BLOGUE. Comme animateur de l’événement, j’étais aux premières loges du diner conférence organisé par Les Affaires, vendredi dernier, au Palais des congrès de Montréal, et durant lequel la première ministre Pauline Marois a témoigné de façon convaincante de sa foi en un Québec prospère. L’assistance, près de 650 personnes, l’a écoutée attentivement.
On peut dire « convaincante » parce que sans même regarder ses notes, elle a enchaîné arguments sur arguments, exemples après exemples, pour montrer qu’elle y croyait vraiment. Et malgré les va-et-vient incessants du Parti québécois sur une série de thèmes qui touchent précisément à la prospérité du Québec, elle a, ne serait-ce que momentanément, balayé un fond de scepticisme quant aux stratégies employées par son gouvernement.
Ça faisait du bien. Parce que ces derniers temps, on pouvait légitimement s’interroger sur le plan de match de l’équipe Marois. Frais de scolarité. Redevances minières. Politiques fiscales. Soutien à la recherche. Exploitation du pétrole. Comme le dit la chanson, « Tu veux ou tu veux pas ? » Et bien malin qui pouvait y répondre.
Mais à l’entendre, le Québec est bien outillé pour devenir « une des nations les plus prospères des Amériques ». Ce sont ses propres mots. On aimerait tellement y croire… parce que c’est possible.
Encore faudra-t-il arrêter de s’enfarger dans les fleurs du tapis. La première ministre a du coffre mais son cabinet ministériel est, disons poliment, pour le moins inégal. Et il lui faudra convaincre ses exécutants que la prospérité – en clair, faire de l’argent – est un objectif louable.
Prenons l’exemple de l’électrification des transports, dont elle dit que ce devrait être « le projet du XXI e siècle au Québec ». Fort bien. C’est vrai qu’en matière d’électricité, nous nous y connaissons. Question transport aussi. Mais le Japon, les États-Unis, la France et quelques autres petites nations du genre y travaillent et gagnent petit à petit du terrain. Petit à petit. La grande révolution n’est pas pour demain. La question de l’autonomie des véhicules, notamment, pose toujours problème.
PLUS : Électrifier les transports, le projet du siècle de Pauline Marois
Personne ne voudrait voir revenir cet encombrement de fils suspendus qui permettaient autrefois aux tramways de circuler dans les rues. Les batteries plus efficaces ne sont pas encore au point. Il faudra des années, voire des décennies, avant d’imaginer voir la propulsion électrique remplacer le moteur à combustion.
Autrement, dit, il va falloir faire avec le pétrole, qu’on l’aime ou non. Or, le Québec en possède, apparemment. Si l’objectif est véritablement la prospérité, on devrait au moins songer à exploiter les gisements, réels ou potentiels. Mais là encore, le gouvernement en place est dur à suivre.
La première ministre a elle-même reconnu, durant son discours, qu’on ne devrait pas rater l’occasion d’en profiter, dans le respect des populations et de l’environnement, a-t-elle dit en substance. Mais comme pour ses intentions en regard des redevances minières, ce flou artistique ne stimulera pas les investissements. Elle semble vraiment, elle, déterminée à mettre en valeur de ces richesses que d’autres nous envieraient. Mais son cabinet ? La mouvance plus intégriste parmi ses proches ?
Un Québec prospère, tout le monde est pour, à part les tenants de la misère durable, et il y en a. Mais il faudra s’entendre pour répondre clairement à cette question : « Tu veux ou tu veux pas ? »