Maintenant que les négociateurs de Wall Street ont digéré la dinde de la Thanksgiving et les ventes du Black Friday, ils auront à se mettre sous la dent de multiples données économiques qui donneront le ton aux Bourses jusqu’à la fin de l’année.
Au cours de la dernière semaine, la Bourse de Toronto a fléchi de 2,4%, plombée par les matières premières. Wall Street a pour sa part poursuivi son avancée. Le S&P 500 a pris 0,2%, le Dow Jones 0,1% et le Nasdaq, 1,7%.
D’ici vendredi prochain, il y aura aux États-Unis diffusion des chiffres sur l'activité dans le secteur manufacturier, les dépenses de construction, les ventes de voitures et l'activité dans les services. Mais ce sont surtout les données sur l’emploi, vendredi, qui alimenteront les débats. Les chiffres inciteront-ils la Réserve fédérale américaine à changer son discours à propos des taux d’intérêt? Voilà la grande question que se posent les investisseurs.
Au Canada, plusieurs entreprises d’intérêt dévoilent leurs résultats cette semaine, dont les banques.
Banque Nationale: le Québec pas un obstacle à la croissance
Même si le principal marché de la Banque Nationale (Tor., NA), le Québec, connaît des moments économiques difficiles, la plus petite des grandes banques canadiennes devrait afficher une saine croissance grâce à la vigueur de certains créneaux et aux acquisitions.
La banque dirigée par Louis Vachon va dévoiler ses résultats le 5 décembre.
Sohrab Movahedi, analyste de BMO Marché des capitaux, anticipe que la Nationale va accroître son bénéfice par action de 14% à 1,14$. L’ensemble des analystes visent 1,15$ par action.
La division de gestion de patrimoine devrait continuer d’être un moteur de la croissance pour l’institution québécoise. Ce créneau devrait afficher une progression de 25% de son bénéfice, grâce entre autres aux acquisitions. Rappelons que la Nationale a notamment conclu l’acquisition des services institutionnels de la Banque TD au cours du premier trimestre de l’exercice 2014.
Le plus important segment de l’institution, la division Particuliers et Entreprises, devrait pour sa part accroître sa rentabilité de 13%, prévoit l’analyste de BMO.
Il sera par ailleurs important de surveiller la division des marchés financiers. Des six grandes banques canadiennes, la Nationale est celle qui tire la plus grande portion de ses bénéfices des marchés financiers (émissions de titres, fusions et acquisitions, négociation, etc).
Sohrab Movahedi avance l’idée que la Nationale pourrait relever son dividende trimestriel de 4% cette semaine.
Dollarama: une comparaison difficile
Le détaillant montréalais de produits à prix modérés Dollarama (Tor, DOL) devrait poursuivre sa forte croissance des revenus et bénéfices au troisième trimestre, mais risque d’affronter des vents de face un peu plus forts à l’avenir.
La chaîne de magasins va dévoiler ses résultats le 4 décembre.
Kenric Tyghe, analyste de Raymond James, prévoit que la société dirigée par Larry Rossy augmentera son bénéfice par action d’environ 20% par rapport à l’an dernier, à 0,52$. C’est 2 cents de moins que la moyenne des analystes.
Au chapitre des ventes, Neil Linsdell, de l’Industrielle Alliance, anticipe une croissance des revenus de 15% à 601M$. L’ensemble des analystes visent des recettes de 599M$.
Les ventes comparables, une mesure clé de la performance des détaillants qui permet d’évaluer les magasins ouverts depuis au moins un an, devraient avoir progressé de 6,6%, prévoit M. Linsdell.
Cette prévision est optimiste, car les ventes comparables avaient déjà grimpé de 4,8% à la même période l’an dernier. M. Tyghe se dit plus prudent et vise une hausse des ventes comparables de 4,5%, laquelle repose sur une modeste croissance de l’achalandage et de la facture moyenne des clients.
Dollarama continue d’obtenir la faveur des analystes. M. Linsdell se montre toutefois plus prudent, comme en témoigne son récent changement de recommandation. Il suggère de conserver le titre plutôt que de l’acheter.
La société doit composer avec une hausse des coûts de main-d’oeuvre (salaire minimum), ainsi qu’avec un dollar canadien déprécié pour les achats de marchandises en dollars américains.
L’action a aussi connu une appréciation de 25% au cours de la dernière année, ce qui rend son évaluation moins attrayante, juge l’analyste.
Gildan: cap sur 2015
Le fabricant de t-shirts, de chaussettes et de bas collants Vêtements de Sport Gildan (Tor., GIL) devrait afficher une forte croissance de ses revenus et bénéfices au quatrième trimestre, mais ce sont surtout les perspectives du prochain exercice qui retiendront l’attention des investisseurs cette semaine.
La société montréalaise dévoilera ses résultats du quatrième trimestre le 4 décembre avant l’ouverture des Bourses.
Derek Dley, analyste de Canaccord Genuity, vise un bénéfice de 1,07$US l’action, ce qui représenterait une croissance de 28,9% par rapport au même trimestre il y a un an. Il est un brin moins optimiste que l’ensemble des analystes, qui ciblent 1,08$US l’action.
Les revenus de la société devraient s’établir à 771M$US, en hausse de 23% par rapport à la même période il y a un an, estime l’analyste de Canaccord.
Rappelons que Gildan a complété l’acquisition du manufacturier montréalais de bas collants Doris le 7 juillet 2014, dans le cadre d’une transaction de 102M$. Cette transaction permet à Gildan de se diversifier, mais aussi d’accroître son réseau de distribution (dans les pharmacies, par exemple).
Les investisseurs vont concentrer leur attention sur les perspectives de l’exercice 2015 qui vient de s’amorcer, ainsi que sur les parts de marché que fournira la direction.
M. Dley anticipe un bénéfice de 3,57$US l’action pour l’année prochaine. Gildan devrait profiter des effets positifs de la baisse récente du prix du coton, une matière première qui pèse lourd sur ses résultats, dans la deuxième moitié de l’exercice.
Par ailleurs, le bilan de Gildan demeure solide en dépit de la récente acquisition de Doris. La société pourrait en profiter pour réaliser d’autres transactions l’an prochain. M. Dley calcule qu’un achat de 150 à 300M$US ajouterait À son bénéfice par action de 0,11$US à 0,28$US.
Recherche: Rachel Tousignant