Le développement du commerce électronique en Amérique du Nord contribuera de manière importante à la croissance future des revenus de TransForce (Tor., TFI), la plus importante entreprise de camionnage au Canada.
«C'est une business qui est intéressante pour nous, car il va y avoir de la croissance», affirme Alain Bédard, président du conseil ainsi que président et chef de la direction de TransForce, en entrevue avec Les Affaires.
Et pour croître dans ce créneau, TransForce misera à la fois sur la croissance interne et des acquisitions, précise le dirigeant.
Les analystes financiers Kevin Chiang et Khaled Omar, de Marchés mondiaux Banque CIBC, voient beaucoup d'occasions de croissance interne dans le commerce électronique pour la division Livraison de colis et de courrier (Package and Courier, en anglais) de TransForce.
«Nous considérons le segment de colis et courrier comme celui qui représente la meilleure occasion de croissance interne pour l'entreprise», écrivent-ils dans une récente note.
Selon Alain Bédard, TransForce réalise actuellement des revenus d'environ 650 millions de dollars grâce au commerce électronique, et ce, sur des revenus totaux de 3,7 milliards de dollars canadiens au 31 décembre 2014. Et dans trois ans, les recettes tirées de cette activité dépasseront le milliard de dollars, assure-t-il.
Cette croissance du commerce électronique profitera non seulement à la division Livraison de colis et de courrier, mais aussi à l'ensemble de l'entreprise, précise le patron de TransForce.
Alain Bédard estime que le bénéfice par action de TransForce pourrait croître de 10 à 20 % sur trois ans.
Au 31 décembre, le bénéfice par action s'est élevé à 1,74 $, une hausse de 35 % par rapport au bénéfice de 1,29 $ enregistré l'an dernier.
Un bond de 36 % d'ici 2017
Le commerce électronique connaît une croissance fulgurante depuis quelques années partout dans le monde.
En 2014, le commerce interentreprises (B2B) en Amérique du Nord a totalisé 482,6 G$ US, selon la firme de recherche eMarketer. Et en 2017, il pourrait atteindre 660,4 G$ US, soit un bond de 36,8 %.
Ce n'est toutefois pas dans le segment interentreprises que TransForce compte faire une percée importante. L'entreprise montréalaise vise surtout le créneau du commerce électronique de détail (B2C), soit les produits livrés directement aux consommateurs.
Et dans ce segment, TransForce s'intéresse particulièrement à la niche des services de livraison le jour même (les derniers kilomètres).
Un segment de marché différent de la livraison du lendemain, où l'on retrouve de grands acteurs comme Purolator, UPS, FedEx, sans parler de TransForce.
Dans le segment de la livraison le jour même, on compte de grands détaillants, comme Walmart ou Amazon (et son service Amazon Prime). Ces multinationales veulent acheminer le plus rapidement possible leurs produits à leurs clients. Comment ? En faisant livrer directement les produits de leurs entrepôts à la résidence des consommateurs, sans transiter par les centres de distribution des FedEx de ce monde.
TransForce mène d'ailleurs un projet-pilote avec un détaillant à Toronto et à Vancouver, deux villes canadiennes où ce dernier possède des entrepôts.
Ainsi, chaque jour, des camions de TransForce sont chargés de produits dans ces deux entrepôts. Ils vont ensuite les livrer directement aux clients de ce détaillant à Toronto et à Vancouver.
La livraison le jour même n'est possible que dans les centres urbains à forte densité de population, souligne Alain Bédard. «En Amérique du Nord, 17 villes sont intéressantes pour nous», explique l'homme d'affaires.
Parmi ces villes, au Canada, on compte Toronto, Vancouver et Montréal. Le marché montréalais pose toutefois un défi, car il s'y trouve peu de grands entrepôts de multinationales.
Aux États-Unis, on parle de grandes villes comme Los Angeles, San Francisco, Dallas, Houston, Chicago, Miami ou New York.
Par exemple, dans le seul arrondissement de Manhattan, à New York, TransForce emploie quotidiennement 600 chauffeurs. Plusieurs d'entre eux peuvent donc livrer des produits aux résidents dès la journée où ils ont effectué leurs achats en ligne.
Le marché de la livraison le jour même s'élève à peine à 10 G$ US à l'heure actuelle, selon Alain Bédard. «Ce n'est pas gros, ce n'est rien !» C'est pourquoi le potentiel de croissance est énorme, souligne le dirigeant.
3,7 G$: Les revenus de TransForce ont totalisé 3,7 G$ lors de l’exercice 2014 qui s’est terminé le 31 décembre dernier. Les revenus de l’entreprise avaient été de 3,1 G$ lors de l’exercice 2013. Source : TransForce