BLOGUE. «Je ne comprends pas trop l'intérêt. Il n'y a pas un grand potentiel.»
C'était dans une autre vie, alors que l'on examinait un nouveau projet d'un grand portail Internet québécois. Il y avait possibilité d'afficher des photos, d'y énoncer ses champs d'intérêt, d'écrire ses états d'esprit, et de se mettre en lien avec d'autres individus.
«Tu as tort, c'est ce qui commence à être populaire», me répondit sa responsable.
Constat, cinq ans plus tard ?
Le projet en question n'a jamais levé. Il en va cependant autrement pour son inspiration, jugée «de peu d'intérêt et au potentiel douteux» par le prophète : Facebook !
Pas un fan de Facebook
Vous l'aurez compris, on n'est personnellement pas un très grand fan du site. C'est un forum qui presque chaque fois qu'on s'y présente, amène plus d'inconfort que de confort. Comment prendre la parole et s'exprimer dans toute l'extension de sa personnalité quand certains de ses supposés amis n'ont même jamais été rencontrés ? L'un d'eux, par exemple, y est un jour arrivé après une erreur de numéro de téléphone...
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Il y a quelque chose d'artificiel dans l'environnement. C'est un peu comme rentrer chez soi sans se sentir réellement chez soi. Parce que, finalement, on n'est pas vraiment avec sa gang. Voilà pour les états d'âme.
Le côté commercial de l'affaire
Passons maintenant au volet commercial de l'affaire et à son potentiel.
Et tant qu'à être engagé sur un élan négatif, restons-y pour quelques paragraphes.
L'une des forces de Facebook tient apparemment à sa capacité d'offrir aux annonceurs des yeux qui sont directement intéressés par leur produit. C'est le nerf de la guerre en publicité. Plus vous êtes capable de toucher la cible, plus vous pouvez lui demander cher pour chaque paire d'yeux.
Voici l'annonce qui nous suivait avec récurrence la dernière fois qu'on est allé sur le site : «Flat Belly Diet : Lose 5 kg of belly fat every week by following this simple rule.»
Curieuse connaissance de l'utilisateur : d'abord, parce qu'on l'interpelle en anglais, ensuite, parce que, s'il est une chose qui lui a manqué toute sa vie, c'est bien 5 kg.
Autre déception : le positionnement et le type d'annonces de Facebook. De petits blocs publicitaires qui font âge de pierre et d'un goût souvent discutable.
Cela dit, il n'y a pas que du négatif.
Cela dit, il n'y a pas que du négatif.
Facebook rejoint actuellement près d'un milliard d'utilisateurs dans le monde, dont plus de 520 millions sont actifs de façon quotidienne. Aucune société n'a une telle portée, pas même Google.
Dans cet environnement rudimentaire, la société a réussi, l'an dernier, à générer près de 4 G$ US de revenus publicitaires et à accaparer environ 5 % du marché de l'annonce en ligne.
Supposons que Facebook mette un peu d'ordre dans ses façons de faire. Malgré les ratés énoncés plus haut, peu d'acteurs sont en mesure d'en savoir autant sur leur auditoire. Avec une meilleure orchestration publicitaire, il sera fort difficile pour les rivaux d'offrir une équation coût/rendement aussi intéressante pour les annonceurs. La part de marché de Facebook devrait alors grimper.
Supposons en plus que le marché publicitaire global en ligne passe de 68 à 120 G$ US d'ici 2015, et que, comme le prévoit Sterne Agee, il double presque sur trois ans.
Constat ? Il devrait bientôt rentrer beaucoup d'argent chez Facebook.
Temps de jouer le titre ?
Après avoir fondu de plus de 30%, l'action est 16% sous son prix d'émission. Elle se négocie à un peu plus de 58 fois le bénéfice par action anticipé en 2012 et 48 fois celui de l'an prochain.
C'est à première vue encore très cher payé. La valeur boursière de Facebook est à peu près la même que celle d'eBay, mais le bénéfice de la seconde est quatre fois supérieur.
N'oublions pas cependant le formidable appel à l'épargne réussi par Facebook. L'avidité a déculotté certains investisseurs, mais a permis à l'entreprise de récolter l'équivalent de 8 $ par action de liquidités. Présumons maintenant qu'elle en brûlera l'équivalent de 2 $ par action et qu'elle investira le reste. C'est dire que la valeur économique de Facebook (sans les 6 $ d'encaisse) ne se négocie plus qu'à 25 $ l'action, soit 39 fois le bénéfice de l'an prochain.
C'est nettement moins cher. Lululemon, le détaillant de vêtement d'exercices, est à un multiple similaire, et le potentiel de Facebook semble significativement supérieur.
Temps d'acheter donc ?
Peut-être. Pour ceux qui sont tolérants au risque.
Mais à quoi bon miser sur un chez-soi qu'on n'aime pas habiter...
DANS LE DÉTAIL
Sur le radar
Le titre sur un mois
FACEBOOK (FB ; 31,84 $)
Recommandation des analystes
Achat 3
Surperformance 4
Conserver 5
Sous-performe 1
Vendre 0
Cible moyenne : 38,55 $
Données de marché
Symbole : FB
Prix actuel : 27,10 $ US
Fourchette 52 sem. : 25,52 $ - 45,00 $ US
Dividende : 0 $
Valeur boursière : 57,3 G US$
Prévisions de bénéfices par action
ANNÉE / 2012 / 2013
0,54 $ / 0,66 $
T1 / --- $ / 0,14 $
T2 / 0,14 $ / 0,16 $
T3 / 0,13 $ / 0,17 $
T4 / 0,15 $ / 0,19 $
Cible des analystes
Moyenne 38,55 $
Plus élevée 48 $
Plus basse 25 $
Sources : Bloomberg, Thomson Reuter
blogue > www.lesaffaires.com/francois-pouliot
francois.pouliot@tc.tc