Lorsque le géant américain Target est arrivé au Canada en 2011, il croyait pouvoir se tailler facilement une place honorable dans le commerce de détail canadien.
À lire aussi:
L'après-Target: duel Walmart-Loblaw
Et si Loblaw faisait entrer sa cousine Primark au Canada?
La décision, inspirée par un nouveau chef de la direction pressé de faire sa marque, Gregg Steinhafel, n'a pas été suffisamment mûrie. L'occasion de faire un coup d'éclat était à portée de main : les baux de Zellers étaient disponibles.
Le résultat fut non seulement un fiasco, mais il constituera un excellent cas d'étude des pires erreurs quand on s'aventure sur un nouveau marché : avoir ouvert 124 magasins en une année sans en avoir testé le concept, avoir pratiqué une politique de prix trop élevés, avoir très mal géré les approvisionnements (des tablettes étaient parfois vides, comme dans l'ex-URSS) et avoir renoncé au commerce électronique.
De plus, la grande majorité des magasins Target sont trop semblables aux anciens Zellers : non seulement occupent-ils les mêmes locaux, situés parfois dans des centres commerciaux en perte de vitesse, mais ils affichent aussi le même rouge agressant. Tout compte fait, Target n'a pas su offrir aux consommateurs une expérience de magasinage intéressante.
À lire aussi:
L'après-Target: duel Walmart-Loblaw
Et si Loblaw faisait entrer sa cousine Primark au Canada?
L'échec est spectaculaire. Loin de s'améliorer durant la deuxième année, les ventes canadiennes de Target ont dégringolé pendant chaque trimestre comparable de 2014. La décision de fermer était inéluctable. Elle fut recommandée par le nouveau chef de la direction, Brian Cornell, son prédécesseur ayant été congédié en mai dernier avec un régime de retraite de 47 millions de dollars américains et une indemnité de départ de 11,3 M$ US. Scandaleux !
Target a investi 7 milliards de dollars dans l'aventure et a accumulé des pertes d'exploitation avant impôts de 2,5 G$ en sept trimestres. On s'attend à ce que le détaillant du Minnesota inscrive une perte pour activités discontinuées de 5,4 G$ US au dernier trimestre de 2014. Une autre perte de 275 M$ US suivra en 2015.
Le commerce de détail est dans la tourmente. En témoignent éloquemment les annonces récentes des fermetures des 92 magasins Jacob, des 95 boutiques Mexx et des 14 points de vente de Sony. Pour sa part, Reitmans fermera 31 magasins Smart Set et en convertira 76 autres. Holt Renfrew fermera ses magasins de Québec et d'Ottawa. Dans d'autres secteurs, Best Buy et Bureau en Gros élimineront ou réduiront des surfaces. De son côté, Sears Canada cherche à vendre des magasins. Aux États-Unis, RadioShack, dont l'action est passée de 78 $ US en 1999 à 0,24 $ US, vient de demander la protection de ses créanciers pour fermer plusieurs magasins.
À lire aussi:
L'après-Target: duel Walmart-Loblaw
Et si Loblaw faisait entrer sa cousine Primark au Canada?
Des ventes de 2 G$ à répartir
Le retrait de Target libérera 2 G$ de ventes, qui seront principalement récupérées par Walmart, Sears, Canadian Tire, Costco, Loblaw, Metro et Dollarama, notamment.
Certains des baux que libérera Target pourraient être repris par Walmart, Canadian Tire, Rona, des détaillants d'alimentation et peut-être aussi par Lowe's, qui s'était vu refuser l'achat de Rona en 2012. Lowe's prévoit ajouter 25 magasins aux 37 points de vente qu'elle possède déjà. Des locaux pourraient rester inoccupés assez longtemps, ce qui nuira aux commerces avoisinants.
Par ailleurs, on peut penser que l'échec de Target refroidira les intentions de détaillants étrangers qui songent au marché canadien.
Tsunami électronique à venir
Dans sa précipitation, Target Canada a négligé le commerce électronique, pourtant le plus important facteur de changement structurel du commerce de détail, un levier que néglige à tort un grand nombre de détaillants québécois.
À lire aussi:
L'après-Target: duel Walmart-Loblaw
Et si Loblaw faisait entrer sa cousine Primark au Canada?
Selon une étude publiée il y a quelques mois par Business Insider (BI), les secteurs qui sont déjà les plus touchés par le commerce électronique et qui le seront sont, dans l'ordre, ceux des médias, des articles de sport et de loisir, des produits électroniques, des appareils électriques, du mobilier, des accessoires de maison, des vêtements et des accessoires connexes. Les soins personnels et l'alimentation suivent, mais ils sont très loin dans la liste, ce qui est sécurisant pour les détaillants de ces secteurs.
C'est ce que révèle clairement la très forte croissance des ventes d'Amazon (60 G$ US au cours des neuf premiers mois de 2014, en hausse de 22 %). Le groupe chinois Alibaba affiche un volume de ventes de 300 G$ US. Selon BI, 69 %, 67 % et 63 % des adultes américains ont acheté respectivement des appareils électroniques, des livres et des vêtements par Internet en 2013.
La tendance est si lourde qu'il serait suicidaire de la négliger, d'autant plus qu'un nouveau modèle de commerce électronique est en train d'émerger. Créée par Marc Lore, fondateur de Quidsi (vendue pour 550 M$ US à Amazon à sa cinquième année d'existence), Jet.com introduit le concept de carte de membre - à l'instar de Costco -, une place de marché intégrant des fournisseurs de proximité (pour limiter les frais de livraison) et un système de prix favorisant le nombre d'articles livrés en même temps (aussi pour limiter les coûts de livraison).
Le commerce électronique n'a pas fini de nous surprendre. Les détaillants qui l'ignorent courent à leur perte.
À lire aussi:
L'après-Target: duel Walmart-Loblaw
Et si Loblaw faisait entrer sa cousine Primark au Canada?
J'aime
Le Consortium québécois sur la découverte du médicament (CQDM) accueille une neuvième société pharmaceutique dans son groupe de recherche précompétitive. Il s'agit de Janssen, une entreprise membre du groupe Johnson & Johnson. Ce consortium unique au monde réunit des sociétés biopharmaceutiques qui partagent les coûts de développement d'outils visant l'accélération du processus de découverte de médicaments. Les entreprises membres du CQDM ont participé à 35 projets de recherche menés par un réseau de 460 chercheurs.
Je n'aime pas
Le gouvernement fédéral a été imprudent lorsqu'il a annoncé des baisses d'impôt il y a quelques mois, lui qui n'avait pas prévu l'effondrement des prix du pétrole. Non seulement cette chute du prix de l'or noir a forcé le ministre Joe Oliver à reporter la présentation de son budget, mais la Banque TD soutient que le surplus budgétaire de 2 milliards de dollars prévu par Ottawa pour l'exercice 2015-2016 se transformera en un déficit de 2,3 G$.
À lire aussi:
L'après-Target: duel Walmart-Loblaw
Et si Loblaw faisait entrer sa cousine Primark au Canada?