Le gouvernement fédéral resserre la réglementation dans le transport ferroviaire. Dans moins d'un mois, 5 000 wagons pétroliers devront quitter le rail canadien. D'ici trois ans, c'est 65 000 wagons DOT-111 qui devront être rénovés ou remplacés. Occasion d'acheter le titre d'un fabricant de wagons ?
Il n'est pas clair que l'annonce de Transports Canada aura des conséquences immédiates pour l'industrie. Le gouvernement américain ne s'est en effet pas encore prononcé sur cet enjeu. En théorie, les flottes de wagons pourraient n'être que réorganisées. Les wagons construits après 2011 qui roulent aux États-Unis pourraient être utilisés ici, tandis que nos vieux fourgons pourraient être envoyés là-bas.
Depuis un moment cependant, les Américains planchent eux aussi sur un projet de réglementation. Il est probable que la décision canadienne accélérera la leur et que celle-ci aille dans une direction apparentée.
Jetons donc un oeil sur l'état du marché des wagons pétroliers pour tenter de cerner les conséquences de la mesure pour les fabricants.
Une mise en garde avant de démarrer. Personne n'en a encore parlé, mais il est possible que les avocats entrent en jeu au cours des prochains mois. Ceux qui possèdent les wagons pétroliers (généralement des sociétés pétrolières ou de crédit-bail) ne seront pas nécessairement très enchantés d'avoir à réinvestir avant que leur acquisition ait atteint la durée de vie utile promise. Il se pourrait donc bien que quelques manufacturiers soient appelés à contribuer au règlement financier de l'affaire.
Le marché
La mise en garde effectuée, passons maintenant au marché des wagons pétroliers.
En un an, le carnet de commandes de l'industrie a reculé de 18 %, peut-on constater à la lumière d'une recension de Sterne Agee. Comment expliquer un recul du carnet, et ce, au moment où le pétrole sur rail fait tant parler de lui et que les trains transportent de plus en plus de wagons pétroliers ?
En février 2013, il y avait un écart de 23 $ US entre le prix du baril de Brent et celui du WTI. De quoi stimuler la conversion de plusieurs raffineries au pétrole le moins cher, même si les coûts de transport par train étaient plus chers. Avec des prix quasi-identiques à l'été 2013 (et 5 $ US - 6 $ US d'écart seulement dans les dernières semaines), il est moins évident que les raffineurs aient toujours intérêt à modifier leurs sources actuelles d'approvisionnement.
Il est difficile de voir si l'expansion du marché du pétrole sur rail se poursuivra à l'avenir. Peu probable qu'il progresse à tout le moins avec la même force qu'au cours des dernières années. La demande naturelle de wagons pétroliers devrait baisser à terme et les carnets de commandes, ultimement, s'en ressentir.
À court terme, la probabilité est très forte que les carnets et la production gonflent lors des trois prochaines années, sous l'impulsion de nouvelles mesures de réglementation.
American Railcar Industries (NY, ARII, 62,02 $ US), le troisième manufacturier en importance, prévoit que la demande de wagons pétroliers (pour l'ensemble de l'industrie) grimpera de 28 000 à 37 000 wagons par an si les États-Unis forcent le remplacement ou l'amélioration des DOT-111 sur cinq ans.
Qui peut en bénéficier?
Greenbrier (NY, GBX, 50,24 $ US)
La société de l'Oregon veut doubler sa capacité de production de wagons d'ici 18 mois. Elle table sur le remplacement des DOT-111, mais il se trouve, dans son cas, une autre situation intéressante.
Les manufacturiers ont souffert ces dernières années de faibles commandes de wagons utilisés à des fins intermodales. Il n'y en a eu que 150 en 2012 et 2 185 en 2013. La moyenne des 12 dernières années est plutôt de 6 000 par an.
La part de marché de Greenbrier pour ce type de wagons est de 50 % à 60 %. Sterne Agee calcule que, si l'on revenait à la moyenne historique, il pourrait s'ajouter plus de 2 000 livraisons aux 16 500 livraisons de wagons (tous types confondus) que la maison prévoit en 2015.
La firme établit son cours cible à 55 $ US, mais elle ne tient pas compte d'éventuels ajouts liés aux DOT-111 et d'un rebond de la demande pour les wagons intermodaux. Cela laisse entrevoir un potentiel de rendement assez intéressant.
Kelso Technologies (Tor., KLS, 6,02 $)
L'entreprise de la Colombie-Britannique, fournit des équipements à l'industrie du rail et a mis au point des valves de libération de pression améliorées. Ses pièces sont notamment recommandées par deux importants manufacturiers, dont American Railcar Industries.
Jennings Capital voit le bénéfice de l'entreprise (BAIIA) passer de 2,4 M$ en 2013 à 18,2 M$ en 2015. Un pas de géant.
La difficulté est que son cours cible de 5 $, établi en fonction de ce bénéfice pour 2015, est déjà dépassé. Comme pour Greenbrier, cependant, la cible ne tient pas compte du remplacement forcé des DOT-111. En postulant que Kelso conserve la même part de marché, et que la demande de l'industrie passe effectivement de 28 000 à 37 000 wagons par an, la cible pourrait aller à plus de 6 $. Mais le titre y est déjà.
Sur le radar
Greenbrier (NY, GBX)
Les recommandations des analystes
4 Surperformance
5 Acheter
2 Conserver
1 Sous-performance
Cours cible : 53,30 $ US
Source : Bloomberg