On a appris récemment que la Société des alcools du Québec (SAQ) souhaitait ouvrir des succursales Express dans des supermarchés. Elle y vendrait de 400 à 500 produits et y aurait ses propres employés.
Le but est d'accroître ses ventes et ses bénéfices, afin de verser plus de dividendes à l'État. Le réseau actuel de la SAQ semble avoir donné tout ce qu'il pouvait. Bien que ses prix aient été haussés considérablement et que les produits vendus à prix modéré y soient de plus en plus rares, la SAQ a subi une baisse de son bénéfice lors de son dernier exercice : 1 003 millions de dollars, par rapport à 1 031 M$ pour l'exercice précédent. Quant au dividende, il a été de 1 058 M$, comparativement à 1 048 M$ l'année précédente, ce qui était inférieur aux attentes du gouvernement.
Toutefois, les chiffres les plus révélateurs des résultats de la SAQ sont ses ventes en litres : 189 millions de litres de vins, de spiritueux et de bières ont été vendus en 2013-2014, en regard de 192 M lors de l'exercice précédent. La tendance est la même pour les trois catégories de produits. On a ici une bonne illustration de la courbe de Laffer, selon laquelle «trop d'impôt tue l'impôt». En d'autres termes, à trop taxer, on réduit la demande des consommateurs, qui achètent moins.
La SAQ a probablement étendu à son maximum son réseau de succursales, et ses heures d'ouverture sont probablement optimales, d'où l'idée de miser sur l'achalandage des épiceries.
La réaction des porte-parole des chaînes de magasins d'alimentation a été très mesurée. En gros, on a dit qu'on étudiait la proposition. On ne veut pas fermer la porte à une occasion d'augmenter le nombre de clients dans certains magasins, mais on voit certainement aussi le risque que cette avenue pourrait représenter sur leurs propres ventes de vins.
En réalité, si la SAQ voulait vraiment profiter de l'achalandage des grandes épiceries, elle devrait tout simplement y distribuer plus de produits qu'actuellement et, surtout, améliorer et diversifier son offre. Bien entendu, elle ne veut pas ouvrir cette porte davantage, car elle cannibaliserait les ventes de ses propres magasins. Or, ceux-ci ont des frais fixes très élevés, qui doivent être supportés par un volume de ventes élevé. Il lui faut protéger ce volume.
Des points de vente coûteux
En voulant installer ses propres magasins dans les épiceries et en y ayant ses propres employés, la SAQ imposerait à ses nouveaux points de vente des coûts d'exploitation plus élevés que ceux que représenterait un mode de distribution par les épiciers eux-mêmes. Ces coûts pèseraient sur sa marge de bénéficiaire, ce qui devra être évalué dans la négociation avec les épiciers quant au loyer qui pourrait être payé (ou non).
La SAQ est prisonnière d'un réseau de distribution coûteux, constitué surtout d'établissements en un lieu propre, de préférence à la location de locaux dans des centres commerciaux, comme le font la plupart des détaillants.
La solution optimale aux coûts élevés du système de distribution de la SAQ serait la commercialisation de ses produits par les détaillants privés existants ou par des commerces spécialisés qui pourraient être créés, comme cela existe dans de nombreux pays européens.
Cette solution est évidente, mais le chemin à parcourir pour y arriver comporte trop d'embûches pour que l'État s'y risque : les salariés de la SAQ, qui voudront garder leur emploi, les syndicats, qui voudront sauver leurs cotisations, les étatistes, pour qui l'État est la nouvelle providence, la gauche militante, qui s'imagine que les bénéfices provenant de la vente de vins et de spiritueux par le privé tomberont dans les poches des méchants capitalistes plutôt que dans les coffres de l'État et, surtout, l'immense défi que représenterait le démembrement du réseau actuel.
Ces difficultés expliquent les trop courts débats qui surviennent périodiquement sur «la privatisation de la SAQ». Cette expression est aussi fausse que l'idée qu'elle porte, comme si la solution optimale à l'inefficacité du réseau de la SAQ était de remplacer un monopole public par un monopole privé. Qu'il soit public ou privé, un monopole est toujours inefficace.
S'inspirer du modèle de distribution de la bière
Même si elle est irréaliste sur le plan politique, la véritable solution aux coûts élevés de la SAQ est la distribution des vins et des spiritueux par le privé, comme c'est le cas pour la bière.
Cette solution aurait comme avantage supplémentaire d'accroître et de diversifier l'offre de produits pour le plus grand bien des consommateurs. Grâce à la créativité de nos entrepreneurs, nous verrions se multiplier des boutiques et des commerces spécialisés dans les vins, comme on le voit dans les autres secteurs de l'alimentation.
L'État n'y perdrait rien, puisqu'il possède un très bon système de perception de taxes directes.
Créée pour promouvoir la tempérance il y a près d'un siècle, la SAQ n'a plus de raison d'être objective. Il serait inapproprié qu'elle étende son monopole dans les épiceries.
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