Que faire avec les titres de Bombardier, Metro et TFII? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Bombardier (BBD.B, 2,01$): rencontre satisfaisante avec les dirigeants, en pleine tempête
Benoit Poirier, de Desjardins Marché des capitaux, se dit satisfait d’une rencontre institutionnelle avec le pdg et le chef de la direction financière de Bombardier qui ont abordé huit aspects des perspectives de la société, en pleine crise de confiance.
Les dirigeants ont expliqué la séquence des livraisons chez Bombardier Transport qui explique le manque à gagner des flux de trésorerie libres de 900 millions à un milliard de dollars américains en 2018 et 2019. Cette mauvaise surprise est à l'origine de la rechute de 63% de l'action.
Bombardier se dit à l’aise avec le haut de la fourchette de zéro à 250M$US, mais juge plus prudent de prévoir des flux qui oscillent entre un déficit de 250M$US et des flux excédentaires de 250M$US parce que la fabrication des trains s’accélère.
M. Poirier juge que les objectifs de livraison de Bombardier Transport sont «aggressifs», mais il a confiance qu’une marge de 9% soit atteignable en 2020 pour cette filiale.
Bombardier a l’option de racheter la part de 27% de la Caisse de dépôt dans Bombardier Transport à partir de février 2019, une transaction estimée à 2,2G$US , mais il est peu probable qu’elle en soit capable étant donné la détérioration rapide des marchés financiers, croit désormais M. Poirier.
L’analyste note qu’une dette qui échoit en 2025 a vu son rendement à l’échéance exploser à 10,3%, pendant la récente chute des marchés, par rapport au rendement de 6,5% qui prévalait en septembre 2018.
Le renouvellement d’une dette en mars 2020 inquiète aussi les investisseurs, mais M. Poirier croit qu’un meilleur profil financier et opérationnel dans 12 mois lui permettra d’émettre des obligations à un rendement adéquat.
La suppression de 5000 postes vise à optimiser les revenus par employé maintenant que la mise au point des nouveaux jets d’affaires Global est terminée. La rationalisation devrait compenser pour la perte de la contribution aux bénéfices des activités vendues de formation BBA et des appareils Q400 dans les perspectives fournies pour 2020.
«Ces ventes indiquent que Bombardier met l’accent sur le rendement sur l’investissement et ses flux de trésorerie libres», dit-il.
Quant aux avions régionaux CRJ, Bombardier répète qu’elle aimerait conserver le programme, mais que les commandes sont insuffisantes pour en assurer la rentabilité. Les dirigeants viennent d’ailleurs de rencontrer plusieurs clients pour les rassurer.
L’enquête de l’Autorité des marchés financiers (AMF) à l’égard de la vente automatique d’actions par les dirigeants juste avant les mauvaises nouvelles du troisième trimestre prendra des mois et pourrait entraîner des amendes, explique M. Poirier.
L’analyste croit que Bombardier pourra naviguer à travers tous ces défis, incluant le renouvellement de ses dettes, parce que son exploitation interne s’améliore. Il concède que son action restera punie tant que les investisseurs ne reprendront pas confiance.
M. Poirier répète que le titre est sous-évalué de Bombardier en fonction de repères opérationnels et de la valeur de chacune de ses divisions.
La filiale des aérostructures par exemple vise des revenus de 2,25G$US en 2020 et devrait obtenir des contrats d’Airbus.
Le cours actuel n’accorde aucune valeur au programme des appareils Airbus220 (CSeries) alors que sa valeur était estimée à 4G$US au moment de la transaction avec Airbus.
Bombardier détient 31% de ce partenariat. Airbus a indiqué que vingt transporteurs aériens pourraient commander des appareils.
M. Poirier réitère son cours-cible de 5$, soit 14 fois le bénéfice projeté en 2020.
Metro (MRU, 43,14$): à quoi s’attendre jeudi?
Metro (MRU, 43,14$): à quoi s’attendre jeudi?
Le quatrième trimestre de Metro, attendu le 21 novembre, sera difficilement comparable à celui d’un an plus tôt à cause de l’acquisition de Jean Coutu.
Puisque la majorité des synergies se matérialiseront après 2019, les ventes par magasin comparable retiendront l’attention.
Sur une base équivalente de 12 semaines, Jim Durran de Barclays prévoit une hausse de 1% des ventes comparables par magasin, composée d’une augmentation de 0,5% des prix et d’une amélioration de 0,5% du nombre de transactions.
L’analyste s’attend aussi à ce que l’épicier abaisse ses propres objectifs d’inflation pour 2019, comme vient de le faire Loblaw.
Les prix des aliments croissent moins vite que prévu au moment où les coûts augmentent, si bien que l’analyste prévoit une baisse de 7% du bénéfice à 0,62$ par action pour Metro.
Il faut dire que Metro ne bénéficie plus de sa quote-part des bénéfices d’Alimentation Couche-Tard tandis que ses dépenses d’amortissement, ses frais d’intérêt et le nombre d’actions en circulation augmentent.
Par contre, les marges plus élevées de franchisage de Jean Coutu devraient améliorer le bénéfice d’exploitation de 26% à 300 millions de dollars, au quatrième trimestre, prévoit M. Durran.
Comme en témoigne la hausse de 7% de l’action de Metro depuis le début de l’année et son multiple inchangé de 15 fois les profits, Metro n’a pas perdu son statut de valeur sûre dans l’industrie, dit-il. Le S&P/TSX a perdu 6% pendant cette période.
L’action de Metro étant plus chèrement évaluée que celles de ses rivales, le potentiel d’appréciation est limité d’où sa recommandation neutre à l’égard de l’épicier.
Son cours-cible de 45$ incorpore une réduction de 2% de ses prévisions de bénéfices pour 2019 et 2020, liée à l’inflation alimentaire plus modérée que prévu.
M. Durran croit que Metro pourra tirer des synergies de 95 millions de dollars de l’intégration de Jean Coutu sur trois ans, soit 20M$ de plus que les économies de 75M$ identifiées par Metro, d’ici 2020.
TFII (TFII, 44,08$): l’ex-Transforce a un nouvel admirateur
TFII (TFII, 44,08$): l’ex-Transforce a un nouvel admirateur
Le camionneur a surpassé le S&P/TSX par 36% depuis le début de l’année et son titre a procuré un rendement total de 71% depuis trois ans.
Ça n’empêche pas Industrielle-Alliance d’amorcer le suivi du titre et d’en recommander l’achat.
Nav Malik croit que TFII a ce qu’il faut pour soutenir son élan.
«Le transporteur est le consolidateur le plus actif de l’industrie au Canada. L’optimisation de son réseau américain de transport de lots complets a fait bondir son bénéfice d’exploitation de 32% depuis le début de l’année », fait valoir l’analyste.
M. Malik mise sur une amélioration d’encore 21% en 2019 et de 10% en 2020.
En même temps, la conjoncture est favorable. La croissance économique soulève la demande pour le transport de marchandises tandis que les tarifs ont augmenté de 11 à 16% depuis deux ans.
Le commerce en ligne est une source de croissance puisque la livraison du dernier mille lui procure 8% ou 380 millions de dollars de ses revenus.
Le nouvel accord de libre-échange entre les États-Unis, le Canada et le Mexique éclaircit aussi les perspectives, croit-il.
Malgré son appréciation en Bourse, son titre n’est pas chèrement évalué. Son multiple de 9,9 fois son bénéfice prévu dans un an se compare à la moyenne de 12,9 de son industrie.
Son cours-cible de 60$ repose sur un multiple de 12 fois les bénéfices prévus.