Seize mois après son entrée en Bourse, Lumenpulse (Tor., LMP, 18$) fracasse la barre symbolique de 100M$ de revenus annuels, augmente ses ventes de 82% au quatrième trimestre et dégage un premier bénéfice annuel de 0,07$ par action, mais certains investisseurs attendaient manifestement plus.
Les analystes auraient aimé voir le petit fabricant d’éclairages architecturaux DEL à haut rendement profiter davantage de l’explosion de ses ventes. Or, les marges et le bénéfice net du quatrième trimestre ont été inférieurs aux prévisions.
Après les résultats, Jed Dorsheimer, de Canaccord Genuity, a d'ailleurs réduit son cours-cible de 24 à 21$, car l'intégration de ses acquisitions allourdit sa structure de coûts à court terme.
Pourtant n'eut été d'une perte de change liée à un élément du biian, de 0,03$ par action et d'un gain d'impôts, Lumenpulse aurait presque atteint le bénéfice de 0,06$ par action, prévu par les analystes pour le quatrième trimestre.
Son action a baissé de 3% à l’ouverture des marchés le 18 juin et s’est stabilisée ensuite. Il faut dire qu’elle s'était emballée de 14% entre les 10 et 17 juin, en prévision de bons résultats.
Son titre avait aussi réagi à un premier rapport optimiste de Steve Arthur, de RBC Marchés des capitaux, qui a amorcé le suivi de la société, le 16 juin avec un cours-cible d’un an de 25$ et un autre de 43$, d’ici trois ans.
Même si la société se donne encore quatre ans pour atteindre une marge brute de 50% et une marge d’exploitation de 18 à 20% - et qu’elle devancera fort probablement son propre échéancier - les amateurs de croissance qui ont acheté ses actions sont pressés.
Il faut dire que la marche est haute à franchir pour satisfaire les investisseurs quand l’action se négocie à un multiple élevé de 31,4 fois le bénéfice de 0,57$ par action projeté pour 2016 par l’ensemble des analystes.
Les attentes sont élevées pour la société qui surfe l’adoption de l’éclairage à diodes électroluminescentes (DEL) par les architectes et les designers pour leurs projets.
Les analystes ont concentré la majorité de leurs questions, lors de l’appel-conférence qui leur est destiné, à chercher à comprendre pourquoi la marge brute avait baissé de 1% à 44% au quatrième trimestre, malgré des ventes 82% plus élevées.
Le lendemain des résultats, le 19 juin, Kris Thompson, de la Financière Banque Nationale, revient d'ailleurs sur terre. Il diminue son cours-cible de 21% à 22$ parce que la courbe d'amélioration des marges sera plus lente qu'il ne l'avait prévu.
"La société perçoit un important potentiel de croissance et investit aujourd'hui pour monétiser l'avenir", écrit l'analyste pour expliquer la réduction de 29% de ses prévisions de bénéfice d'exploitation pour 2016 et de 12% de celui de l'année suivante.
Les analystes se familiarisent encore avec le mode de fonctionnement de la société du quartier Griffintown, à Montréal, un peu plus d’un an après son entrée en Bourse.
La société investit dans sa croissance
La société investit dans sa croissance
Pour leur part, François-Xavier Souvay, le président-fondateur et Robert Comeau, le chef de la direction financière, ont assuré que le parcours et la performance de l’entreprise sont tout à fait conformes au plan de match, tout en rappelant qu’elle investit dans sa croissance rapide.
Le nombre d’employés est notamment passé de 397 à 446, depuis un an. Quelque 47 d'entre eux sont dédiés à la mise au point de nouveaux luminaires, de nouvelles applications ou de nouvelles technologies.
Le nombre de ses représentants à l’étranger est passé de 8 à 20. Lumenpulse a aussi conclu de nouvelles ententes avec des agents commerciaux en Europe, en Asie et en Amérique latine. Le tiers de ses revenus proviennent déjà des marchés hors de l’Amérique du Nord.
Lumenpulse a aussi renforcé sa chaîne d’approvisionnement, a automatisé certaines fonctions d’assemblage et a accru sa capacité de production à Montréal.
«Notre marge brute de 44% est très stable depuis trois trimestres, malgré la marge inférieure des produits des sociétés acquises», a fair valoir M. Comeau.
Malgré ses investissements et trois acquisitions, Lumenpulse a aussi dégagé un petit bénéfice ajusté pour le troisième trimestre consécutif, a ajouté M. Comeau.
Les coûts de 300 000$ d’un consultant externe, embauché pour améliorer l’efficacité de la chaîne d’assemblage, expliquent d’ailleurs une partie de la hausse inattendue des dépenses au quatrième trimestre.
Des commissions d’un million de dollars ont aussi été versées aux représentants et aux agents au quatrième trimestre, ce qui reflète les ventes accrues.
Les frais de consultation, les coûts de la participation au salon Lightfair de New York, les embauches et les frais associés au plan de rémunération incitatif, se feront encore sentir au premier trimestre, prévient M. Comeau.
«En dollars nos dépenses d’exploitation continueront d’augmenter, mais elles baisseront en proportion des ventes parce que nos investissements génèreront des ventes additionnelles», a expliqué M. Comeau.
Les marges devraient aussi s’améliorer naturellement à mesure que l’usine augmente sa cadence et son efficacité.
«Nous travaillons sans cesse pour réduire nos coûts de production et ceux de nos composantes», a précisé le chef des finances.
La contribution des acquisiitons encore à venir
La contribution des acquisiitons encore à venir
Lumenpulse n’a pas encore profité du lancement il y a deux mois aux États-Unis d’une gamme de 15 luminaires destinés à l’industrie du commerce de détail, de la restauration et de l’hôtellerie, provenant de l’acquisition de la Britannique AlphaLED.
L'implantation d'une structure de vente par comptes nationaux vise à pénétrer plus rapidement ces nouveaux marchés.
«C’est le meilleur lancement de notre histoire. Le pipeline de vente est solide, mais il faudra encore de 6 à 9 mois avant que cet intérêt se traduise en ventes. Le cycle de vente des luminaires de catégories de spécifications est long», a expliqué M. Souvay.
Lumenpulse ne fait pas qu’offrir les luminaires d’AlphaLED adaptés pour le marché américain aux États-Unis, la Britannique AlphaLED vend aussi les luminaires de Lumenpulse dans ses marchés.
«Au prochain trimestre, une bonne part de nos projets sont en Grande-Bretagne, ce qui révèle que les ventes croisées fonctionnent bien», explique M. Souvay.
D’ici 6 à 8 mois, Lumenpulse devrait offrir une nouvelle génération de luminaires extérieurs Lumenarea, une fois qu’elle aura intégré ses technologies aux produits d’Éclairage SDL, acquise en mars.
Le portefeuille de SDL comprend plus de 150 produits, notamment des bornes d’éclairage, des colonnes lumineuses, des lampadaires et des luminaires à montage mural pour des bâtiments.