BLOGUE. Le Québec a ouvert une dangereuse boîte de Pandore en refusant d’exploiter le gaz de schiste sur son territoire.
C’est ce que soutient un chercheur canadien qui signale que les provinces qui ont accepté, elles, sa mise en valeur, pourraient fort bien s’impatienter et exiger que la péréquation que retire le Québec soit amputée d’une valeur équivalente à celle dont il se prive en laissant le gaz dans son sous-sol.
David Campbell est président de Jupian Consultants et chercheur associé à l’Institut de recherches en politiques publiques. Il a publié il y a quelques semaines dans le Globe and Mail un texte qui dit essentiellement que le Québec ne peut avoir le beurre en même temps que l’argent du beurre.
Sa logique est implacable.
La Saskatchewan, l’Alberta et la Colombie-Britannique, de même que Terre-Neuve, ont toutes ouvert la porte à l’exploitation de gaz de schiste chez elles. Ce sont aussi quatre provinces qui contribuent à la redistribution des richesse au Canada, ce qu’on appelle la péréquation (eh oui, même Terre-Neuve).
Le Québec, province considérée pauvre, retire de la péréquation : environ 8 milliards $, soit le huitième de ses revenus.
Mais il se prive d’autres entrées, notamment celles que pourrait lui valoir la mise en valeur de son potentiel gazier. Ses craintes sont basées sur le fait qu’on ne sait pas quels peuvent être les impacts d’une telle exploitation.
Par ailleurs, il ne se fait pas prier pour encaisser le chèque venu des provinces voisines qui ont décidé, elle, d’aller de l’avant en faisant cette sale job. Le Québec se contente de tendre la main au passage.
Il risque gros. Ces provinces pourraient fort bien dire, et elles en auraient le droit : « Coute’donc, si tu ne profites pas de tes ressources, inutile de compter sur nous pour cette partie de revenus que tu ignores. Nous allons donc demander que soient soustraits du chèque de péréquation ces fonds que pourraient te valoir le même travail que nous faisons chez nous. »
Que pourrions-nous dire à ça ? Que ces provinces plus insouciantes se mêlent de leurs affaires ? D’accord, mais pour être conséquent, il faudrait en même temps reconnaître qu’elles n’ont pas à subventionner nos principes. Et laisser sur la table des centaines de millions de dollars dont nous avons désespérément besoin, surtout par les temps qui courent.