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Nous avons récemment jeté un coup d'oeil à la banque TD Canada-Trust. Depuis plusieurs années, nous n'achetons aucun titre canadien. Les prix s'avèrent moins alléchants qu'aux États-Unis, et nous pensons toujours que les risques demeurent relativement élevés dans un pays où les ménages continuent de maintenir des niveaux d'endettement importants. Toutefois, nous assistons à une expansion significative des opérations de cette banque aux États-Unis, ce qui nous amène à la comparer de plus en plus avec des banques américaines.
Pourquoi discuter de la TD en particulier? Nous estimons que le chef de la direction, Ed Clark, affiche un profil prudent en matière de gestion. Il semble s'inquiéter de l'intervention de l'état dans l'assurance-hypothécaire canadienne. En même temps, il reste opportuniste. Il compte ouvrir de plus en plus de succursales de l'autre côté de la frontière. Pour nous qui favorisons actuellement les États-Unis au détriment du Canada, plus de revenus américains signifie moins de risques. Pour l'année 2011, les revenus des opérations bancaires américaines de TD représentaient le quart de ses revenus totaux contre la moitié pour les opérations canadiennes.
Toutefois, avant d'acheter un titre, on doit estimer sa valeur intrinsèque, et aussi comparer les différentes banques disponibles dans le grand univers des financières. Il serait peut-être hasardeux de juxtaposer les données d'une banque canadienne avec celles d'une banque américaine, étant donné qu'elles sont régies par des organismes et des lois différents. Néanmoins, présumons pendant un instant que la banque TD effectue la majorité de ses opérations aux États-Unis. Comment pourrions-nous la comparer à Wells Fargo, par exemple?
Bien que Wells Fargo détienne un portefeuille de prêts deux fois plus élevés, omettons la différence de taille, qui ne constitue pas un facteur déterminant à nos yeux. En premier lieu, nous observons le rendement sur l'équité sur plusieurs années, afin d'obtenir une idée de la rentabilité. Les dix dernières années nous indiquent qu'il s'agit de deux banques très rentables. Ensuite, le taux des prêts douteux nous aident à déterminer la qualité des prêts. Dans le cas de la TD, on peut difficilement se prononcer. En l'absence d'une correction immobilière, nous n'avons aucun indice à ce sujet. Nous ne connaissons pas les conséquence d'un éventuel effondrement du prix des maisons au Canada.
Nous pouvons toutefois utiliser les réserves mises de côté en prévisions de pertes futures. La TD affiche un taux d'environ 0,6%, alors que ce même taux atteint des niveaux beaucoup plus élevés pour Wells Fargo (2,5%). Évidemment, on peut facilement justifier les réserves élevées par la présence de nombreux prêts douteux suite à la crise. Cependant, un coup d'oeil aux états financiers des quelques années antérieures révèle que Wells Fargo avait l'habitude de mettre de côté beaucoup plus de provisions en cas de pertes, même en temps normal.
Un ratio que nous jugeons très important prend en compte les prêts par rapport à l'équité nette tangible. Plus une banque utilise l'effet levier pour dégager des rendements élevés, plus elle courra un risque significatif pour y parvenir. D'ailleurs, vous ne serez pas surpris d'apprendre que Lehman Brothers et Bear Stearns figuraient parmi les institutions utilisant les plus hauts niveaux de levier.
Pour TD, le ratio s'élève à près de 13, ou plus de 14 si nous retranchons les actions privilégiées pour le calcul de l'équité. Dans le cas de Wells Fargo, on obtient environ 8 (sans les actions privilégiées). À noter qu'avant la crise, soit en 2006, ce ratio dépassait les 19 en retranchant les droits de services hypothécaires.
Lorsqu'une crise survient, les banques réagissent souvent en réduisant l'effet levier. Face au risque, elles adoptent des comportements plus prudents. De toute évidence, plus le ratio est bas, plus la banque détiendra la capacité d'absorber des pertes sans faire banqueroute.
Qu'en est-il de l'évaluation boursière? Un rapide coup d'oeil à la valeur marchande comparée à la valeur au livre nous amène à la conclusion que Wells Fargo s'avère un achat moins dispendieux. Toutefois, les situations pourraient s'inverser dans le futur s'il y avait récession au Canada. Qui sait, peut-être que la banque TD figurera parmi nos titres favoris.
P.S.: Nous avons omis de parler des dividendes versés. Comme vous le savez déjà sûrement, les dividendes ne devraient jamais influencer vos décisions d'investissement!