Quels sont les titres québécois préférés des analystes ?
La question nous est venue à l'esprit cette semaine, alors que l'on réfléchissait sur la campagne REER.
On s'est donc lancé dans une recension de deux univers québécois : l'Indice Québec 30, de l'Institut de recherche en économie contemporaine, et le classement Top 50 Québec, que vous trouvez dans ce cahier, et qui est une construction maison.
Cinq titres ont été retenus, soit ceux ayant la plus forte proportion de recommandations «achat» ou «surperformance» par rapport au nombre de recommandations totales.
Voici le résultat. Un commentaire suit pour chacuns des titres.
Air Canada (Tor., AC.B, 13,12 $)
Le choix risque d'être un peu controversé, certains soutenant qu'il s'agit davantage d'un titre torontois. Le siège social est officiellement ici, et le titre fait partie de l'Indice Québec 30.
Sa popularité est sans conteste : plus de 92 % des recommandations sont favorables.
Le transporteur se déploie à l'international avec Rouge et continue de réduire ses coûts par siège-mille, notamment par l'introduction de nouveaux appareils gros porteurs (787). Surtout, la baisse du pétrole donne des ailes au titre.
La question est de savoir quelle est la durabilité des bénéfices actuels et prévus. La baisse du dollar canadien fait augmenter les coûts (la location des appareils et l'entretien sont en dollars américains). Or, il pourrait arriver que le prix du pétrole remonte dans quelque temps sans que le huard suive dans une même proportion. Qui plus est, l'analyste Ben Cherniavsky, de Raymond James, fait remarquer que la capacité du transport aérien au Canada doit augmenter de 5 % cette année, alors que la Banque du Canada prévoit que le PIB ne progressera que de 1,5 % au premier semestre.
Le titre est néanmoins peu cher par rapport aux transporteurs américains. Cameron Doerksen, de Financière Banque Nationale, souligne qu'il se négocie à 4,3 fois le bénéfice d'exploitation alors que les rivales américaines sont à 5 fois. La cible moyenne est à 17,30 $.
BRP (Tor., DOO, 21,75 $)
Une surprise que ce titre. En raison des faibles précipitations de neige du début de la saison et de la chute du rouble (qui a fait grimper significativement le prix des motoneiges en Russie), le réflexe est plutôt de s'en éloigner en courant.
L'histoire n'est cependant pas là. L'industrie du sport motorisé bénéficie d'un bon vent arrière, et parce que BRP investit plus que ses pairs en R-D (4,5 % de ses ventes par rapport à environ 4 % pour Polaris et 3,5 % pour Arctic Cat), elle gagne des parts de marché.
Martin Landry, de Valeurs mobilières GMP, voit les revenus de l'entreprise croître de plus de 1 G$ sur une période de 3 à 5 ans (actuellement à près de 3,5 G $), ce qui devrait permettre au bénéfice par action d'afficher une croissance annuelle dans les deux chiffres.
Le consensus semble d'accord.
À moins de 12,5 fois le bénéfice prévu, le titre est en effet attrayant.
La cible moyenne est à 30 $.
Québecor (Tor., QBR.B, 32,83 $)
Ce n'est pas la première fois que Québecor se retrouve parmi les titres les plus recommandés, et il a jusqu'à maintenant livré une bonne performance (encore 18 % de gain en 2014).
Essentiellement, la force de la société montréalaise réside dans son forfait de quatre services (téléphonie traditionnelle, télévision, Internet et sans-fil). La hauteur des flux de trésorerie est également intéressante.
La seule hésitation face à Québecor vient en fait de ce projet d'expansion dans le sans-fil au Canada anglais. Les coûts promettent d'être importants et, en l'absence d'une offre complète de forfaits de services, les résultats sont aléatoires.
Bien qu'à très long terme ce soit peut-être le geste à poser, à moyen et à long terme, il pèserait sur les résultats.
D'accord avec les analystes, mais seulement si Vidéotron ne s'éloigne pas trop de la maison.
La cible moyenne est à 34,10 $.
WSP (Tor., WSP, 36,80 $)
La firme d'ingénierie continue de multiplier les acquisitions stratégiques et grandit rapidement. Elle a acquis cet automne Parsons Brinckerhoff pour 1,2 G$ US, une entreprise américaine d'ingénierie spécialisée en transport, ce qui lui permet de se doter d'une expertise supplémentaire et de gagner de l'exposition à un marché, celui des États-Unis, qui reprend du lustre.
Frederic Bastien, de Raymond James, estime en outre que WSP ne fait pas que surfer sur un bon cycle, mais qu'elle vole des parts de marché grâce à son ADN entrepreneurial.
La firme montréalaise a une exposition au pétrole, mais ça ne semble pas trop préoccupant. Les employés affectés au secteur représentent 5 % de l'effectif total.
Seule hésitation, la valeur de l'action. À 10 fois le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement, le titre n'est pas une aubaine.
La cible moyenne est à 43,20 $.
Fiera (Tor., FSZ, 12,89 $)
La firme de gestion de fonds de Montréal poursuit son chemin avec des résultats qui plaisent aux analystes.
Elle tire parti de sa relation avec la Banque Nationale, qui est actionnaire à 35-40 %, et qui offre ses fonds d'investissement. Ses équipes de gestion livrent de bons rendements qui lui ont permis de gagner de nouveaux clients.
Elle veut aussi grandir par la voie des acquisitions et a récemment augmenté ses activités aux États-Unis, entre autres dans le créneau de la gestion de patrimoine.
Rien à offrir en commentaires supplémentaires sur le titre. On connaît moins l'entreprise.
La cible moyenne est à 15,65 $.