Les sociétés technologiques retardent aujourd’hui le plus longtemps possible le moment de s'inscrire en Bourse. Mais tôt ou tard, elles doivent permettre à leurs premiers investisseurs de concrétiser leur rendement. Il ne serait pas étonnant qu’aucune des sociétés québécoises que j’ai répertoriées procède à un appel public à l'épargne au cours de 2015. Malgré tout, ces start-ups technos québécoises sont les plus susceptibles d'aller de l'avant en raison des investissements dont elles ont fait l’objet, de leur taille et de leur maturité.
1. Beyond The Rack
Le fait que le détaillant en ligne Beyond The Rack a jonglé avec la possibilité de réaliser un appel public à l'épargne en 2014 est un secret de polichinelle. Son PDG, Yona Shtern, semble toutefois être arrivé à la conclusion qu’il valait mieux attendre. Il faut dire que 2014 a été une année de consolidation dans le créneau ultra-concurrentiel des sites Web de ventes éclair et que la valeur de certains des sociétés actives dans le secteur a chuté.
En octobre dernier, M. Shtern a expliqué que l'entreprise montréalaise misait sur le marché canadien pour croître et qu’elle s’apprêtait à lancer sa marque maison. Si cette stratégie se révélait payante et que les conditions de marchés s’avéraient propices, Beyond The Rack pourrait prendre le chemin de la Bourse en 2015. Fondée en 2008, la société a obtenu à ce jour des investissements en capital de risque de quelque 75 millions de dollars, notamment auprès des fonds québécois Real Ventures et iNovia Capital.
2. Acquisio
L’outil de gestion de campagnes publicitaires sur les moteurs de recherche Acquisio poursuit sa croissance discrètement depuis sa fondation en 2003. La société semble toutefois avoir appuyé sur l’accélérateur au cours des dernières années, aidée en cela par la ronde de financement de 12,1M$ dirigée par Tandem Expansion en 2011. L’entreprise compte également parmi ses investisseurs W Investments, qui avait investi dans Lumenpulse avant son appel public à l'épargne, et Emerillon Capital. Entre 2009 et 2013, sous l’égide de son PDG Martin Le Sauteur, l’entreprise a en effet connu une croissance de quelque 435%, selon le classement Deloitte Technology Fast 50.
3. Fibrenoire
Fondée en 2007, la société montréalaise exploite son propre réseau de fibres optiques au Québec et en Ontario. Appuyée par le fonds Novacap, Fibrenoire a multiplié les acquisitions d’exploitants locaux de réseaux de fibres optiques au cours des dernières années. La société est sans doute trop petite pour s'inscrire sur les marchés en 2015, mais l’appel à l’épargne de l’exploitant de fibre optique américain Zayo en 2014 a prouvé que les investisseurs boursiers avaient un appétit pour ce secteur. Rappelons que la société de Boulder, elle aussi fondée en 2007, a réussi à amasser quelque 400 millions de dollars américains lors de sa première émission en octobre dernier.
4. LightSpeed
La société fondée par Dax Dasilva en 2005 fait partie de la poignée de nouveaux acteurs qui bouleversent le marché des systèmes de points de vente sur iPad. L’entreprise d'environ 240 employés a obtenu un financement total de 65 millions provenant d’Accel Partners, iNovia Capital et Investissement Québec. Les détaillants qui utilisent son système de points de vente ont traité six milliards en transactions en 2013 et tout indique que ce n’est qu’un début.
Grâce à son acquisition de POSIOS en octobre 2014, Lightspeed a commencé à offrir ses systèmes de points de vente aux bars et aux restaurants, ce qui devrait accélérer sa croissance. Il serait surprenant que Lightspeed s’inscrive à la Bourse dès 2015, mais un appel public à l'épargne fait malgré tout partie du plan de match de son grand patron Dax Dasilva. «Atteindre une valorisation d'un milliard et faire un IPO (même si ça ne fait partie de nos plans à court terme), me paraît tout à fait possible», m’avait-il confié.
5. Luxury Retreats
Fondée en 1999, Luxury Retreats a financé sa croissance à même ses bénéfices jusqu’en 2012, au moment où iNovia Capital y a investi cinq millions de dollars. La valeur de l’entreprise est toutefois difficile à évaluer, même si le magazine Entrepreneur l’a qualifié de société de 100 millions de dollars en 2013. La société établie à Montréal, une sorte d’Airbnb pour les villas de luxe, offre une sélection de quelque 2 000 villas réparties dans quelque 50 destinations. À en croire CrunchBase, la société compte plus de 150 employés. Il est cependant difficile de connaître ses revenus. Si rien ne force son PDG, Joe Poulin, à inscrire en Bourse l’entreprise qu’il a fondée, il faut garder en tête qu'il devra éventuellement permettre à iNovia de réaliser un rendement.