À la veille des élections, nous entendons régulièrement des commentaires au sujet de la dette du Québec. Certains s'alarment par rapport à son ampleur, d'autres relativisent son importance afin d'abaisser les craintes. Puis, nous entendons également différents chiffres quant à la dette totale, ce qui peut créer une certaine confusion pour le citoyen québécois.
Nous devons tout d'abord distinguer la dette brute de la dette nette. Cette dernière inclut le retranchement des actifs, ce qui résulte en un total moindre. Par conséquent, lorsque l'on mentionne la dette du Québec en fonction du produit intérieur brut, on doit garder à l'esprit que le pourcentage variera en fonction de la définition de la dette retenue aux fins du calcul.
Ce site, qui nous provient du gouvernement (cliquer ici pour afficher la page), nous fournit des explications sur les différentes définitions afin d'y voir un peu plus clair. La dette nette ou directe, à laquelle l'on fait régulièrement référence, s'élèverait à environ 175G$, et correspondrait à autour de 55% du PIB. Ce pourcentage ne semble pas très élevé quand on songe à la Grèce, qui affichait un taux de plus de 140% quand elle fit les manchettes il y a deux ans. Toutefois, d'autres observateurs vont plutôt utiliser la dette brute, qui comprend les différents engagements du gouvernement. N'oublions pas non plus la dette du secteur public, qui inclut quant à elle la dette d'Hydro-Québec, des universités et des municipalités pour n'en nommer que quelques-uns.
Le service de la dette
L'Institut Économique de Montréal affiche son propre compteur de dette sur son site web (cliquer ici pour le visionner). Il s'agirait de la dette brute. Finalement, un autre site, Zerodette.ca, présente ce qui serait selon eux ''la dette réelle du Québec'' (cliquer ici). Elle incorpore notre quote-part de la dette du Canada, ce qui s'avèrerait particulièrement pertinent en cas de séparation du Québec. Si l'on utilisait le nombre qu'ils affichent, on se retrouverait avec un pourcentage du PIB semblable à celui de la Grèce!
Nul n'est notre intention ici de débattre sur les chiffres que nous devrions utiliser. Toutefois, peu importe comment on aborde la situation, nous payons actuellement un peu plus de 8G$ annuellement uniquement pour le service de la dette. Autrement dit, sans ce fardeau, le Québec enregistrerait un surplus budgétaire.
Nous devons ajouter que la grande baisse des taux d'intérêt nous a permis de faire d'importantes économies ces dernières années. La part des revenus de l'état consacré au service de la dette a diminué en 15 ans. Imaginez un instant si les taux étaient demeurés au même niveau qu'avant. Nous accuserions un important déficit.
Manque de revenus ou trop de dépenses?
Jusqu'où une nation peut-elle s'endetter avant de connaître de sérieuses difficultés? Nous ne détenons pas la réponse à une telle question, mais même si nous évitons la catastrophe à long terme, il n'en demeure pas moins que nous paierons des intérêts pendant longtemps. L'utilisation de l'emprunt devrait normalement servir à créer davantage de revenus dans le futur. Donc, deux scénarios sont envigeasables pour expliquer le déficit actuel. Soit les investissements du passé n'ont pas créé la hausse des revenus souhaitée, soit les dépenses ont pris des proportions démesurées. Quel scénario vous semble le plus probable?
Au sujet des auteurs du blogue : Patrick Thénière et Rémy Morel sont propriétaires de Barrage investissement privé, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com