C'est l'un des moments les plus fébriles de l'année dans l'îlot. Une fois à tous les trimestres, lorsque 16 h passe et que les marchés ferment, les yeux se tournent vers l'écran télé et tous se mettent à spéculer sur ce que seront les résultats d'Apple (Nasdaq, AAPL, 119,72 $ US).
Un de nos collègues est actionnaire, ce qui décuple l'intérêt.
Les derniers résultats de la société ont été solides, mais légèrement inférieurs aux attentes. Depuis, c'est la glissade. Le titre a perdu plus de 10 % et certains se demandent si ce n'est pas le début d'une spirale qui pourrait se poursuivre.
Il y a des interrogations sur le potentiel de la montre Apple et sur la maturité du marché du téléphone intelligent.
Qu'en penser ?
Un mot sur l'Apple Watch
Ma blonde a gagné une Apple Watch lors d'un tirage, et celle-ci est maintenant au tiroir.
Apple ne dévoile pas ses ventes de montres, mais la probabilité est très grande que le produit sera un échec. Il s'en vendra quelques millions, mais pas assez pour faire bouger l'aiguille. On cherche encore ce que la montre Apple apporte de plus qu'une montre ordinaire et un iPhone. Peut-être que les amateurs de course à pied y trouveront certaines applications, mais même la blonde a finalement préféré son ancienne montre.
Ceci dit, l'échec de l'Apple Watch ne devrait pas être un développement très négatif. Elle aurait pu être un nouveau catalyseur pour le titre, mais cet espoir n'est pas réellement pris en considération dans le cours boursier.
Un mot sur l'encaisse
Plusieurs investisseurs s'interrogent sur la valeur de l'encaisse d'Apple et s'il faut l'ajouter à la valeur estimée des activités de la société (la valeur obtenue en appliquant un multiple aux bénéfices). Nous croyons qu'il faut additionner les deux variables.
Quelle est la valeur de cette encaisse ?
Apple a plus de 200 G$ US d'encaisse. De ce montant, 180 G$ US sont à l'international. S'ils sont rapatriés aux États-Unis, ces 180 G$ US sont imposables, apparemment à 35 %. Il est cependant de plus en plus question d'abaisser temporairement ce taux (certains demandent même un congé total) de manière à ce que les sociétés américaines rapatrient leurs capitaux et créent plus de richesse aux États-Unis.
Voilà pour ce que détient Apple.
Le géant de Cupertino a une dette de 55 G$ US qu'il faut déduire. Et il lui reste 74 G$ US à dépenser en rachats d'actions et dividendes d'ici mars 2017.
Postulons qu'on ajoutera 5 G$ US de liquidités à l'encaisse à chaque trimestre d'ici cette date (il s'en ajoutera plus que cela, avec 12,5 G$ US seulement au dernier trimestre, mais on simule une imposition et de l'imprévu).
Toutes ces données mise en équation donnent les résultats suivants :
> Si l'argent détenu à l'international est imposé à 35 %, la valeur nette de l'encaisse d'Apple est de 8 $ US par action.
> S'il y avait une réduction du taux d'impôt de moitié, la valeur nette serait de 13,50 $ US par action.
Quelle est la valeur des activités ?
Gardons ces chiffres en tête et interrogeons-nous maintenant sur la valeur des bénéfices du géant de Cupertino.
Le titre se négocie actuellement à 12,6 fois le bénéfice prévu en 2015 et à 11,7 fois celui de 2016. C'est faible, si on le compare à un marché dont le multiple historique est d'environ 15 fois et qui se situe actuellement à 17,7 fois le bénéfice de 2015.
Cet escompte du titre d'Apple dure depuis plusieurs années. La taille de l'entreprise est un facteur. La crainte d'un recul des bénéfices en est un autre.
Tentons de raisonner.
Le bénéfice par action de la société de 2015 devrait être de 9,12 $ US par action. Et le consensus pour 2016 est à 9,78 $ US.
Le bénéfice de 2014 était à 6,45 $ US.
En un an, les bénéfices d'Apple auront bondi de plus de 40 % et de plus de 50 % sur l'horizon 2016.
Sachant que par souci de «standing social» ou par nécessité de conserver des achats effectués sur la plateforme Apple, une majorité d'usagers rachètera un iPhone et un iPad à un moment donné. Sachant aussi qu'il reste un marché à conquérir à l'international dans le créneau haut de gamme et qu'Apple TV en est en outre à ses balbutiements, il est probable que le niveau de bénéfice que l'on atteindra en 2015 et en 2016 sera assez solide pour au minimum se maintenir sur un horizon cinq ans, même si une faiblesse de marché se présentait pendant ce temps.
Simulons un retour en 2014. Est-il déraisonnable d'appliquer un multiple de 18 à un titre dont on peut voir les bénéfices avancer de 50 % sur deux ans, avec une probabilité importante de maintien dans l'avenir ? Le marché est actuellement à plus que cela (18,4 fois le bénéfice de 2014), avec des bénéfices qui n'avanceront assurément pas à cette vitesse.
À 18 fois le bénéfice de 2014, Apple vaut 116 $ US. On peut y ajouter l'encaisse minimale de 8 $ US par action, nous voilà à 124 $ US (130 $ s'il y a un congé fiscal de 50 %).
C'est la valeur repère fondamentale à laquelle le titre devrait à nos yeux se négocier. Bien qu'il puisse y avoir de la volatilité sur une année ou deux en fin de cycle de nouveaux iPhones.
Sans dire que le titre explosera au cours des prochaines années, il semble actuellement sous-évalué. Un nouveau gadget plus attrayant que l'Apple Watch, et le titre pourrait continuer d'offrir une création de valeur nettement supérieure à celle du marché.
Sur le radar : Apple (Nasdaq, AAPL, 119,72 $US)
Les recommandations des analystes qui suivent le titre d'Apple
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Cours cible : 147 $ US
Source : Bloomberg