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Nous avons récemment lu un article qui statuait que le capitalisme était en crise. Suite à tous les déboires que connaissent les pays développés, on cherche à remettre en question le fonctionnement du système. Cependant, peut-on vraiment considérer les pays développés comme étant ''capitalistes''? Beaucoup d'économistes s'accordent pour dire qu'il s'agit plutôt de systèmes ''mixtes'', dans lesquels plusieurs idéologies cohabitent. Lorsque le gouvernement s'ingère fortement dans la gestion des affaires privées, on se retrouve plutôt en présence du socialisme. Il suffit d'observer l'influence du gouvernement américain sur les hypothèques ''subprimes'' à travers les entités Fannie Mae et Freddie Mac pour constater que nous sommes loin d'un capitalisme pur.
Un autre élément probant à ce sujet, c'est la répartition des impôts. Qui paie le plus d'impôts? En toute logique, on s'attend à ce que les riches soient les plus grands contributeurs. Cependant, savons-nous jusqu'à quel point la société dépend des impôts payés par les mieux nantis?
Un tableau intéressant démontre le pourcentage des taxes payées par les personnes aux revenus les plus élevés. Il date de 2004, mais les chiffres sont demeurés semblables aujourd'hui, malgré les chamboulements créés par la crise. Nous avons opté pour des statistiques basées sur les États-Unis. N'est-ce pas le pays qui suscite le plus de controverses par rapport au capitalisme?
Voici ici le tableau que nous avons reproduit, qui provient de cet article, du site ''American'', écrit par Stephen Moore :
Ces statistiques démontrent que les mieux nantis (25% des meilleurs revenus) supportent à eux seuls 85% des impôts même s'ils gagnent seulement 66% des revenus. Par conséquent, malgré les nombreuses échappatoires qui existent, comme les abris fiscaux et les stratégies fiscales, les personnes les plus riches paient la majorité des impôts. On voit également que 50% de la population bénéficie grandement de cette distribution de revenus, puisqu'elle ne paie que 3% des impôts alors qu'elle reçoit des services dont la valeur est grandement supérieure à leur contribution monétaire.
Malgré cette réalité, on entend souvent parler des inégalités entre les plus riches et les plus pauvres. L'écart s'accroît graduellement, et nous pensons qu'il va continuer à se creuser davantage à long terme. La raison est fort simple : la mondialisation a placé les travailleurs en compétition directe avec les pays moins bien nantis. Si au Québec, la plupart des travailleurs gagnaient 90% moins de salaires que les Ontariens, ce serait une simple question de temps avant d'assister à une migration massive des sociétés de divers domaines vers le Québec, afin qu'elles puissent profiter d'une main-d'oeuvre beaucoup moins dispendieuse. Après un certain temps, un nivèlement vers le haut serait créé au Québec, alors que ce serait le contraire en Ontario. À long terme, les salaires se rapprocheraient de l'égalité.
Actuellement, nous connaissons un nivèlement vers le bas dans les pays développés, et en Chine et en Inde, pour ne nommer que deux exemples, les salaires grimpent en flèche. Selon un sondage de Aon Hewitt, les salaires devraient augmenter de 13% en Inde pour 2011, alors que nous savons qu'en Chine, des hausses de 20% et plus ne sont pas rares. Ici, nous sommes témoins d'une stagnation des revenus. Dans la majorité des cas, ceux-ci ne suivent pas le taux d'inflation. Est-ce un bien ou un mal? Si vous optez pour l'altruisme, le phénomène s'avère souhaitable, puisque vous permettez à des nations entières de connaître de meilleures conditions de vie. Cependant, pour bien des gens, il s'agit d'un mal flagrant.
Nous voyons bien alors que le fossé économique entre les riches et les plus pauvres ne provient pas d'une mauvaise répartition des impôts. Aux États-Unis, Warren Buffett s'est exprimé sur le sujet en déclarant que les riches devraient payer davantage d'impôts. Dans ce cas, les statistiques afficheraient des pourcentages d'impôts encore plus élevés pour les mieux nantis. Peut-être qu'à la longue, 60% de la population ne paierait point d'impôts ou presque, comme c'est le cas actuellement pour 50% d'entre eux.
Dans l'article de M. Moore, on donne l'exemple de l'émigration de Bill Gates vers la France. Si M. Gates et quelques autres riches quittaient le pays, l'écart entre les riches et les pauvres s'amenuiserait. Cependant, une amélioration de cette statistique se traduirait par un appauvrissement collectif, puisque le pays jouirait de moins de revenus. Nous pensons que peu de gens sont conscients de ce fait.
On attribue souvent à tort tous les maux de la crise au capitalisme et aux institutions financières, ainsi que leurs dirigeants. Par exemple, Goldman Sachs à elle seule a payé 22G$ en impôts ces 5 dernières années. Quant aux employés de la firme, nous estimons qu'ils auraient payé en impôts quelque 28G$ en cinq ans. Nous obtenons donc un total de 50G$ pour les coffres de l'état. Le prêt TARP du gouvernement quant à lui a engendré des profits de 1,1G$ pour les payeurs de taxes. Certes, on accuse les politiciens d'avoir concédé un prêt à des conditions plus avantageuses que ce que le marché exigeait à l'époque afin d'aider Goldman. Cependant, si le gouvernement avait gagné 1G$ de plus grâce à cette aide, peut-on dire que cela est significatif en comparaison aux impôts que génèrent la firme? Est-ce que l'existence de Goldman Sachs fût bénéfique pour les payeurs de taxes ces dernières années? Nous pensons que oui, et elle le restera dans le futur.
Bank of America s'avère un autre exemple intéressant. En impôts, elle a déboursé environ 37G$ les 5 dernières années avant le début de la crise. Par conséquent, nous pourrions affirmer que les payeurs de taxes ont bénéficié des abus des financières, alors que leurs revenus étaient gonflés par l'octroi de mauvais prêts hypothécaires. Loin de nous l'idée de les disculper de leur comportement. Jamais nous n'avons approuvé les folies qui nous ont conduits à la crise. Cependant, nous souhaitons faire contrepoids à l'opinion populaire, qui repose trop souvent sur la diabolisation de toute entité ou personnes qui gagnent d'importants revenus. S'il existe d'importants écarts de revenus dans nos sociétés entre les individus, il ne faut pas oublier que plus souvent qu'autrement, nous en bénéficions par le biais des impôts.