Bill Gates, le chef du conseil d'administration de Microsoft, a déclaré que vers 2035, il n'y aurait pratiquement plus de pays pauvres dans le monde (cliquer ici pour visionner un article sur le sujet). M. Gates s'adonne à la philanthropie à temps plein, et dirige sa propre fondation, ''The Bill and Melinda Gates Foundation''. Il s'attarde beaucoup sur l'Afrique, qui constitue l'une des régions les plus pauvres du monde. Il constate l'évolution qui s'est produite depuis les années 60 : l'espérance de vie a augmenté malgré les épidémies de sida, plus d'enfants vont à l'école et moins de gens ont faim.
M. Gates renchérit en disant : ''Presque tous les pays verront leur population faire partie de la classe moyenne inférieure ou plus. Les pays apprendront de leurs voisins les plus productifs et bénéficieront de nouveaux vaccins, de nouvelles semences ainsi que de la révolution digitale.''
Selon M. Gates, il s'agit d'un accomplissement remarquable. Il mentionna que lorsqu'il fut né, la plupart des pays souffraient d'une grande pauvreté. Dans environ deux décennies, ces pays deviendront l'exception plutôt que la règle.
Une bonne nouvelle pour les pays du G7?
De telles affirmations devraient réjouir la plupart des citoyens des pays développés. Quoi de plus agréable que de vivre dans un monde où toute personne détient une véritable chance d'obtenir une vie respectable?
Or, M. Gates a également affirmé : ''La main d'oeuvre de ces pays, grâce à une meilleure éducation, attirera de nouveaux investissements.''
Ironiquement, cette phrase devrait effrayer les citoyens d'ici. Nous entendons constamment le même discours dans les médias depuis la crise financière, à l'effet que l'écart entre riches et pauvres s'agrandit. Pourtant, à entendre parler M. Gates, nous assisterions plutôt à la situation opposée. La différence réside dans les territoires utilisés pour fins de comparaison.
Tout le monde a sa petite idée des causes de la disparité de richesse au sein de notre propre société. Les médias véhiculent souvent le message à l'effet qu'il subsiste une mauvaise redistribution de la part du gouvernement. Toutefois, nous pensons qu'il s'agit plutôt d'un tout autre élément, et celui-ci se fait sentir à l'échelle mondiale.
Une compétition de plus en plus féroce
Nos travailleurs compétitionnent de plus en plus avec ceux de l'étranger, et certains pays ont raflé presque tous les emplois manufacturiers. Par conséquent, on trouvera rarement ici un emploi à la fois très rémunérateur et peu exigeant au niveau scolaire. De plus, nous assistons à une augmentation marquée des exigences scolaires, sans que les salaires ne suivent la même progression. Cela découle probablement de la disparition des emplois manufacturiers, ainsi que d'une plus grande compétition pour les emplois qui requièrent de hautes études. Ajoutons à cela les travailleurs scolarisés qui peuvent maintenant accomplir des tâches professionnelles à distance, comme certains services juridiques ou provenant du secteur de l'ingénierie. D'autres pays peuvent maintenant compétitionner avec nos diplômés d'ici grâce au développement des technologies digitales.
On ne doit donc pas s'étonner d'être témoins de conditions plus difficiles sur le plan des salaires pour les travailleurs des pays développés. L'écart entre les riches et les plus pauvres s'amenuise au niveau mondial, ce qui signifie davantage de travailleurs scolarisés entrant en compétition dans le futur. Donc, pour les sociétés développées, il nous est difficile d'entrevoir de meilleures conditions de travail à long terme.
Au sujet des auteurs du blogue : Patrick Thénière et Rémy Morel sont propriétaires de Barrage investissement privé, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com