Bon. Aujourd'hui, j'ai une petite question insidieuse pour vous. Une question quasiment indiscrète. Voilà. Votre boss est-il physiquement en pleine forme, pour ne pas dire top shape? Pour être plus précis, est-il capable, d'après vous, de courir un marathon (un vrai, de 42,2 km de long)?
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> Oui. La réponse est «oui»? Tant mieux! Comme vous allez vous en rendre compte à la lecture de ce billet de blogue.
> Non. La réponse est «non»? Aïe! Mais tout n'est pas perdu, rassurez-vous, comme allez bientôt le voir.
Pourquoi cette interrogation, au juste? Elle découle de ma découverte d'une étude intitulée CEO fitness and firm value, signée par deux professeurs de finance : Peter Limbach, de l'Institut de technologie de Karlsruhe (Allemagne); et Florian Sonnenburg, de l'Université de Cologne (Allemagne). Celle-ci montre en effet que la santé physique d'un boss est bien plus importante qu'on ne le croit a priori…
Ainsi, les deux chercheurs allemands ont commencé par mettre la main sur les classements de tous les marathons qui ont eu lieu aux États-Unis entre 2001 et 2011. Pourquoi le marathon? Parce que c'était à l'époque une discipline qui faisait fureur, en particulier dans les milieux d'affaires.
Puis, ils ont fouillé dans ceux-ci à la recherche de noms de PDG à la tête, ces années-là, de l'une des entreprises figurant dans le S&P 1500, soit l'indice de Standard & Poor's qui couvre 90% de la capitalisation boursière des marchés américains. L'idée était on ne peut plus simple : identifier les PDG de grandes entreprises américaines ayant fini au moins un marathon dans les années 2000.
Qu'est-ce que ces recherches ont donné? Elles ont permis de mettre au jour une donnée intéressante : 6% des PDG des grandes entreprises de nos voisins du Sud sont des marathoniens, et donc des athlètes aguerris.
Enfin, les deux chercheurs ont regardé si les entreprises dirigées par ces champions s'en sortaient mieux que les autres, sur le plan financier. Résultats? Tenez-vous bien :
> Une différence phénoménale. La valeur boursière des entreprises dirigées par des PDG top shape est supérieure de 4 à 10% à celle des autres. De surcroît, lorsque l'entreprise est vendue dans le cadre d'une opération de fusion-acquisition, sa valeur est supérieure de 1,7 à 3%. Rien de moins.
Comment expliquer un tel phénomène? MM. Limbach et Sonnenburg ont, bien entendu, tenu à le savoir. Pour ce faire, ils ont consulté différentes études sur les particularités psychologiques des personnes capables de courir un marathon, et noté ceci :
> Stress. Les marathoniens savent gérer leur stress, et même en faire un atout, le moment venu.
> Endurance. Les marathoniens brillent par leur endurance physique. Les efforts épuisants ne leur font pas peur, bien au contraire.
> Mental. Les marathoniens ont un mental exceptionnel. Ce qui leur permet, entre autres, d'écarter la douleur et de se surpasser.
> Etc.
Bref, qui dit bon marathonien, dit bon PDG, tant nombre de qualités requises pour l'un comme pour l'autre se recoupent.
Ce n'est pas tout! Les deux chercheurs allemands ont regardé de plus près le profil des PDG marathoniens, et ils ont remarqué que les bénéfices découlant du fait qu'ils étaient top shape se faisaient surtout sentir dans trois cas de figure :
> Âge. Les entreprises dirigées par des PDG âgés (l'étude n'indique pas exactement ce qu'est un "PDG âgé", mais, dans le fond, peu importe) affichent de nettes différences de valeurs en fonction du fait que celui-ci est top shape, ou pas. Pourquoi? Parce qu'à mesure qu'on vieillit, on perd en capacités physiques et intellectuelles, à moins de veiller à rester en pleine forme
> Ancienneté. Plus un PDG a d'ancienneté à un tel poste, plus le fait qu'il soit top shape permet de faire une différence. Pourquoi? Parce qu'il a davantage d'endurance.
> Charge de travail. Plus un PDG a une charge de travail lourde, plus le fait qu'il soit top shape lui facilite la tâche. Pourquoi? Parce qu'il gère avec brio son stress.
Fascinant, n'est-ce pas? J'en reviens donc à la question de départ, sur l'état de santé de votre propre boss. S'il est digne d'un marathonien, tout va bien, il vous suffit de l'encourager à s'entraîner encore et toujours. Mieux, vous pouvez peut-être vous permettre de l'inciter à relever de nouveaux défis : a-t-il entendu parler, par exemple, de l'Ironman?
En revanche, s'il n'a pas l'étoffe d'un marathonien, la situation est tout autre. Mais elle n'est pas désespérée pour autant. En effet, se remettre en forme est à la portée de tous, ou presque ; c'est avant tout une question de volonté. Reste donc à déclencher l'étincelle qui le propulsera vers la salle de sport la plus proche. Une suggestion : un incitatif financier provenant de l'employeur (je dis ça comme ça).
En passant, l'écrivain français Victor Hugo a dit dans Les Misérables : «Proportionner la jouissance à l'effort et l'assouvissement au besoin».
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