La croissance des banques ralentit, avant même que l'activité immobilière n'ait basculé. Et que dire de la chute violente du cours du pétrole qui ne manquera pas d'assombrir l'économie et l'humeur des consommateurs de l'Ouest canadien et de réduire les activités de financement des producteurs de carburant.Malgré ces vents contraires, les banques peuvent encore procurer des rendements enviables. La force de leur guichet unique de services leur donne les moyens de faire croître leurs bénéfices de 5 % à 7 % par an, de verser un dividende de 3 % à 4 %, d'augmenter celui-ci et de racheter leurs actions,
Leur évaluation, à 12 fois les bénéfices prévus, est attrayante par rapport à celle de la Bourse dans son ensemble (15,0), et plus attrayante encore par rapport à celle des autres titres payeurs de dividendes tels que les télécommunications (15,9) et les services aux collectivités (21,2).
La majorité des analystes conseillent de les conserver en portefeuille.
Cela suggère que les cours de leurs titres n'ont pas fini de s'ajuster à la croissance plus lente de leurs bénéfices et à la volatilité accrue de leurs résultats.
Pourquoi la Royale et BMO de démarquent
Dans cet environnement plus turbulent, deux banques semblent offrir de meilleures perspectives de placement aux investisseurs patients qui sauront être opportunistes.
La Banque Royale (Tor., RY, 79,67 $) a plus de leviers à sa disposition que ses rivales pour contrer le plafonnement des revenus, croit Sumit Malhotra, de Banque Scotia.
«Sa grande taille lui procure plus de flexibilité pour apparier ses coûts à des revenus moins robustes», dit aussi Doug Young, de Desjardins Marché des capitaux.
La banque se dit d'ailleurs suffisamment diversifiée pour faire croître ses bénéfices de 7 % par année. Déjà très forte en gestion du patrimoine, la banque se prépare depuis longtemps à ce que les produits d'épargne et d'investissement remplacent les prêts comme moteur de croissance.
Confiant, M. Young prévoit également une hausse de 9 % de son dividende en 2015 et un rachat plus actif de ses actions, maintenant qu'elle s'est recapitalisée. Il établit son cours cible d'un an à 90 $.
La Banque de Montréal (Tor., BMO, 79,79 $) présente un profil plus équilibré, avec une croissance de son portefeuille de prêts des deux côtés de la frontière.
La progression prévue de 6 % des bénéfices de ses activités traditionnelles de dépôts et de prêts, tant au Canada qu'aux États-Unis, devrait soutenir son titre banque en Bourse en 2015, prévoit Mario Mendonca, de Valeurs mobilières TD. Son cours cible d'un an : 90 $.
De plus, le portefeuille de prêts de la Banque de Montréal est proportionnellement moins exposé au secteur de l'énergie que ses semblables. Cet avantage relatif pourrait procurer un filet à son titre en Bourse, si la chute du pétrole se prolonge ou s'amplifie, estime Sohrab Movahedi, de BMO Marchés des capitaux.
La banque préférée des analystes jusqu'ici avec 15 recommandations d'achat, la Banque TD (Tor., TD, 53,43 $) se retrouve au banc des punitions à la suite d'un quatrième trimestre décevant sur toute la ligne.
Le nouveau président Bharat Masrani aura fort à faire pour regagner la confiance des analystes après un bond inattendu de 5 % de ses frais d'exploitation. L'institution financière a admis qu'elle sera incapable d'atteindre la croissance promise de 7 % à 10 % de ses bénéfices en 2015.
Gabriel Dechaine, de Canaccord Genuity, a réduit à 5 % la croissance qu'il prévoit l'an prochain et a abaissé son cours cible d'un an de 57 $ à 55 $.
Sumit Malhotra, de Banque Scotia, continue de croire que la banque est particulièrement bien placée pour profiter de la reprise américaine et d'une éventuelle remontée des taux au sud de la frontière qui amélioreront ses marges. Elle tire 28 % de ses bénéfices de ses activités américaines bancaires et de courtage, précise aussi M. Movahedi.
«Son titre ayant perdu la prime d'évaluation qu'il avait par rapport aux autres banques, le pari que ses investissements américains deviendront plus rentables est plus facile à faire qu'avant», évoque M. Malhotra.
Les banques moins chèrement évaluées que le S&P/TSX et d'autres payeurs de dividendes¹
(Multiple des bénéfices prévus dans 12 mois)
Banques 12,0 fois
S&P/TSX 15,0 fois
Services aux collectivités 21,2 fois
Télécommunications 15,9 fois
¹ Au 5 décembre 2014
Source : Financière Banque Nationale