BLOGUE. Depuis l’introduction en bourse de Facebook à un prix surévalué, j’ai toujours été enthousiaste face aux perspectives à long terme du réseau social. Or, sa décision d’afficher des bannières traditionnelles dans le fil de ses utilisateurs n’est pas sans ébranler mes convictions.
En prenant ce virage, Facebook se rapproche ainsi des géants déchus tels que Yahoo et AOL, dont une grande part des revenus provient de ce type de bannières. Ces dernières ciblent les utilisateurs en fonction de leur historique de recherche et non de leur cercle social. Elles ont également la propriété d’être dérangeantes.
Par opposition, les « Sponsored Stories », qui ne sont imposées qu’aux utilisateurs qui ont indiqué qu’ils aiment une marque, sont beaucoup moins envahissantes. Si certains utilisateurs se sentent envahis par ces publications commanditées, ils ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes.
De plus, les marques qui ont du succès sur Facebook partagent généralement du contenu amusant, de sorte qu’il est partagé volontairement par l’utilisateur moyen de Facebook. Comme les publicités Google Adword, qui apparaissent à droite des résultats de recherche sur Google, cette forme de publicité est susceptible d’apporter quelque chose à l’utilisateur plutôt que de le gêner.
Dans les faits, l’économie des publicités sociales devrait théoriquement agir comme un filtre entre l’utilisateur de Facebook et les marques qu’il aime. Celles dont le contenu est abondamment partagé obtenant un meilleur retour sur investissement en payant pour rejoindre un plus grand pourcentage de leurs abonnés, à long terme, ce sont elles qui devraient investir davantage sur Facebook. Les marques publiant du contenu ennuyant, quant à elles, devraient finir comme GM par cesser de payer pour ennuyer leurs clients.
La suite : Facebook n’est pas MySpace, mais l’entreprise joue avec le feu
Facebook n’est pas MySpace, mais l’entreprise joue avec le feu
Facebook n’abandonne pas pour autant la publicité sociale, mais ce virage, qui vise de toute évidence à maximiser les profits à court terme, pourrait faire dérailler le plan à long terme de Facebook, qui met tout en place pour avoir la capacité de livrer des publicités extrêmement personnalisées. Outre les données sociales dont le site dispose déjà, ses efforts en matière de localisation avec Places et de recherche avec Graph Search le démontrent.
Ainsi, pour devancer les prévisions des analystes de Wall Street, Facebook ne craint pas de polluer le fil de ses utilisateurs avec des bannières. C’est un jeu dangereux, surtout en considérant la rapidité avec laquelle MySpace s’est effondré à l’époque où le réseau social était dominant.
Certes, Facebook réagit au marché beaucoup plus vite que l’ancien MySpace, mais semble succomber au même chant des sirènes : celui de Wall Street, qui ne se soucie que du prochain trimestre, et celui des bannières, qui permettent d’obtenir de l’argent facile à condition de ne pas se soucier d’incommoder ses utilisateurs.