C'est trois mauvaises nouvelles en une qu'a annoncées Bombardier (Tor., BBD.B, 2,71 $), il y a quelques jours. Des nouvelles qui ont plombé le titre de plus de 30 %.
> La société a annoncé qu'elle mettait sur la glace son programme de développement de l'avion d'affaires Learjet 85. Personne ne s'attendait à cela.
> Elle a revu à la baisse ses prévisions de marges bénéficiaires pour 2014. Une autre surprise, d'autant que la direction disait récemment avoir bon espoir d'atteindre son objectif dans la division Transport.
> Elle a enfin prévenu que les flux de trésorerie pour l'année (2014) provenant de ses activités se situeraient à 800 M$ plutôt que dans les limites de son précédent aperçu (1,2 à 1,6 G$).
Officiellement, la suspension du programme du Learjet 85 survient parce que le marché pour l'appareil ne se redresse tout simplement pas.
Les investisseurs, eux, redoutent qu'il y ait aussi des problèmes de liquidités en vue.
Qu'en penser ? On a fait le tour de quelques analystes.
Desjardins : le potentiel de hausse est supérieur à celui d'une baisse
Benoît Poirier, de Desjardins Marché des capitaux, estime que, malgré les craintes, la position de liquidités de l'entreprise demeure adéquate.
Il indique que Bombardier prend la bonne décision en réservant son argent à ses projets les plus porteurs.
Selon l'analyste, le potentiel haussier du titre est nettement plus élevé que le potentiel baissier. À son avis, la division Transport vaut à elle seule de 2,65 $ à 2,81 $ CA par action. L'action devrait stagner jusqu'au 12 février, jour des résultats du dernier trimestre et de l'aperçu 2015. Mais, sur un an, sa cible est à 5,25 $.
Valeurs mobilières GMP : faible fin d'année, liquidités adéquates
Deepak Kaushal, de Valeurs mobilières GMP, estime que la fin d'année est faible quant aux liquidités, mais celles-ci lui semblent adéquates. Il s'attend à ce que Bombardier refinance une tranche de dette de 750 M$ de sa dette principale, qui vient à échéance en janvier 2016.
L'analyste continue de penser que les programmes CSeries et Global seront les catalyseurs clés du titre. Tout comme Desjardins, une recommandation d'achat est maintenue, avec une cible à 5 $.
Prudence, dit Valeurs mobilières TD
Tim James réitère une recommandation «conserver».
Il estime que les récents développements mettent en exergue un niveau de risque plus élevé pour le titre et qu'ils incitent à la prudence.
L'analyste note que la demande s'améliore du côté des jets régionaux, et que les carnets de commandes des avions d'affaires et de la division Transport restent solides. Il croit cependant qu'il sera difficile de convertir les futurs revenus en bénéfices générant un bon rendement du capital. Et qu'il sera aussi, conséquemment, difficile de réduire la dette de Bombardier. Il diminue sa cible de 4 $ à 3 $.
BMO : 1,5 G$ de plus sera nécessaire
Fadi Chamoun est d'avis que la rentabilité du géant montréalais continuera de diminuer au cours des deux prochaines années, en raison de la faible rentabilité du carnet de commandes dans l'aéronautique et de la dilution qu'entraînera le lancement du CSeries (notamment parce que les frais d'intérêts sont capitalisés). Il voit le bénéfice passer d'environ 0,35 $ US par action à environ 0,25 $ US pour les deux prochains calendriers.
Du côté des fonds de trésorerie, l'analyste estime que Bombardier aura vraisemblablement besoin d'aller chercher 1,5 G$ de financement supplémentaire - probablement sur le marché de la dette - pour rebâtir un coussin financier qui lui permette de poursuivre pendant trois autres années le développement de ses programmes et le lancement du CSeries.
M. Chamoun dit voir le niveau d'endettement de Bombardier s'élever dans la prochaine année, alors que la rentabilité des actifs ne devrait pas s'améliorer, ce qui fera fondre la valeur de ce qui reste aux actionnaires.
La cible est abaissée de 4,75 $ à 3 $.
* - 34,7 %: Le titre de Bombardier a chuté de 34,7 % depuis le début de 2015.