L'environnement d'affaires est difficile pour Industrielle Alliance (Tor., IAG, 41,01 $). L'assureur de Québec doit composer avec la volatilité des marchés ainsi que des ventes au ralenti. Sans tirer la sonnette d'alarme, les analystes font preuve de prudence.
Des 13 analystes interrogés par Bloomberg, les deux tiers restent sur les lignes de côté. Ils sont quatre à émettre une recommandation d'achat, et neuf à conseiller de conserver le titre. En moyenne, leur cours cible est de 46 $. Cela représenterait une appréciation de 12 % au cours des 12 prochains mois par rapport au cours actuel. Le rendement du dividende, pour sa part, est de 2,73 %.
Bien des investisseurs ont misé sur les assureurs canadiens dans l'espoir de récolter les fruits générés par une augmentation des taux d'intérêt à long terme. La récente baisse du taux directeur de la Banque du Canada vient remettre la thèse d'investissement en veilleuse.
Les taux, au coeur du pessimisme
Mario Mendonca, de Valeurs mobilières TD, caractérise la direction des taux d'intérêt comme étant « le principal facteur de pessimisme ». « À cet égard, Industrielle Alliance est l'assureur le plus sensible aux mouvements des taux », constate l'analyste. Il émet une recommandation « conserver » et abaisse sa cible de 46 $ à 45 $.
Peter Routledge, de la Financière Banque Nationale, pense que le risque se trouve plutôt du côté de la Bourse. Selon lui, les investisseurs n'ont pas pris en considération les stratégies financières élaborées par l'assureur pour compenser une baisse des taux d'intérêt.
Néanmoins, l'analyste de la Financière Banque Nationale avance que l'Industrielle Alliance est plus sensible aux aléas de la Bourse. « Une correction boursière de 25 % ferait en sorte que le ratio de solvabilité de la société chuterait sous les 200 %, calcule-t-il. L'Industrielle devrait se renflouer si cela survient, probablement en émettant des titres de dette. » Il maintient sa recommandation « performance de secteur » et abaisse sa cible de 45 $ à 44 $.
Fonds communs et assurance
Au début de l'année, l'Industrielle Alliance et la Banque Laurentienne ont mis fin à une entente de 10 ans de distribution de fonds communs. Malgré le lancement de nouveaux produits, la fin du partenariat nuit aux ventes, note Tom MacKinnon, de BMO Marchés des capitaux. Les sorties de fonds nets se sont établies à 68 M$ au quatrième trimestre. Les ventes de fonds communs, pour leur part, sont en baisse de 22 % par rapport à la même période l'an dernier. L'analyste réitère sa recommandation « performance de marché » et fait passer sa cible de 47 $ à 43 $.
Toujours au sujet des fonds communs, la direction de l'entreprise de Québec s'attend à des sorties de capitaux supérieures à la normale pour une durée d'au moins deux ans, ajoute M. Mendonca. L'analyste croit tout de même que les résultats de cette division s'amélioreront à court terme.
Du côté des polices d'assurance individuelles, les ventes ont diminué de 8 % en 2014 et de 3 % en 2013. Même si l'Industrielle a diminué ses prix, les gains de part de marché ont été « marginaux au mieux », tranche M. MacKinnon.
Dans ce contexte, sans être alarmiste, Vincent Lui, de Morningstar Canada, est plus prudent. « La faiblesse des ventes et le recul des marges ont supprimé près de 17 millions de dollars en réserves financières sur 12 mois, dit-il. Même si nous n'avons pas de craintes à ce stade-ci, nous surveillerons le tout de près. »
Une occasion d'achat, mais une diminution du cours cible
Doug Young, de Desjardins Marché des capitaux, compte parmi le tiers des analystes qui voient en l'Industrielle Alliance une occasion d'achat. Il est d'avis que l'assureur n'est pas vulnérable à un choc économique d'une ampleur « raisonnable ». À 9,6 fois les prévisions de bénéfices pour 2016, le titre est attrayant, croit-il. Cela dit, la faiblesse des ventes de fonds communs et d'assurance vie ainsi que les difficultés à offrir une offre concurrentielle dans l'assurance collective le préoccupent. M. Young diminue sa cible de 51 $ à 47 $.