratège américain de Canaccord Genuity : «Une correction est toujours perçue comme tout à fait naturelle et saine, jusqu'à ce qu'elle survienne», provoquant alors plus de peur que d'audace. Il faut dire que le mouvement de repli, probablement dicté par le déclenchement de niveaux techniques, a été rapide, entraînant tous les secteurs et une majorité de titres dans sa chute.
Plus fondamentalement, le ralentissement mondial et la hausse du billet vert font aussi craindre une série d'avertissements de bénéfices moindres de la part des entreprises d'ici la fin de l'année.
Le plongeon du pétrole suscite des achats
À Toronto, le gain de 14 % qu'affichait l'indice S&P/TSX, à son sommet du 3 septembre, avait fondu à 3,4 % le 14 octobre.
Le plongeon de 20 % du secteur de l'énergie, depuis juin, est particulièrement cinglant.
C'est d'ailleurs dans ce secteur que certains gestionnaires de portefeuille, dont Martin Ferguson, de Mawer Investment Management, achètent parcimonieusement.
«Je ne suis pas prêt à dévoiler nos achats, mais il y a des aubaines parmi les producteurs de pétrole et les fournisseurs de services pétroliers», explique-t-il.
Frank Mullen, gestionnaire de portefeuille chez Gestion de patrimoine EdgePoint, a ajouté à quatorze de ses placements existants, tant dans le fonds d'actions canadiennes que dans le fonds d'actions mondiales.
«Le secteur de l'énergie est particulièrement intéressant. Dans le secteur des matériaux, nous avons aussi acheté plus d'actions d'une société de services miniers et une autre entreprise minière de redevances», dit-il, sans pouvoir préciser davantage.
Stephen Takacsy, chef des investissements chez Gestion d'actifs Lester, a aussi ajouté à ses placements dans les exploitants de pipelines Pembina Pipeline (Tor., PPL, 42,11 $) et TransCanada (Tor., TRP, 50,53 $), qui dépendent moins des cours pétroliers que les producteurs. Le gestionnaire de Montréal a aussi profité de la chute des cours pour acheter des actions supplémentaires du recycleur Newalta (Tor., NAL, 19,27 $) et de l'excavateur Badger Daylighting (Tor., BAD, 24,76 $).Meilleure occasion aux États-Unis
Chez l'assureur Industrielle Alliance, l'économiste Clément Gignac attend d'avoir une meilleure lecture de l'économie de l'Europe et de la Chine, ainsi que des intentions de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) avant de revenir aux actions canadiennes. «Si on entre dans un nouveau régime de prix plus faibles, comme en 1985-1986, c'est-à-dire lorsque les producteurs abaissent leurs prix pour protéger leur part de marché, c'est le quart de la Bourse de Toronto qui tirera l'indice vers le bas», dit-il.
Actuellement, le pétrole baisse plus vite que le huard, ce qui empêche les producteurs de profiter de l'effet de conversion bénéfique d'un huard faible sur leurs revenus en dollars américains.
Aux États-Unis, où l'économie redécolle, le recul récent de 6 % à 8 % des indices procure une réelle occasion d'achat, estime M. Gignac.
Le secteur de la technologie est le meilleur pour profiter de la reprise tardive des dépenses d'investissement des entreprises, croit-il. Les financières devraient aussi suivre le mouvement de l'économie. Les titres de la consommation, tels que les constructeurs automobiles, devraient aussi rebondir, puisque la chute du prix de l'essence laisse plus d'argent dans les poches des consommateurs.
M. Gignac commence aussi à s'intéresser aux plus petites sociétés, dont l'évaluation s'est dégonflée dans la chute de 13 % de l'indice Russell 2000. «Les PME réalisent plus de leurs ventes en sol américain qu'à l'étranger et souffriront donc moins de la faiblesse des autres économies et de la force du dollar américain», indique-t-il.
Cheryl Rowan, stratège chez Bank of America Merrill Lynch, signale que l'évaluation du secteur industriel est particulièrement attrayante, notamment pour les fabricants de machinerie et d'équipements électriques, ainsi que pour les conglomérats industriels.
> - 20,1 %: Chute du secteur de l’eĢnergie de l’indice S&P/TSX depuis son sommet de juin. Source : Bloomberg