BLOGUE:Le gouvernement fédéral reporte d'un an l'atteinte de l'équilibre budgétaire. Rien de préoccupant. N'allez cependant pas croire que le gouvernement du Québec fera de même. Il jouerait avec le feu.
Quelques minutes après la mise à jour budgétaire de Jim Flaherty, un commentateur politique s'interrogeait à la télé si le gouvernement du Québec ne serait pas lui aussi tenté de reporter d'un an l'atteinte de l'équilibre budgétaire.
Surtout pas.
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C'est tout un monde qui sépare les états financiers d'Ottawa et de Québec.
Ce qui est à Ottawa
Monsieur Flaherty a expliqué mardi que la baisse des prix des matières premières et le ralentissement de l'économie auraient vraisemblablement pour effet de reporter l'atteinte de l'équilibre financier en 2016-2017.
Ce n'est pas une bonne nouvelle, mais ce n'est pas non plus inquiétant.
Les dépenses sont maîtrisées et le bilan du gouvernement a la capacité de recevoir un peu plus de dette en raison d'aléas cycliques.
En septembre, le directeur parlementaire du budget, un organisme indépendant chargé de mieux informer les parlementaires des Communes, publiait un intéressant rapport évaluant la viabilité financière de la structure budgétaire fédérale dans l'avenir.
Le calcul concluait qu'en projetant sur une longue période les finances publiques, à travers différents cycles économiques, la structure fédérale offrait une latitude annuelle se situant à 25 G$. Dit autrement, si le gouvernement abaissait cette année les impôts de 25G$ ou augmentait les services d'un montant équivalent, il maintiendrait tout de même à long terme ses finances à l'équilibre.
Afin de donner un peu de perspective, mentionnons que le déficit sera en 2012-13 de 4G$ plus élevé que ce qui était prévu au budget.
Ce qui est à Québec
Ce qui est à Québec
Pendant ce temps, les calculs démontrent que les finances des provinces se détérioreront nettement dans les années à venir si elles maintiennent leur système de santé à flot. À titre d'exemple, le ratio de la dette nette/PIB des provinces, qui se trouve actuellement autour de 20%, aura explosé à plus de 100% en 2050.
De l'avis du directeur parlementaire, la structure financière actuelle des provinces est tout simplement non viable dans le temps.
L'espace de manœuvre du Québec est particulièrement restreint, alors qu'à 49%, le ratio de sa dette nette/PIB est le plus élevé au pays et continue d'aller croissant.
Le gouvernement Charest prévoyait que le ratio continuerait de grimper jusqu'en 2013-2014, mais commencerait après coup à reculer, principalement grâce à la hausse des tarifs de l'électricité patrimoniale.
Sur trois ans, ces hausses devaient rapporter près de 1 G$, mais le Parti québécois a promis de ne pas les appliquer et n'a pas encore indiqué comment il comblerait l'écart. Si ce n'est avec les 388 M$ supplémentaires prévus à son controversé projet de redevances minières.
Il se pourrait bien qu'on parvienne à atteindre le ratio en ralentissant les investissements dans les infrastructures, mais on comprend bien que le gouvernement du Québec n'a pas les moyens de rater ses cibles budgétaires et d'ajouter de la dette inattendue.
Ce serait envoyer un bien mauvais message aux agences de notation et s'exposer à des mauvaises surprises.
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