BLOGUE. C'est avec un assez grand étonnement que l'on a assisté la semaine dernière au dévoilement du cadre financier de la CAQ.
La veille, au premier débat économique de la campagne, le candidat Christian Dubé, qui est aspirant ministre des finances, avait indiqué qu'un gouvernement caquiste viserait à atteindre un déficit zéro en couvrant les dépenses d'immobilisation qui font grimper la dette.
On le sait, le Québec est en voie d'atteindre l'équilibre budgétaire, mais même une fois qu'il y sera, sa dette continuera de grimper en raison des immobilisations qu'il nous faut faire sur nos infrastructures. Pour cette année, celles-ci contribuent à une hausse de 5,8 G$.
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Le lendemain de l'affirmation, jour de l'annonce du cadre: rien. Aucune mesure pour faire un effort supplémentaire sur la dette.
Le cadre financier le plus sain pour la province
Bien que le comportement de la CAQ soit ambivalent, la politique financière énoncée par monsieur Dubé serait saine pour le Québec. En étant à croissance zéro sur la dette, l'on cesserait de pousser vers l'avenir des charges d'intérêts.
L'approche forcerait certes le report de certaines politiques sociales, mais elle aurait pour avantage de consolider le solage sur lequel elles pourraient plus tard s'appuyer. À terme, l'approche diminuerait aussi le risque de devoir abandonner certaines politiques déjà en place par manque de latitude financière.
D'où l'idée d'examiner ce à quoi pourrait ressembler un cadre financier en total équilibre.
Par où commencer?
Par conserver la hausse libérale projetée sur les prix de l'électricité. Grâce à l'augmentation des tarifs du bloc patrimonial et aux revenus de placement du fonds des générations, l'écart à combler pour l'année 2016-2017 (dans quatre ans) est d'un peu moins de 3,7 G$.
Et ensuite?
Il faut éliminer tous les nouveaux engagements pris par les partis politiques au cours de la campagne. On est déjà en manque à gagner, rien ne sert de s'ajouter de la pression. C'est 1,22 G$ de promesses au PLQ et un peu plus de 3,6 G$ à la CAQ. Pour le PQ, on ne sait pas encore.
Les mesures
Les mesures
Passons maintenant aux mesures de redressement.
Première mesure: on intègre les objectifs de compressions de la CAQ. Il y a ici 2,1 G$ à aller chercher chez Hydro-Québec, chez les agences de la santé et dans l'amélioration des réseaux et de la gestion des achats en éducation et en santé.
Il reste 1,6 G$ à trouver.
On fait passer la contribution aux garderies de 7$ à 10$, c'est 175M$ de gagné.
Pourquoi ne pas aussi taxer les gros gains de loteries, ça n'empêchera pas grand monde de jouer. Il y aurait apparemment un 100 M$ à aller chercher là.
Annulation du deuxième appel d'offres pour de l'électricité à partir de la biomasse. Il s'agit d'un programme qui n'est pas aussi vert que d'autres et l'on n'a pas besoin de cette électricité: 150 M$.
Annulation aussi du dernier appel d'offres pour des éoliennes. Motif identique: nous n'avons pas besoin de cette électricité et à chaque tour de pale Hydro perd de l'argent. Apparemment, il pourrait y avoir une centaine de millions de dollars à récupérer.
Hausse des redevances en provenance du secteur minier. Elles doivent être de 415 M$ en 2016-17, majorons les de 100 M$. On frappe ici nettement moins fort que le PQ, mais il faut que le régime demeure concurrentiel.
Il y a d'ordinaire pour 300 M$ d'espace budgétaire prévu à chaque année pour de nouvelles promesses dans les projections du gouvernement. Il n'y en aura pas. C'est encore 300 M$ de gagné.
Il nous reste 525 M$ à aller chercher, et les mesures commencent à manquer.
Temps de frapper un grand coup et d'appeler les entreprises à contribution. Il y a pour 4 G$ de crédits d'impôt aux entreprises du Québec, réduisons l'enveloppe de 525 M$. La réduction pourrait se faire à la fois par élimination de certains crédits et diminution d'autres.
Oups, on était en train d'oublier le 850 M$ de mesures à identifier prévu dans le budget du gouvernement et qu'il nous faut identifier. On va reprendre une idée de Nicolas Marceau, du Parti Québécois, et étendre sur une plus longue période le plan de réfection des infrastructures. Ça pourrait d'ailleurs probablement faire un peu baisser les prix.
"Aucune promesse et aucun cadeau! T'as aucune chance de te faire élire avec ça!", ont dit deux de nos patrons.
Humm... Il serait intéressant de voir la réaction de l'électorat face à un parti qui dirait: pas de nouvelles dépenses dans le prochain mandat (sauf l'imprévu). On ne fait que remettre la maison en ordre. Après coup, on verra ce que l'on peut faire.
Vous en pensez quoi?
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