Le spécialiste de la rénovation Rona (Tor., RON) a décidé d'éliminer sa structure de magasins franchisés en rachetant les 20 établissements qui étaient exploités de la sorte depuis l'entrée du détaillant dans le secteur des magasins-entrepôts, il y a 20 ans.
Ce changement devrait lui permettre de mieux concurrencer ses grands rivaux américains, a-t-il estimé jeudi.
La société établie à Boucherville a expliqué qu'elle rachetait ainsi 18 magasins franchisés au Québec et deux autres dans la région d'Ottawa pour un montant non précisé. Ceux-ci comprennent 17 magasins de grande surface et trois magasins de plus petite taille.
Après la transaction, Rona détiendra 233 magasins corporatifs et plus de 275 magasins affiliés au Canada, exploités sous diverses bannières.
«La concurrence à laquelle nous sommes confrontés dans le commerce de détail de grande surface est exclusivement corporative, alors cela nous donne l'habileté de réagir plus rapidement aux promotions, d'être plus proactifs au chapitre du développement à travers le Québec, et cela est plus efficace pour l'ensemble pour la compagnie», a expliqué le vice-président exécutif au détail, Luc Rodier, lors d'un entretien.
Pas le prélude à une vente
Rona a allégé ses activités ces trois dernières années, dans le but de réduire ses coûts et de renouer avec les profits malgré les difficultés de l'environnement du commerce de détail.
Selon M. Rodier, la migration vers une structure semblable à celle de ses rivales ne vise pas à préparer Rona pour une éventuelle vente.
Les franchisés avaient approché la société il y a six mois au sujet d'une vente. La transaction fait en outre suite au rachat de cinq autres emplacements franchisés depuis 2005.
Chacun des 79 magasins Rona à grande surface seront détenus à part entière par la société à la suite de la transaction.
L'entente devrait être conclue en septembre et elle est assujettie à une révision des activités de chacun des magasins franchisés.
Selon M. Rodier, la transaction ne touchera pas les employés et elle passera largement inaperçue aux yeux des consommateurs.
«Pour les communautés locales, il n'y a que très peu de changement à part la propriété. Les équipes de direction locales resteront en place, les employés resteront en place, le service restera le même et l'offre de produits restera celle de Rona.»
L'acquisition permettra aussi à Rona d'incorporer les ventes et profits des 20 magasins à ses propres résultats financiers.
Mais l'analyste Irene Nattel, de RBC Marchés des capitaux, a indiqué que même si la transaction simplifierait le modèle d'affaires de Rona, elle ne changerait pas grand-chose aux défis auxquels est confronté le détaillant.
«Avec les difficiles perspectives pour le marché de l'habitation canadien et la modeste croissance des dépenses des consommateurs, nous croyons qu'il sera ardu pour Rona de générer une croissance soutenue des revenus une fois passée la période actuelle des comparaisons faciles», a-t-elle écrit dans un rapport.
Les grandes surfaces du Québec, les plus rentables
Les grandes surfaces du Québec, les plus rentables
Rona met ainsi la main sur ses magasins les plus rentables, fait valoir Jim Durran, de Barclays.
Le rachat des 20 magasins franchises ajoutera environ 20M$ au bénéfice d’exploitation et gonflera son bénéfice par action de 1,5 à 4%, selon l’hypothèse d’une transaction de 300 à 460M$ financé en puisant dans sa marge de crédit, estime fait-il valoir.
L’analyste évalue que les franchises acquises réalisent des revenus de 567M$ et une marge d’exploitation de 9,4%, nettement supérieure à celle de 7,4% de l’ensemble des activités au détail de Rona.
Rona comptabilisera les revenus et les marges des magasins de grande surface, mais devra retrancher les redevances des franchises ainsi que les revenus et les profits associés à l’approvisionnement de ces magasins.
L’analyste maintient son cours-cible de 15$ et sa recommandation neutre.
L’action de Rona a rebondi de 30% depuis un an grâce à trois trimestres de progression pour ses ventes comparables, ses marges et son rendement sur le captal investi.
Toutefois, les nouvelles craintes que suscite le ralentissement économique canadien, dans l’Ouest en particulier, ont fait retomber son action de 13% depuis son sommet d’avril, de 17,36$.
Son cours reste toutefois confortablement au dessus de l’offre informelle de 14,50$ par action qu’avait proposé le détaillant américain Lowe’s pour Rona, en juillet 2012.
AVEC DOMINIQUE BEAUCHAMP