Que faire avec les titres de Jean Coutu, Quincaillerie Richelieu et Canadian Western Bank? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note : l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Jean Coutu (PJC.A, 22,97$): la hausse de 3% des bénéfices au premier trimestre sera la meilleure de l’année
De l’avis de Michael Van Aelst, de Valeurs mobilières TD, Groupe Jean Coutu donnera bien peu de rendements à ses actionnaires en 2015.
En fait, la hausse de 3% des bénéfices à 0,30$ par action qu’il prévoit pour le premier trimestre pourrait s’avérer la meilleure de l’année. Jean Coutu dévoilera ses résultats le 7 juillet, à 8h30.
Reste à savoir si la chute de 20% de l’action de Jean Coutu depuis son sommet du 5 janvier, reflète déjà ces attentes diminuées. À son sommet de janvier, l’évaluation de Jean Coutu avait atteint 23 fois les bénéfices prévus.
L’engouement pour la stabilité des titres de consommation essentielle et un rachat de 11% des actions par Jean Coutu, avaient fait grimpé son action de 54% en 2014.
«Jean Coutu se classe le moins bien parmi nos titres. Nous continuons de recommander de le remplacer par Loblaw ou Alimentation Couche-Tard» écrit-il.
Les pharmacies sont frappées par la loi 28 qui coupe 177M$ dans leurs honoraires. L’analyste estime que la compensation que pourrait fournir Jean Coutu à ses propres franchisés amputerait 0,05$ à son bénéfice sur une base annuelle.
Les marges de sa filiale de médicaments génériques Pro Doc ont aussi probablement plafonné parce que moins de médicaments vedettes perdent la protection de leur brevet.
Le gouvernement a aussi réduit le taux de remboursement pour quatre autres médicaments génériques populaires, à partir d’avril 2015 et d’avril 2016.
En plus, une nouvelle entente entre l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires et le gouvernement, intervenue le 29 juin, abolirait le plafond de 15% applicable aux rabais qui peuvent être payés par les fabricants de médicaments génériques aux pharmaciens lorsqu’ils achètent des médicaments d’ordonnance. Si elle est ratifiée, l’entente réduirait la rentabilité de Pro Doc.
Quant à la vente au détail proprement dite, Jean Coutu investit pour défendre ses parts de marché et riposter aux nombreuses promotions de ses rivaux, ajoute M. Van Aelst.
Jean Coutu n’a pas racheté d’actions depuis deux trimestres, ce qui retire aussi un appui à ses bénéfices et à son titre.
Une lueur au tableau : si la Loi 28 affaiblissait les pharmaciens indépendants, Jean Coutu pourrait réaliser des acquisitions et ainsi faire travailler son surplus de capital.
«Il faudra attendre la fin de 2015 ou 2016 avant que la société décide de retourner plus de capital à ses actionnaires», dit-il.
Quincaillerie Richelieu (RCH, 64,15$): après le Texas, la Californie est dans la mire
Quincaillerie Richelieu (RCH, 64,15$): après le Texas, la Californie est dans la mire
Des résultats presque exemplaires au deuxième trimestre valent à Quincaillerie Richelieu deux nouveaux-cours-cible de 71$ de la part de Marché des capitaux Desjardins et de Banque Scotia, pour un gain potentiel de 11,2%.
L’équilibre entre sa croissance interne et par acquisition, des gains de part de marché au Canada, une hausse toute fraîche des prix pour contrer la hausse du dollar américain et une percée au Texas, donnent au grossiste de quincaillerie pour les cuisines, les salles de bain et les meubles des perspectives solides.
«Connaissant la stratégie délibérée d’acquisitions de la société, son premier petit achat au Texas devrait mener à d’autres acquisitions aux Etats-Unis, ainsi qu’à une première entrée en Californie, d’ici 12 à 18 mois», prévoit Chase Bethel, de Desjardins.
L’analyste augmente son cours-cible de 69 à 71$ parce que les principaux facteurs qui ont pesé sur ses marges et ses flux de trésorerie au deuxième trimestre, soit la hausse des coûts d’approvisionnement provoquée par le dollar américain fort et les dépenses liées à l’élargissement de ses gammes de produits chez les détaillants canadiens, se renverseront au cours des prochains trimestres.
La société mérite son multiple de 21 fois le bénéfice prévu en 2016, croit Leon Aghazarian, de la Financière Banque Nationale, compte tenu de sa croissance régulière, de l’amélioration de sa position concurrentielle, de la gestion adroite de son capital et du potentiel d’acquisitions aux États-Unis. Il maintient son cours-cible à 70$.
«La société est un bon moyen de miser sur la reprise des dépenses de construction et de rénovation aux États-Unis et un bon placement solide à conserver à long terme», écrit-il.
Canadian Western Bank (CWB, 28,03$) : sa valeur est attrayante, mais pas ses perspectives
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Gabriel Dechaine, de Canaccord Genuity, amorce le suivi de la banque avec une recommandation neutre parce que 94% de la croissance de ses prêts est corrélée au PIB de l’Alberta, dont l’économie pâtit de la chute du pétrole.
Son cours-cible de 29$ équivaut à 10,6 fois le bénéfice qu’il prévoit en 2016, soit un rabais de 8% par rapport au multiple d'évaluation moyen de son industrie.
Ce rabais lui apparaît raisonnable par rapport à la prime d’évaluation moyenne de 15% dont bénéficiait la banque depuis 10 ans et le rabais d’évaluation de 20% auquel son titre s’est échangé pendant la crise financière.
M. Dechaine prévoit une hausse de 2% de ses bénéfices en 2015 et de 7% l’année suivante, dans le meilleur des scénarios.
«Les craintes concernant un bond éventuel des mauvais prêts sont peut-être exagérées, étant donné la bonne gestion de la banque, mais il est difficile de croire que ses craintes se dissiperont dans la conjoncture actuelle», écrit-il.
Le secteur de l’énergie représente seulement 6% de ses prêts, mais c’est l’effet indirect de la faiblesse pétrolière sur l’ensemble de son portefeuille qui inquiète M. Dechaine. Il prévoit donc une hausse de ses provisions pour pertes sur prêts, d’ici la fin de 2016.