Personne n'aime payer plus d'impôt, mais les frais supplémentaires que le gouvernement Couillard exigera des parents qui utilisent les services de garde subventionnés pour leurs petits n'en sont pas.
En effet, les «frais de garde», comme on les appelle dans le jargon populaire, ne sont ni un impôt, ni une taxe, mais un tarif exigé à l'utilisateur en échange de services obtenus.
Qui plus est, cette «contribution réduite», selon le jargon gouvernemental, est une très bonne affaire pour les parents, puisqu'elle ne représente que 13,5 % des coûts des services offerts. Le gouvernement veut accroître cette part à 20 % du coût de ce programme. Il importe de constater que 86,5 % des 2,3 milliards de dollars que coûte ce programme sont payés par l'ensemble des contribuables, ce qui devrait réconforter les parents.
Un programme généreux
Malgré les hausses proposées, le programme québécois demeurera de loin le plus généreux dans l'ensemble des Amériques. Il est même l'un des plus généreux du monde entier, à côté de certains autres qui ont cours en Europe. D'ailleurs, la ministre Pauline Marois s'était sentie si généreuse quand elle a lancé ce programme qu'elle a fourni sur un plateau d'argent aux centrales syndicales l'occasion de syndiquer rapidement les éducatrices des CPE. Elle a agi comme si le Québec était riche, comme l'a soutenu récemment PKP pour défendre son credo indépendantiste. Celui-ci semble ignorer que le fédéral transfère au Québec 16 G$ de plus par année que tout ce que le Québec lui envoie.
Mais n'en déplaise au candidat non déclaré à la chefferie péquiste, le Québec est pauvre de façon relative, d'où les 8 G$ qu'il reçoit en péréquation (inclus dans les 16 G$).
Pire, les finances du Québec sont dans un état lamentable, résultat de la très grande générosité des programmes (assurance parentale, assurance médicaments, très faibles droits de scolarité universitaire, sans oublier les services de garde) qu'ont instaurés les politiciens pour se faire élire et réélire, autant de services que les autres provinces estiment trop coûteux pour leur population. De plus, comme le déficit du gouvernement est devenu «structurel», il ne pourra se résorber par la seule croissance de l'économie.
Le Québec est aussi la plus endettée des provinces, de façon relative, ce qui lui coûte des frais d'intérêt annuels de 11 G$. En outre, ses contribuables sont les plus imposés du Canada. Et c'est loin d'être fini, comme en font foi la baisse de 300 millions de dollars des subventions aux municipalités et les transferts à venir aux commissions scolaires.
C'est dans ce contexte que survient la hausse des tarifs des services de garde. On peut argumenter à l'infini sur les montants, mais les tarifs proposés sont pertinents et raisonnables.
À 7,30 $ par jour, la contribution envisagée après impôt baisse sous ce montant pour près de 30 % des familles. Dans certains cas, un couple ayant deux revenus totalisant 50 000 $ et moins paiera un tarif moindre que celui qu'il paie aujourd'hui. Globalement, près de 60 % des familles paieront moins que 9 $ bruts à compter de janvier 2015, et leur contribution nette sera inférieure à cette somme.
Ce n'est qu'à compter de 157 500 $ de revenu familial qu'un couple dont les deux membres gagnent le même salaire paiera le tarif maximum de 20 $, mais 15,66 $ après impôt, comparativement à 5,78 $ actuellement. Toutefois, si ce revenu de 157 500 $ et plus est gagné par un seul membre du couple, sa contribution ne donnera pas droit à la déduction fiscale fédérale, qui n'est accessible qu'au conjoint ayant le revenu le plus faible. Cette famille paiera donc le plein tarif de 20 $, mais convenons qu'elle n'est pas dans la pauvreté. Pour cette raison, la contribution supplémentaire frappera davantage les couples dont les revenus sont inégaux, ce qui devrait décourager le conjoint ayant le plus petit revenu de rester à l'écart du marché du travail.
Des mythes à détruire
Dans leur défense du statu quo, certains allèguent que le gouvernement réduit l'accès aux garderies subventionnées pour ceux qui en ont le plus besoin. Ce n'est pas le cas, puisque les familles démunies recourent très peu à ce programme et que son taux d'utilisation augmente proportionnellement avec le revenu des familles.
On a aussi fait valoir que le gouvernement «met la hache» dans un programme universel. C'est loin d'être le cas, puisque celui-ci n'est pas uniforme et qu'il n'est pas accessible à tous.
Québec aura du mal à faire accepter cette mesure, puisqu'elle touche les familles et que le parti libéral a brisé son engagement de maintenir le tarif à 7,30 $ par jour. Cette promesse était une erreur, car il était clair que l'état des finances publiques n'allait pas permettre de conserver une contribution aussi basse.
Il faut espérer que Québec ne reculera pas et que le chef libéral s'abstiendra désormais de prendre des engagements irréalistes. Philippe Couillard n'est pas le seul à l'avoir fait, mais cette manie des politiciens mine la confiance de la population à l'égard du système politique.
J'aime
Des chefs d'entreprise, des dirigeants de fonds d'investissement et des professionnels de l'industrie minière viennent de créer Mine d'avenir, un organisme qui stimulera l'entrepreneuriat dans cette industrie. Le groupe, qui n'a pas attendu le gouvernement pour agir, tentera de se rapprocher des entrepreneurs et des sociétés minières afin de financer le développement de nouvelles mines.
Je n'aime pas
Le ministre Yves Bolduc a légalisé le statut de l'école juive Yeshiva Toras Moshe, qui consacre 75 % à 80 % de son temps d'enseignement à l'étude de textes religieux, laissant aux parents hassidiques le soin d'enseigner les autres matières. Le ministre reconnaîtra peut-être son erreur avec la poursuite de 1,2 million de dollars qu'envisage d'intenter un jeune juif hassidique qui reproche à l'État «de l'avoir privé de l'éducation séculière de base à laquelle il avait droit».