Depuis que j'ai publié un livre décrivant mon approche de placement fondée sur l'achat de sociétés extraordinaires, on me demande souvent des exemples concrets.
Or, la semaine dernière, je lisais le rapport annuel de Visa et, à un certain moment, je me suis écrié «wow ! voilà un bon exemple d'entreprise exceptionnelle».
Tous les lecteurs connaissent Visa (NY, V, 232,99 $ US) ; la plupart ont probablement une carte de crédit portant ce nom. Visa, située à San Francisco, est une société de technologie de paiement active dans le monde entier.
Sa mission est de relier les consommateurs, les entreprises, les institutions financières et les gouvernements dans plus de 200 pays en permettant le paiement par voie électronique de façon rapide, fiable et sécuritaire.
Un modèle d'entreprise lucratif
Visa n'est pas une banque et n'émet pas de cartes de crédit ou autre. Elle ne court donc aucun risque de crédit. En fait, les institutions financières paient pour pouvoir utiliser la marque de commerce Visa, et cette dernière est également rémunérée chaque fois qu'une transaction est faite sur son réseau.
Il s'agit donc d'un modèle d'entreprise fort intéressant et lucratif. Et cela se reflète dans ses résultats financiers.
Lors de son exercice clos le 30 septembre 2013, ses revenus ont bondi de 13 % à 11,8 milliards de dollars américains dans une économie mondiale dont la croissance est plutôt modeste et où les incertitudes sont légion. Ses bénéfices ont augmenté de 18 %, à 5,0 G$ US, et son bénéfice par action, de 23 %, à 7,59 $ US par rapport à 2012.
En fait, depuis son premier appel à l'épargne réalisé en mars 2008, ses résultats ont été étincelants. Son chiffre d'affaires a pratiquement doublé tandis que ses bénéfices ont presque triplé.
La croissance est au rendez-vous et la rentabilité également. Par exemple, lorsque Visa est venue en Bourse, elle réalisait des marges bénéficiaires nettes de 27,1 %. Elles n'ont cessé de grimper depuis, atteignant 42,3 % en 2013. On peut dire la même chose du rendement de l'avoir, qui est passé de 8,0 % en 2008 à 18,5 % l'an dernier.
Vous ne serez pas surpris d'apprendre qu'une telle société a une situation financière impeccable. Au 30 septembre, son bilan montrait 6,8 G$ US en encaisse et placements (plus de 10 $ US par action), sans dette à long terme.
Ces chiffres parlent avec éloquence. Toutefois, je ne connais pas vraiment ses dirigeants. En fait, le président et chef de la direction, Charles W. Scharf, est en poste depuis un an. Il est un peu tôt pour évaluer son travail.
Gestion du capital
Par contre, j'ai été bien impressionné par sa lettre à ses actionnaires. Il décrit bien les activités de Visa, ses défis, et il n'hésite pas à souligner les erreurs commises par le passé.
«Nos actions et parfois nos inactions ont fait en sorte que des marchands dans certaines parties du monde industrialisé ont remis en cause la valeur de nos services», écrit M. Scharf, avec candeur. Ce qui expliquerait à son avis pourquoi Visa et des concurrents comme Mastercard ont dû affronter des marchands qui estimaient payer trop cher pour leurs services.
La gestion du capital est un domaine qui démontre que la direction travaille vraiment pour les actionnaires. Le président explique clairement dans son rapport annuel ses principes de gestion, à savoir qu'il préfère réinvestir dans ses activités pour soutenir sa croissance, ensuite, verser environ 20 % de ses bénéfices en dividendes et, enfin, racheter de ses actions.
Visa a racheté l'équivalent de 151 millions d'actions depuis son arrivée en Bourse, soit environ 20 % de ses titres en circulation. Ce sont plus de 17 G$ US qui se sont retrouvés dans les poches des actionnaires. Je fais confiance au président lorsqu'il écrit : «Nous croyons dans le retour de la plus grande partie de l'argent excédentaire à nos actionnaires.»
Si vous avez lu mon livre Investir à la Bourse et s'enrichir, vous savez que Visa répond à tous mes critères. Sa performance passée est exceptionnelle ; sa croissance est élevée ; sa rentabilité est nettement supérieure et elle a un bilan impeccable. De plus, la force de son réseau lui procure un avantage concurrentiel crucial.
Sachant cela, le dernier élément est d'évaluer le potentiel de la société à long terme par rapport à son évaluation. Le titre se vendait récemment à plus de 230 $ US, soit 29 fois ses bénéfices des quatre derniers trimestres. Facteur plus important encore, Visa devrait réaliser un profit par action de 8,90 $ US cette année, ce qui signifie qu'on paie 25,6 fois ces bénéfices. Cela vous donne une idée rapide quant à savoir si le titre est intéressant. Si vous trouvez cela cher, n'oubliez pas que des entreprises comme Visa valent cher, car elles sont très rares.
En élaborant un scénario de croissance de 15 % par année, on arrive à des bénéfices d'environ 15 $ US dans cinq ans. À 20 fois les profits, vous avez un titre à 300 $ US, soit une appréciation d'environ 6 % par année, sans compter le dividende qui est inférieur à 1 %.