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Nous répétons souvent que l'on devrait toujours acheter des titres boursiers de la même manière que l'on acquiert des entreprises privées. Cependant, en pratique, d'importantes différences subsistent. Et plutôt que de se laisser berner par ces différences, on doit les exploiter.
Lorsque nous disons ''se laisser berner'', nous faisons référence surtout à la facilité avec laquelle l'on peut s'emparer d'une part d'entreprise. On peut rester confortablement chez soi, et d'un clic de souris, partiellement devenir propriétaire d'une compagnie qui se situe à l'autre bout de la terre! Avec autant de facilité, pas étonnant que bien des investisseurs consacrent si peu de temps à la recherche.
À l'inverse, cette caractéristique peut s'avérer fort utile pour les investisseurs consciencieux. Selon nous, son plus grand avantage réside dans la possibilité d'acheter progressivement. La plupart des gens ont le réflexe de construire les positions en portefeuille en une ou deux transactions. Par exemple, s'ils estiment qu'ils devraient acquérir le titre Bombardier à raison de 5% du portefeuille, ils procèdent à son acquisition, attendent les résultats, et vendent lorsque le potentiel de gain est épuisé. On pourrait alors décrire le processus en trois étapes : l'achat, la détention et la vente.
Quant à nous, nous entamons normalement le processus d'achat sur une longue période de temps. En moyenne, nous achetons à environ 5 ou 10 reprises avant d'avoir atteint une position complète. Évidemment, nous ne cherchons pas délibérément à acheter sur plusieurs transactions et ainsi payer davantage de frais de transactions! Cependant, nous avons l'habitude de commencer timidement, avec un pourcentage pouvant varier de 3% à 10% du portefeuille. À ce stade, le processus de recherche sur le titre n'a fait que commencer. Lorsqu'un titre nous intéresse vraiment, nous aimons idéalement en détenir à la hauteur de 25% et plus du portefeuille. Mais lorsque nous découvrons un tel titre, il s'avère rare que notre niveau de connaissance de l'entreprise et de son industrie soit assez élevé afin de nous sentir confortables avec une importante pondération dès le départ. C'est pourquoi nous exécutons les achats progressivement.
L'achat progressif confère un avantage important sur le plan psychologique. Vous serez souvent plus motivés à étudier un titre en profondeur lorsque vous y avez déjà investi un minimum d'argent. Il peut arriver que l'on découvre une entreprise intéressante, pour ensuite ne plus poursuivre la recherche lorsqu'un ou des éléments nous fait hésiter avant d'acheter de ses actions. Or, détenir une position de départ dans un titre favorise l'approfondissement de la recherche, pour ensuite envisager d'autres achats.
Il arrivera fréquemment qu'un titre nous intéresse de plus en plus, alors que son cours baisse. C'est l'occasion d'acheter à meilleur prix!
Voilà des avantages indéniables possibles grâce au marché boursier. Dans le cas d'une entreprise privée, c'est tout ou rien. On doit acheter l'ensemble de l'entreprise ou passer son tour. Cette ultimatum peut facilement décourager plus d'un investisseur. Par conséquent, on manque d'intéressantes occasions d'apprendre sur le fonctionnement de l'industrie dans laquelle évolue l'entreprise.
Pour conclure, nous procédons fort différemment lorsque vient le temps de vendre. Nous pouvons réduire une position parce que le titre s'est fortement apprécié ou parce qu'un nouveau risque affecte l'entreprise. Cependant, il nous faut seulement une ou deux transactions (à moins que le titre soit peu liquide) pour fermer une position, comparativement à entre 5 et 10 pour l'instaurer. La raison est bien simple. À la vente, nous en connaissons beaucoup plus sur l'entreprise qu'au début. Comme nos recherches sont déjà bien avancées, il n'est pas nécessaire de vendre progressivement lorsque nous estimons que le potentiel futur n'est plus intéressant.