BLOGUE.
Alors qu'un de vos titres grimpe, vous le suivez de près. Vous constatez qu'il a atteint la valeur cible que vous vous étiez fixé. Vous vendez, pour ensuite réaliser qu'il continue de s'apprécier de 20% ou 30%. Éprouvez-vous des regrets?
Ce scénario nous arrive régulièrement. Dans de tels cas, il peut s'avérer ardu de ne pas en arriver à la conclusion que nous avons vendu trop tôt. Personne n'aime laisser de l'argent sur la table. Après tout, faire fructifier ses avoirs ne constitue pas une mince affaire. Lorsque l'on risque son capital, on souhaite rafler tout le profit potentiel.
Comme vous vous en doutez, nous ne détenons aucune recette magique pour déterminer jusqu'où un titre poursuivra sa montée. Toutefois, nous pouvons déterminer approximativement la valeur intrinsèque d'une société, à l'intérieur d'une fourchette de valeurs. Lorsque le titre entre dans cette fourchette, nous évaluons nos options. Si nous pouvons facilement le remplacer par un titre plus prometteur, nous n'hésitons point à le vendre. Dans le cas contraire, il arrive que nous patientions un peu.
En tant qu'investisseur, il s'avère crucial de ne pas se laisser influencer par le comportement d'un titre une fois la vente effectuée. Supposons que vous ayez une cible de de 22$ pour un titre que vous venez d'acquérir à 14$. Après une analyse approfondie de la société, vous aboutissez à une valeur intrinsèque minimale de 22$. Vous pourriez avoir en tête les réactions suivantes au moment où le titre atteint différent prix, si vous le conserviez malgré vous :
21$ : Le titre n'a pas atteint sa pleine valeur, mais si je trouve une belle aubaine ailleurs, je vends.
22$ : Le titre a atteint sa valeur intrinsèque ; je dois vendre, mais voyons si je peux le remplacer par un autre titre.
23$ : Je ne vois pas pourquoi je garderais ce titre.
25$ : Je joue avec le feu.
30$ : Si j'ai encore ce titre, c'est que j'ai perdu la tête!
35$ : Que m'arrive-t-il? Serais-je devenu spéculateur?
Or, le titre passe la marque des 22$, et comme prévu, vous le vendez. Comme le titre poursuit sa belle lancée jusqu'à 35$, vous éprouvez quelques regrets. Mais si vous n'aviez pas suivi le plan comme convenu et que vous ayez décidé de le conserver un peu plus longtemps? Auriez-vous résisté aux tentations de le vendre alors qu'il fracassait de nouveaux sommets?
Par exemple, vous auriez probablement éprouvé d'importantes craintes à 25$. Si ce prix équivaut à jouer avec le feu, pourquoi auriez-vous pris la décision de le conserver plus longtemps? À moins de perdre la tête, pour ensuite devenir spéculateur, vous auriez vendu bien avant!
C'est pourquoi vous ne pouvez pas aboutir à la conclusion que si vous aviez attendu patiemment, vous auriez gagné un rendement supplémentaire de 60% (vendre à 35$ au lieu de 22$). Avec un peu de chance, 25$ était envisageable. Par conséquent, le rendement potentiel sacrifié se trouve en fait beaucoup plus bas que l'on peut se l'imaginer. La seule entorse à cette règle constitue l'évaluation. On peut remettre en question notre estimé de la valeur intrinsèque. Le cas échéant, on doit s'assurer de ne pas se raconter d'histoires!
Il serait tentant d'en arriver à la soudaine conclusion que dans le fonds, notre fameux titre valait bien 35$, et non 22$. Les marchés boursiers sont parfois très convaincants. Néanmoins, il survient des scénarios où les risques d'une société, ses actifs ou ses profits ont été mal évalués. Le cas échéant, on peut en tirer une leçon. Autrement, on doit oublier les gains imprévisibles. Si nous nous laissons influencer par le comportement d'un titre après l'avoir vendu, nous finirons par prendre de mauvaises décisions sur nos autres titres. Il faut savoir laisser aller certains profits.